Il existe aujourd’hui d’excellents traitements pour aider les couples à augmenter la durée de leurs activités sexuelles. Ces traitements peuvent être regroupés en deux catégories, à savoir les interventions pharmacologiques (crèmes anesthésiantes, antidépresseurs de la classe des ISRS et, plus récemment, certains analgésiques centraux) et les interventions à base d’apprentissage (programme de Masters et Johnson et thérapie sexofonctionnelle). Chacun de ces traitements possède ses avantages et ses inconvénients. Dans cet article, nous décrirons les caractéristiques de la thérapie sexofonctionnelle et nous verrons quelles en sont les applications.
Le traitement sexofonctionnel de l’éjaculation prématurée a été créé en 1986 au Département de sexologie de l’Université du Québec, à Montréal, par l’auteur de cet article à partir des principes de l’approche sexocorporelle énoncés par Desjardins . Ensuite, il a été expérimenté à l’intérieur de recherches doctorales conduites à l’Université du Québec, à Montréal , et à l’Université de Louvain-la-Neuve . Il fut aussi l’objet d’un roman sexo-informatif , de publications dans des revues scientifiques internationales et d’un livre .
Le traitement sexofonctionnel de l’éjaculation prématurée met l’accent sur le développement de la capacité de l’homme à gérer son excitation sexuelle. L’excitation sexuelle est – à part quelques cas anecdotiques d’anxiété extrême – la seule et unique cause de l’éjaculation, peu importe le moment où celle-ci a lieu. Lorsqu’un homme détient les connaissances et les habiletés nécessaires pour moduler le cours de son excitation, il peut conserver cette dernière à des niveaux inférieurs à celui qui déclenche le réflexe éjaculatoire et il devient alors capable de prolonger la durée de la pénétration. Ces connaissances et ces habiletés sont issues de la compréhension des réactions physiologiques qui se produisent à l’intérieur des différentes zones de la courbe de l’excitation sexuelle masculine et sont enseignées à l’intérieur du programme sexofonctionnel qui comporte douze séances.
LES ZONES DE LA COURBE DE L’EXCITATION SEXUELLE DE L’HOMME
Nous définissons l’excitation sexuelle comme étant une réaction neurologique qui apparaît suite à une stimulation sexuelle externe ou interne efficace. Elle est constituée d’une suite d’impulsions nerveuses provenant de la stimulation des terminaisons nerveuses d’organes cibles ainsi que de la mise en jeu (causée par une activation chimico-physiologique et une activité cognitive) de centres cérébraux spécifiques. Ces impulsions varient en quantité et en intensité et entraînent à leur tour des réactions physiologiques telles que l’érection du pénis, l’accroissement de la fréquence cardiaque, l’élévation de la pression artérielle, l’accroissement du rythme respiratoire ou l’augmentation de la tension musculaire. L’évolution de l’excitation sexuelle se transpose visuellement à l’aide d’une courbe où son intensité est portée en ordonnée et sa durée en abscisse.
Afin de récolter plus d’indices de la courbe de l’excitation sexuelle de l’homme, nous avons divisé celle-ci en quatre zones. Cette division est réalisée sur la base des réactions physiologiques qui se produisent au cours du cycle complet de la réponse sexuelle masculine. Nous allons débuter avec la description de la quatrième zone, celle de l’éjaculation, parce que c’est elle qui, de par sa nature réflexe, est à la source même de la difficulté à prolonger la durée de la pénétration.
La quatrième zone : la zone de l’éjaculation
L'éjaculation est assurée par l’action de centres cérébraux et spinaux formant un réseau hautement coordonné. Les systèmes nerveux sympathique, parasympathique et somatique, activés par les divers stimuli sexuels, agissent en synergie pour provoquer les phénomènes physiologiques de la réponse éjaculatoire. L’éjaculation comprend deux phases, à savoir la phase d’émission et la phase d’expulsion (Graphique 1). Ces deux phases sont réflexes et se déroulent en succession (Benson, 1988). Lorsque l’excitation sexuelle devient suffisamment élevée, elle déclenche le réflexe d’émission. Ce réflexe se manifeste par des contractions involontaires des organes accessoires de reproduction. Des influx nerveux sympathiques efférents produisent des contractions péristaltiques des muscles lisses de l’épididyme et du canal déférent, mettant ainsi en marche la progression des spermatozoïdes. Au même moment, les vésicules séminales ainsi que la prostate se contractent rythmiquement pour sécréter les fluides séminal et prostatique, lesquels s'associent aux spermatozoïdes et au mucus déjà versé par les glandes bulbo-urétrales. Les différentes composantes émises par ces organes forment le sperme qui s’accumule dans l’urètre prostatique au niveau du bulbe urétral. Ce dernier se dilate alors du double ou du triple .
Sur le plan subjectif, les hommes perçoivent un ensemble de sensations qu’ils décrivent de la sorte en langage populaire : « Ça y est », « Je le sens », « Ça vient », « C’est parti ». Il n’y a rien d’apparent (le sperme ne se fait pas encore expulsé hors du pénis), mais ils savent que l’éjaculation est déclenchée et qu’il est impossible de l’arrêter. Ils éprouvent une impression d’irrésistibilité appelée « inévitabilité éjaculatoire ». Cette impression est fondée parce que ces contractions, une fois déclenchées, ne peuvent plus être empêchées ou retardées. Elles sont réflexes et par conséquent inaccessibles à la volonté. Ceci se vérifie d’autant plus qu’elles sont le fait de canaux et de glandes sur lesquels l’homme n’a de contrôle volontaire en aucune circonstance.
Lorsque le bulbe urétral est assez distendu par l'accumulation du sperme, la phase d’expulsion débute. Il se produit alors un ensemble de contractions réflexes impliquant le bulbe urétral, les muscles ischio-caverneux, les muscles spongieux et les muscles du plancher pelvien. Le fluide séminal est alors propulsé de l’urètre prostatique dans l’urètre pénien, puis à l’extérieur du méat urinaire. Le sphincter de l’urètre, déjà contracté lors de la phase d’émission, empêche le sperme de se diriger vers la vessie et de causer une éjaculation rétrograde. Tout comme les contractions de la phase d’émission, celles de la phase d’expulsion sont réflexes et ne peuvent être régies par la volonté . Ces contractions, associées à celles de l’ensemble du corps, permettent de décharger les tensions physiologiques et émotionnelles sexuelles et s’avèrent une grande source de plaisir pour la majorité des hommes .
Graphique 1 – Exemple d’un cycle de réponse sexuelle se déroulant à l’intérieur des quatre zones de la courbe de l’excitation sexuelle de l’homme