Olivier Daene, IADE
D’abord timidement, puis un peu plus gaillard. Des réussites… enthousiasmantes et encourageantes. Des échecs aussi… cuisants, déroutants. Et puis une « filière », un filon à exploiter : l’équipe douleur aiguë post-opératoire, où les IADE visitent les patients opérés afin d’évaluer et traiter l’éventuelle douleur post-opératoire.
L’hypnose s’est peu à peu imposée par sa simplicité, son efficacité, son succès. Douleur, anxiété, stress, différents sujets sont abordés à travers l’hypnose. De bénéfices en francs succès, c’est naturellement que les services appellent l’IADE formé à l’hypnose.
Succès aussi auprès des patients, bien sûr. La curiosité, la découverte les guident aisément vers une séance. Le bien-être, la détente, une profonde relaxation et le soulagement font de ces séances un outil remarquable. Au-delà des remerciements, c’est le bien-être qui est présent. Une fois la séance passée, les « Wouah, ça fait du bien ! », « Qu’est-ce que j’étais bien là-bas ! », ou « J’étais carrément ailleurs ! » montrent l’intérêt et l’efficacité de l’hypnose proposée en service de soin.
Pour la douleur, il faut être plus nuancé. Certes, le patient est opéré du genou, de la hanche, de la vésicule ou du colon, cependant la composante douleur est souvent multifactorielle.
Au-delà de la douleur physique post-opératoire, l’inconfort, l’alitement, la chaleur, la nausée, les mauvaises nouvelles, les problèmes familiaux, la logistique personnelle liée à l’hospitalisation, et parfois même des « paramètres » antérieurs à l’hospitalisation et qui sont complexes, viennent déclencher, renforcer ou rendre insupportable le phénomène douloureux.
Et c’est peut-être là qu’est la plus belle carte à jouer avec l’hypnose, que le soin prend ou reprend sa dimension humaine. Envisager le patient comme un être fait de chair, de sang et d’esprit, où l’esprit va jouer le rôle de tampon, de modérateur, et ainsi à l’instar des samouraïs exploiter les ressources de l’esprit pour « oublier », « supporter » la douleur physique.
L’imagination, les souvenirs, les images, les sensations, les voyages dans l’espace ou dans le temps sont autant d’outils d’une efficacité remarquable. En séance formelle au chevet du patient, dans sa chambre en toute simplicité, en toute intimité : les visiteurs se font discrets et s’éclipsent spontanément, tant le rendez-vous est attendu par le patient.
Un simple panneau « Séance d’hypnose en cours, merci de votre discrétion » suffit pour la quiétude des lieux. Quant au voisin de chambre, il vaque discrètement à ses occupations ou il ferme les yeux et profite de la séance de « groupe ». Une demi-heure à une heure s’écoule tranquillement, le temps de construire une séance complète et personnelle.
Pas plus de deux patients par jour car il y a le reste du travail à faire, notamment le compte rendu du travail. « Séance d’hypnose formelle 45 min., en chambre. Motif : douleur et anxiété. Effet positif et bénéfique : détente +++, douleur non ressentie pendant la séance et supportable après. EN (échelle numérique douleur) = 6 avant la séance, EN = 3 après. »
Ce sont des transmissions infirmières un peu anachroniques, mais qui font peu à peu partie du paysage des dossiers de soins infirmiers. Et puis… c’est bien un soin, avec un objectif, une action et un résultat.
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