Madame Y. est hospitalisée car elle se dit déprimée. Elle présente depuis qu’elle est enfant des « pulsions » suicidaires qui l’amènent à essayer de se tuer alors, dit-elle, qu’elle ne souhaite pas mourir. Ces derniers temps, elle a de plus en plus de mal à y échapper, et cela lui pourrit la vie. Lorsqu’elle va bien, ces « pulsions » ne se présentent pas: elle est joyeuse et vit normalement.
Sa technique pour ne pas passer à l’acte est de se dire que, de toute façon, elle ne réussira pas sa tentative. Elle a perdu ses parents très jeune, et sa grand-mère, qui s’occupait beaucoup d’elle, s’est suicidée alors qu’elle avait 4 ans et demi.
Elle a déjà été traitée par hypnose et pense que cela lui avait bien convenu. Durant le premier entretien, chaque fois que de l’émotion se présente, j’utilise quelques mouvements oculaires pour la faire diminuer.
Je lui propose pour le second entretien d’utiliser la technique de Rossi pour fusionner la « petite » de 4 ans et demi et l’adulte qu’elle est aujourd’hui et qui est capable de gérer sa vie et ses émotions. Cette technique utilise les mains du sujet comme réceptacle. Elle permet une dissociation rapide. Elle met, par le biais des mains, une grande partie du cerveau au travail, augmentant les chances de résolution. Elle allie le mouvement au travail psychique : « Les mains peuvent monter ou descendre au fur et à mesure qu’elles se remplissent » (encore une alternative illusoire).
Je prends les mêmes précautions oratoires : « Toujours de manière bienveillante et protégée, ce qui est utile pour réaliser ce travail, ne prendre que les bonnes choses et laisser le reste, laisser le trop-plein d’émotion ou de tension s’échapper par le gros orteil droit ou le gros orteil gauche. »
Quelques larmes s’écoulent des yeux fermés de Madame Y. Je lui propose de faire du « taping » pour aider la reconnexion, de prendre la « petite » dans ses bras, de la remercier pour avoir porté ce qui était difficile et de l’assurer que l’adulte qu’elle est va, maintenant, la protéger et gérer les choses avec elle.
La patiente sort apaisée de l’entretien, le lendemain elle me dit avoir passé une très bonne journée et souhaiter que cela se poursuive.