Lorsqu’un thérapeute a recours à l’hypnose dans sa pratique et dans la conduite d’une psychothérapie, l’état hypnotique n’occupe pas la totalité de l’espace thérapeutique, que ce soit dans le temps d’une séance, ou bien même sur l’ensemble de la période pendant laquelle il reçoit son patient.
Poser la question du recours à l’hypnose en terme de moment spécifie au mieux ce que fait le thérapeute : comme quelque chose qui vient dans un tout, qui ne le limite pas, qui suppose dans son entour un environnement à prendre en compte.
Ainsi, je ne saurai, pour ma part, manier l’hypnose dans le cadre d’un protocole particulier en fonction d’un symptôme particulier, comme par exemple guérir une phobie en X séances. Lorsque que quelqu’un vient me voir pour arrêter de fumer, je ne sais pas à l’avance s’il faudra une ou plusieurs séances, et si, derrière cette demande, n’émergera pas autre chose…
Ce serait, à mon sens une forme trop réductrice en regard des potentialités que nous offre l’hypnose.
Car elle a ceci de particulier qu’il ne s’agit ni d’une méthode, au sens de technique que l’on peut apprendre et utiliser ensuite, ni d’un corpus théorique, qui serait enseigné, duquel on pourrait se référer, se donner des repères épistémologiques.
L’hypnose est une capacité humaine, un état du vivant.
Une disposition humaine.
Avant de prendre le nom d’hypnose, cette manière d’être et de faire était nommée « magnétisme animal ».
La nomination première de cette disposition lui confère son caractère universel et transversal. De fait, elle est accessible à différentes professions thérapeutiques : médecins, dentistes, anesthésistes, sages-femmes, psy... Et chacun à sa manière, avec sa singularité, aura recours à l’hypnose au service de sa pratique.
Pour ma part, c’est en tant que psychanalyste, et dans la conduite de psychothérapies, que je réfléchis à la pratique de l’hypnose.
Pour que le processus thérapeutique soit efficient il me semble nécessaire de construire un contenant à l’acte hypnotique, ce contenant étant la relation thérapeutique.
L’histoire clinique de Sara est un exemple de relation thérapeutique contenante. Cette jeune femme d’une trentaine d’année vient pour la première fois en octobre 2003 pour une psychothérapie, sur les conseils d’une amie. Elle a des accès de violence, d’énormes colères qui ont pour cible sa mère et ses sœurs mais aussi ses employeurs et ses collègues de travail. Après une adolescence jalonnée de divers placements, elle est, à l’époque où je la rencontre, toujours prise en charge par les services sociaux (logement, suivi économique et psychiatrique), et fait de petits boulots dans la restauration, ou le ménage.
Elle paraît vivre à la marge, sans vie sociale, ni amicale ou affective.
Faire la démarche de venir consulter un psy en libéral dans le centre de Paris est une initiative courageuse, qui se démarque de son vécu habituel, et soutenue chez elle par une forte volonté de « s’en sortir ».