A 16-17 ans, il est atteint par la poliomyélite ; les séquelles et les complications de celle-ci le poursuivront jusqu’à sa mort. La maladie commence comme une grippe, mais en quelques heures, les paralysies commencent et s’étendent. C’est la phase d’invasion virale. Si les paralysies touchent les muscles respiratoires, elles tuent le malade. Sinon, au bout de quelques jours, le virus n’est plus nocif, l’extension s’arrête, mais il faut plusieurs mois ou années pour récupérer la motricité. Cette récupération sera toujours incomplète. Il y aura toujours des séquelles.
Nous en sommes à la période d’invasion. Dans le couloir à côté de sa chambre, il entend les médecins dire à sa mère qu’il est perdu, ce qui le révolte : comment oser dire cela à une mère ? Quand elle revient, il lui fait signe qu’il veut voir le soleil et qu’une grosse armoire l’en empêche. Maman déplace l’armoire, mais il n’est jamais satisfait, l’armoire n’est jamais comme il le veut. Elle doit la redéplacer encore et encore. Il est satisfait quand elle est épuisée et va enfin dormir. Il tombe dans le coma et en émerge au bout de trois jours. Rapidement, il prend conscience de l’étendue de ses paralysies.
Un peu plus tard, il se rend compte qu’il peut faire lui-même sa rééducation. En autodidacte, il découvre la réalité et la puissance de phénomènes décrits une trentaine d’années avant par les chercheurs en hypnose de l’école de… Nancy ! Ce sont les phénomènes idéomoteurs : Milton repose dans la chaise à bascule où on l’a placé. Il a une simple mais très forte envie de regarder par la fenêtre qui est sur le côté. Sa chaise se met à basculer ! Pourtant, il est entièrement paralysé. La représentation du mouvement dans sa tête a suffi à mobiliser des faisceaux musculaires qu’il ne pouvait pas contracter volontairement. Dès lors, il utilise « sa » méthode muscle par muscle, groupe musculaire par groupe musculaire, articulation par articulation. L’observation de sa plus jeune sœur, bébé à ses pieds, qui, elle aussi, apprend à marcher le stimule. Il apprend beaucoup d’elle pour diriger sa rééducation.
De plus, Milton s’est fixé un objectif : quand il aura récupéré la marche, il fera un raid en canoë de plusieurs milliers de miles avec un ami. Au dernier moment, l’ami fait faux bond, effrayé par l’exploit. Milton part seul. Il fera son raid. Là, nous avons des observations savoureuses : comment il se met à la traîne des steamers sur le Mississippi à l’heure du déjeuner pour avoir des miettes de repas, comment il s’arrange pour qu’on l’aide le soir à traîner son canoë sur la rive parce qu’il n’en a pas la force. Il commence la « communication indirecte », d’autres diraient la manipulation.
De la poliomyélite, il garde une séquelle, la boiterie, et surtout un grand amour de la vie.
Pour lire la suite. Cliquer ici