10 h 30 : Mr B. a 60 ans. En juin 2009, il présente brutalement une paralysie faciale « a frigoré » dans un contexte de perturbation psychologique familiale aigu et imprévisible. La perturbation familiale évolue favorablement, la paralysie disparaît en deux semaines, mais apparaît un ensemble de troubles neurologiques subjectifs : fasciculations, réduction de force musculaire, fatigue extrême... Le bilan neurologique est normal. Mais Mr B. devient angoissé, présente des troubles du sommeil. Son médecin lui prescrit alors un « petit » antidépresseur.
11 h 30 : Mme C., 36 ans. Elle est épuisée et craque de partout. Son père est décédé il y a deux mois. Elle a une longue histoire. Il y a douze ans, quelques mois après la naissance de son premier enfant, apparaît une très grande fatigue aggravée par un problème relationnel - non résolu aujourd’hui - avec sa belle-famille. Malgré les antidépresseurs, elle rechute plusieurs fois. Elle est sous traitement continu depuis trois ans, son médecin lui propose aujourd’hui de les augmenter.
J’aurais pu décrire ce monsieur douloureux chronique, ou cette jeune fille qui vient de perdre son amoureux. Rien ne semble relier ces gens et ces histoires sinon une souffrance et l’absence de pathologie organique. La médecine traditionnelle est désemparée face à ces patients qui ont d’abord besoin de temps et d’écoute. Deux dispositifs thérapeutiques tellement difficiles dans notre culture.