Mais la phrase de Cummings sonne comme une exigence du thérapeute pour une activité maximale du patient pour arriver à son objectif. Et qui plus est, elle est linéaire plutôt que circulaire : c’est le patient qui est LA cause du non-changement. Et sous cet angle au moins, elle est largement contestable…
Par contre, quand il poursuit en disant « Il y a deux thérapeutes ici et le principal c’est vous ! », je le rejoins davantage.
Personnellement, je crois important de distinguer très tôt, dès la première séance si possible, si le patient est « Touriste », « Plaignant » ou « Client ». C’était d’ailleurs le sujet de mon intervention lors de notre dernier Forum à St Malo.
Un « Touriste » est là, devant nous, est là parce qu’on lui a dit de venir (un juge, un parent, une autorité quelconque) mais il dit ne pas avoir de problème.
Un « Plaignant » se plaint mais attribue son problème à l’extérieur : il est « victime » d’un autre (conjoint, enfant, collègue… ou les événements de vie, la société, etc) : pourquoi changerait il, lui, alors que c’est « l’autre », l’extérieur qui doit changer.
Un « Client » - c’est ainsi qu’on le nommera à Palo Alto – se plaint lui aussi.
Il pense qu’une partie au moins de son problème dépend de lui. Il est prêt à être acteur de son changement sur ce point.
John Weakland disait : « Si tous nos patients étaient des « Clients », nous finirions nos semaines le mercredi midi. Et s’ils connaissaient leur « problème », nous la finirions le lundi midi ! »
La question de François Roustang était donc : « Pourquoi les thérapeutes devraient-ils vouloir des succès auxquels ses patients ne tiennent guère ? »
Une réponse possible serait de tabler sur un désir implicite du patient, en lien avec son ambivalence.
(cfr Milton Erickson)
SI nous souhaitons amener ce plaignant à se positionner en « Client » alors que cela ne semble pas être sa demande explicite, une position possible pour le thérapeute pourrait être, par exemple, de :
1. Lui attribuer la propriété de son problème : c'est votre problème. Ce sera votre solution, vos bénéfices (même dans l'aide contrainte). .
2. Exiger la réciprocité, le partenariat : "Je ne vous abandonnerai jamais si.... vous faites tout pour me rendre inutile aussi vite que possible. Ceci veut dire que je tomberai "en panne" si vous ne faites pas tout pour me rendre inutile aussi vite que possible !
3. Lui donner la première place : "Vous êtes le moteur de votre changement.
Le tandem en est une métaphore: "Vous devant, moi derrière". C’est vous qui donner la direction, moi je regarde si vous pédalez. Peut-être pédalerai-je avec vous, à vous de me convaincre
Et d’autres types de réponses pourraient être crées ou pratiquées dans un style actif, tentant de « convaincre » le patient, de façon directe ou indirecte,de réduire sa souffrance.
LES EXCEPTIONS ET LES RESSOURCES
Les exceptions :
La grille d’intervention en 5 points du M.R.I de Palo Alto relevait déjà l’existence d’exceptions c-à-d de circonstances dans lesquelles le patient avait déjà trouvé des solutions efficaces. S’il les avait pratiquées plus longtemps, peut-être ne serait il plus dans la souffrance de son problème. Pour des raisons diverses, il les a disqualifiées et ignorées.
Il y a aussi les solutions qui se sont révélées efficaces pour d’autres membres du système et qu’il a- ou non- utilisées pour lui.
Les ressources :
Certains modèles utilisés en relation d’aide décrivent abondamment les manques du patient et toutes les bonnes raisons qu’il a d’aller mal. Orientés vers la recherche de « causes », ils accentuent une vision déterministe de la situation. Et nous connaissons la tendance à la réalisation automatique des prédictions… Ils ont peu ou pas de mots pour parler de ses ressources…alors que c’est sur celles-ci que le patient devra compter pour s’en sortir !
Qu’il s’agisse de ses propres ressources ou de celles de son environnement.
Les ressources intérieures, Janet en parlait déjà dans sa métaphore dite « des pièces d’or ». Erickson considérait l’inconscient comme un grand réservoir de ressources inexploitées, pas seulement un champ de manques, de traumas ou de refoulés.
La métaphore dite du « Cheval d’Erickson », illustre la position du thérapeute dont nous parlons aujourd’hui.