Déjà les observations nombreuses recueillies par M. Auguste Voisin, à la Salpétrière, observations dans lesquelles il démontre d’une façon indiscutable que l’hypnotisme a été entre ses mains, non seulement un moyen de guérir la folie, mais encore un agent moralisateur de la plus grande efficacité, pouvaient faire prévoir qu’on songerait tôt ou tard à utiliser l’hypnotisme comme moyen d’éducation.
Lorsqu’on voit avec quelle facilité relative M. A. Voisin parvint, par l’hypnotisation et surtout par la suggestion hypnotique, à transformer sa première malade, Jeanne Sch…, âgée de 22 ans, voleuse, prostituée, brutale, ordurière, paresseuse, malpropre et incorrigible en une personne obéissante, soumise, honnête, laborieuse et propre, on ne peut manquer d’être vivement impressionné.
Cette fille n’avait pas voulu lire une ligne depuis plusieurs années ; M.Voisin lui suggéra d’apprendre par cœur plusieurs pages d’un livre de morale et les lui fit réciter devant les auditeurs de son cours.
Il lui fut tout aussi facile de raviver chez elles ses sentiments affectifs éteints. La guérison a été durable, puisque Jeanne Sch… a pu être admise comme employée dans un établissement hospitalier où sa conduite est irréprochable.
Cette première tentative a été suivie, à la Salpétrière, de beaucoup d’autres dont le résultat a été aussi satisfaisant. Dans sa clientèle de la ville, M. Voisin a obtenu les mêmes succès, puisqu’il a pu dans un cas, faire en sorte, par la suggestion hypnotique qu’une femme, dont le caractère était insupportable, devint douce, affectueuse avec son mari et cessât de se laisse aller à la colère.
Les expériences de M. Voisin portaient sur des adultes. M le docteur Liébault nous a communiqué plusieurs observations d’un intérêt beaucoup plus considérable au point de vue qui nous occupe puisqu’elles ont trait à des enfants.
Nous nous bornerons à signaler les deux suivantes :
Dans le premier cas, l’expérience fut tentée fortuitement ; elle n’en fut pas moins concluante. On avait amené à la clinique du docteur Liébault un enfant atteint d’une affection nerveuse et qui refusait de se laisser hypnotiser.
Un frère du petit malade, collégien robuste et bien portant, qui assistait à la séance, offrit spontanément de se laisser hypnotiser, pour montrer qu’il n’avait pas peur.
Pendant qu’il dormait, la mère raconta au docteur Liébault que son fils n’avait jamais été que le dernier de sa classe, parce qu’il refusait obstinément à travailler. On profita de son sommeil pour lui suggérer de mettre plus d’application dans ses études, de travailler avec ardeur. Le résultat fut complet. Pendant six semaines il donna l’exemple d’une assiduité et d’une application inaccoutumée, à tel point qu’il fut deux fois le premier de sa classe.
Dans le second cas, il s’agissait d’un jeune idiot qui lui fut amené pour une incontinence d’urine. Ce malade n’avait jusqu’alors été accessible à aucune culture intellectuelle. On n’avait pu lui apprendre ni à lire ni à compter. M. Liébault le soumit à de fréquentes séances d’hypnotisme pendant lesquelles il s’efforça, par suggestion, de développer chez lui la faculté d’attention tout à fait absente. Au bout de deux mois, cet idiot connaissait ses lettres et avais appris les quatre règles de l’arithmétique.