LES DÉFINITIONS : ATTENTION ET CONCENTRATION
Il semble difficile de trouver dans la littérature une définition consensuelle des termes d’attention, de concentration car ces concepts croisent des domaines très variés comme la psychologie, la neurobiologie, les neurosciences.
Pour l’attention, nous pourrions retenir la distinction suivante :
l’intensité :
- la vigilance ou la conscience-attention, ou le fait d’être en état de veille, (par opposition à l’état de sommeil). Nous pourrions également parler d’attention soutenue qui permet de maintenir une attention globale et qui correspond à la capacité de maintenir un état d’éveil lors de tâches monotones et longues.
- et l’alerte, qui caractérise l’état de préparation du sujet avant le traitement de l’information, elle est non spécifique et facilite le traitement inter-sensoriel.
la sélectivité :
- le premier degré d’attention correspond à la focalisation de l’attention sur une cible.
- le second à la division ou au partage de l’attention sur plusieurs tâches.
Pour Conners (1999), l’attention oscille d’un état où elle est si focalisée que le sujet est insensible à tout ce qui l’entoure, à un état où elle est si relâchée que la moindre chose le distrait. Nous n’avons constaté aucune apparition du mot concentration sur les 18 critères du DSM IV, ni dans les échelles de Conners qui sont utilisées par la majorité des cliniciens pour établir un diagnostic de trouble de l’attention. Le DSM4 sous le titre trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (sigle TDAH) distingue 3 types : mixte, inattention prédominante, hyperactivité-impulsivité prédominante.
Guy Falardeau, pédiatre canadien est à l’origine d’une autre distinction. L’hyperactivité réside dans la difficulté à maintenir l’attention. Pour le lunatique, le problème se situe sur le plan de la focalisation, de la mobilisation de l’attention, autrement dit de la concentration. Pour nous le mot concentration renvoie à la focalisation que nous distinguons du mot attention qui renvoie à l’attention soutenue. Néanmoins, nous avons constaté que les enseignants comme les parents emploient indifféremment les termes concentration ou attention. Les enfants utilisent surtout le mot concentration. En bons disciples d’Erickson, nous emploierons comme eux indifféremment ces deux termes lors de nos séances.
LIENS AVEC LITTERATURE
F. Roustang cite J. Haley dans « Zen and the art of therapy » : « Erickson, qui se situe souvent à la limite du cocasse, a raconté avoir hypnotisé un golfeur pour qu’il « vive uniquement dans le moment présent et puisse ainsi porter toute son attention sur un coup à la fois. Lors de son prochain parcours, il fut seulement conscient de chaque coup. Au seizième trou, alors qu’il réussissait sa meilleure performance, il ne connaissait pas son score et ne savait pas à quel trou il en était ». Et Roustang de conclure : « Image de ce qu’une concentration dans le présent peut donner d’efficacité à l’action ».
Nous n’avons trouvé chez Érickson aucun cas d’enfant mentionnant des difficultés attentionnelles. Par contre, dans le tome I des « Collected papers », Erickson parle d’attention réactive pour définir la capacité d’une personne à être hypnotisée.
Dans son livre « Métaphores et suggestions hypnotiques », Corydon Hammond cite de nombreux auteurs qui depuis 1962 ont tenté de démontrer l’efficacité de l’hypnose dans l’amélioration de la concentration. Il semble qu’il y ait autant d’études qui confirment que d’études qui infirment cette efficacité. Néanmoins, dans cet ouvrage des auteurs comme E. R. OETTING (1964), D. M. WARK (1989) utilisent la « transe éveillée ou vigile » : technique d’auto-hypnose par focalisation externe sur les éléments de l’environnement du sujet comme la feuille de papier, le dossier de la chaise, etc.
K. Olness et D. Kohen, pédiatres américains ayant contribué à faire connaître et utiliser l’hypnose avec les enfants, consacrent un chapitre aux troubles de l’attention dans leur ouvrage « Hypnose et hypnothérapie chez l’enfant ». Citant Crasilneck et Hall en 1975, ils ne pensent pas que l’hypnose puisse constituer un « traitement primaire pour les troubles de l’attention ». Par contre elle peut participer à améliorer les conséquences de ce trouble et notamment l’anxiété, la perte de l’estime de soi, les difficultés relationnelles ou l’attitude négative envers l’apprentissage. Ils citent des auteurs présentant des études de cas, souvent uniques, améliorés par des séances d’hypnose traditionnelle. Les résultats sont difficiles à évaluer tant par le petit nombre de cas considéré que par les critères utilisés.
J. Mills et R. Crawley (1985) citent le cas d’un petit groupe d’enfants hyperactifs et inattentifs améliorés après 8 mois de séance hebdomadaire au cours de laquelle leur est raconté en autres le conte métaphorique « d’Étincelle Bleue », le petit poisson qui ne pouvait jamais s’arrêter pour profiter des trésors que l’océan offre à contempler. J. H. et J. S. Edgette suggèrent d’utiliser « une cousine germaine de l’hallucination visuelle négative » : la personne voyant comme à travers un tunnel, sa vision périphérique s’estompe et se focalise plus précisément sur ce qu’elle regarde. Ceci se fait souvent spontanément lors de transe yeux ouverts, on peut donc le mettre ici à profit chez les personnes qui ont des problèmes de concentration qui peuvent ainsi apprendre à bloquer les stimuli visuels indésirables. Ils préconisent de l’utiliser avec les enfants hyperactifs comme chez les sportifs en leur apprenant à éviter les stimuli dérangeants dans leur environnement. Les athlètes de haut niveau feraient cela spontanément quand ils sont dans l’état mental idéal pour accomplir une performance.