Charmant accueil pour une première expérience professionnelle, surprenant sûrement pour beaucoup ! Et pourtant ces quelques mots – prononcés par une femme, qui plus est – sont monnaie courante dans nos entreprises ; et s’ils ne sont pas prononcés, tout du moins se conçoivent-ils, tel un paradigme organisationnel intégré, tant par les employés que par les employées.
Mais quoi de plus naturel en effet ? Les êtres humains semblent biologiquement condamnés à s’attirer mutuellement et la coexistence en un même lieu, au même moment, de personnes sexuées a généré ces dernières décennies un impact sociologique et sociétal réel, en particulier avec l’entrée massive des femmes sur le marché du travail dans les années 1970.
Il faut croire que le cadre artificiel de nos sociétés n’a pas su les exempter de leur sexualité malgré des tentatives de normalisation des rapports humains qui demeurent encore aujourd’hui profondément émotionnels. Il est donc tout naturel de retrouver encore dans nos bureaux les mots « sexe », « amour », « relations », « obsession »…
Nos cultures d’entreprise et expériences professionnelles regorgent d’anecdotes en tous genres et le sexe se retrouve présent dans nos organisations tant symboliquement que concrètement, s’insinuant toujours plus avant – de manière heureuse ou non – et brouillant chaque fois un peu plus la frontière qui peut exister entre l’acceptable et l’accepté, le professionnel et le privé. Dans ce sens, la femme a joué – et joue toujours – un rôle de catalyseur fantasmatique, sinon unique au moins central, qui tend à prendre aujourd’hui un nouveau visage…
IL ETAIT UNE FOIS…
Il était une fois une gentille femme qui attendait son courageux mari, bien sage, à la maison. Le foyer libre de toute souillure, les petits plats dans les grands, le sourire aux lèvres, elle accueillait les bras ouverts celui qu’on appelait – et qu’on appelle encore parfois par tradition – le chef de famille…
En ce temps, le travail était une affaire d’hommes, et l’endroit où l’on effectuait cette activité était libre, au moins en théorie, de toute connotation sexuelle. Les femmes et les rapports qu’elles pouvaient entretenir avec leur partenaire masculin étaient cantonnés à l’enceinte de leur domicile.
L’acte de séduction était socialement encadré et l’on n’y prenait part que lors d’événements spécifiques, à vocation séductrice. Les Pouvoirs en place étaient parvenus à définir, délimiter et encadrer l’exercice de la sexualité.
Contenue dans un carcan, elle s’était laissée dompter, enfermer dans une cage de civilisation – car elle était finalement perçue comme antagoniste de ce qui constituait l’humain du « Contrat social ». Il est loin ce temps-là où l’homme était roi et la femme sa servile servante.
Aujourd’hui la femme travaille et est reconnue pour cela. Elle a passé les portes de nos entreprises provoquant une réaction en chaîne que l’on a essayé, et que certains essaient toujours, de contrôler avec plus ou moins de succès.
Loin de moi l’idée de planter ici les graines d’un débat sur le travail féminin. Il est aujourd’hui admis que les femmes ont de tout temps cumulé une série de rôles qui, bien que n’étant pas reconnus comme du travail au sens professionnel du terme, les rendaient tout aussi admirables, sinon plus, que les hommes.
Et l’on sait sans l’ombre d’un doute que les femmes d’aujourd’hui sont potentiellement les égales des hommes – je dis « potentiellement » car la réalité cherche toujours à les écarter de cette égalité.
Ce conte – de fées ? – se poursuit aujourd’hui… Le chemin parcouru a été long depuis la guerre de 39-45 quand les femmes, pour la première fois, ont pris les rênes des entreprises de leurs maris partis à la guerre de manière officielle. La mixité s’est imposée comme une norme dans les sociétés occidentales, désacralisant les temples capitalistes, remplaçant les artefacts propres au masculin par des symboles nouveaux.
Gage d’équilibre, d’évolution et de réussite, le mélange des genres fait se côtoyer au quotidien « mâles et femelles » dans un ballet qui s’apparentera tantôt à une parade nuptiale, tantôt à un jeu du chat et de la souris.