Si « femmes au travail » peut être synonyme de « sexualisation du lieu de travail », c’est aussi l’origine de ricochets sur la société civile.
Car le pouvoir acquis des femmes a provoqué l’apparition de nouveaux archétypes féminins que les femmes et/ou les hommes utilisent volontiers : la super maman qui cumule son activité professionnelle, sa famille, les tâches ménagères, etc. ; la carriériste dont la priorité est son travail et qui est prête à sacrifier tout le reste ; la mangeuse d’hommes que les hommes fantasment et redoutent… peut-être avec raison !
Car finalement la femme mangeuse d’hommes n’est pas celle que l’on imagine sexuelle et vénale, mais bien celle qui les vainc – les hommes – sur leur propre terrain : le travail !
Les femmes savent jouer des préjugés que de nombreux hommes entretiennent encore à leur égard. Je me rappelle avoir été frappé en entendant la dirigeante d’une société qui rentrait d’un rendez-vous, claironner : « J’ai fait la pute, cette bande de mecs me prenait pour une conne, et j’ai eu le contrat ! »
La sexualité économique serait donc une sexualité qui place la lutte de pouvoir au centre et dans laquelle la femme cherche à affirmer sa nouvelle position face aux hommes qui imaginent avec une facilité déconcertante que cette dernière tente de devenir « homme ».
Tout naturellement ce glissement imaginaire génère un déplacement des fantasmes et il ne faut qu’un pas pour que le « mythe du patron qui séduit sa secrétaire » devienne le « mythe de la boss » qui entretient des relations sexuelles avec ses assistants et subordonnés masculins.
Assez curieusement cependant, et malgré le pouvoir dont la femme est détentrice dans cette position, elle demeure l’objet du fantasme, et n’en est pas la propriétaire ; le « fantasme de la boss » est avant tout un fantasme d’homme qui replace cette femme puissante dans une position qui le rassure.
En ce sens, les quelques films qui traitent de ce nouveau fantasme se concluent systématiquement par la naissance de sentiments chez cette femme qui a abusé de sa position temporairement, et qui finalement cède à ses sentiments, sa « faiblesse ».
L’entrée des femmes dans le milieu du travail a provoqué un réarrangement des éléments structurants de nos sociétés.
Elle a d’abord bousculé le monde des entreprises, se répercutant plus tard sur le monde du privé. Chaque fois la femme a dû gagner sa place et imposer avec plus ou moins de difficultés ses nouvelles prétentions et prérogatives.
Ces changements nécessaires génèrent aujourd’hui une nouvelle construction identitaire tant au niveau personnel qu’au niveau de la société dans son intégralité, pour les femmes et les hommes qui doivent réapprendre à se connaître, réapprendre à se reconnaître dans des costumes et des lieux qui les font se comporter les uns vis-à-vis des autres de manière aseptisée sans que leur psyché n’accepte une telle stérilité. Ils trouvent à s’échapper par les fantasmes, parfois réalisés, qui laissent la nature reprendre ses droits sur l’artificiel et le superficiel.
Mais si cette petite révolution implique tant les hommes que les femmes, elle place ces dernières au centre de l’événement. Il ne s’agit pourtant pas de féminisme mais d’humanisme, de la réaffirmation d’un statut d’humain qui ne devrait pas mettre entre nous nos différences mais qui devrait plutôt les reconnaître comme sources de créativité.
Oui, la femme qui travaille, cette « nouvelle » femme est sexuée, sexuelle et consciente d’un pouvoir que les hommes parfois lui jalousent. Mais elle est avant tout porteuse de valeurs nouvelles, à même d’impacter profondément la relation qu’a l’homme avec elle et, par voie de conséquence, les sociétés humaines par un apport inédit et complémentaire.
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