Les résultats obtenus m’encouragent à pratiquer de plus en plus cette forme de soin. Ou peut-être simplement de communication ?
Cécile ou l’aveuglante évidence
Femme « forte », très active, d’une quarantaine d’années, à la tête d’une entreprise qu’elle a créée, Cécile ne comprend pas pourquoi la machine s’est bloquée depuis quelques années. Son carnet de commandes stagne, ses clients ne lui règlent pas leurs dettes et son équipe gère mal les tensions interpersonnelles.
Sa demande, confuse, avance le besoin de « voir ». Elle ne comprend pas, elle dit qu’elle ne « voit rien ». Elle est persuadée que quelque chose en elle déclenche tous ces désastres. Intéressée par l’hypnose depuis longtemps, elle souhaite « débloquer » son imaginaire pour, peut-être, « débloquer » la situation.
Il faudrait que les choses se remettent en route, dans sa vie professionnelle comme dans sa vie personnelle. Au niveau somatique, en effet, son transit intestinal est aussi bloqué que le reste. Toute sa vie est envahie par une angoisse sourde devenue habituelle et donc non repérable. Cécile ne comprend pas ses accès de violence, ses réactions allergiques et son sommeil dévasté. Elle se pose toujours les mêmes questions effrayantes : comment payer ses salariés ? Comment son entreprise, qui n’a jamais été vraiment florissante, pourrait-elle survivre sans rentrées financières, sans commandes ? Comment peut-elle faire face à ses échéances ? Qu’est-ce qui va encore lui tomber sur la tête, après ces escroqueries, qu’elle me signale distraitement ? Deux tentatives malheureuses de sous-traitance qui l’ont engluée dans cette série de désastres. Elle est complètement aveugle à son propre épuisement.
L’objectif, au cours de la séance d’hypnose que nous programmons après une série d’entretiens exploratoires, est d’obtenir un « diagnostic » de la part de son inconscient. Pour le dire autrement, il me semble urgent de l’aider à se reconnecter à sa conscience instinctive, à sa vitalité profonde, actuellement dans le « rouge ».
Tandis que j’induis une transe légère, diverses imageries du « problème » me viennent en tête dont « un arbre puissant étouffé par des parasites qui l’enserrent » : elle réagit à cette proposition. Je devrais probablement dire « son inconscient réagit » car l’index gauche se met à « clignoter ». Dans le signaling convenu, ça dit « oui ». Et je demande à son inconscient de trouver une solution.
En sortant de sa transe, elle jubile : « C’est la première fois que je vois quelque chose ! » Le grand chêne de sa propriété cévenole s’est montré avec beaucoup de précision, envahi par un lierre épais qu’il fallait couper.
Lors de notre rencontre suivante, elle m’annonce, victorieuse, qu’elle a passé le week-end à nettoyer son chêne « pour de vrai ». Et, dans la foulée, sans trop le réaliser, elle rajoute que « les choses ont l’air de se débloquer ». En effet, la maison, qu’elle cherche à vendre depuis plus de deux ans, a enfin trouvé un acquéreur. Une issue pour s’éloigner de la galère financière ?
Ce mouvement va-t-il suivre dans son travail ? Il semblerait bien car l’une de ses collaboratrices vient de « faire la paix » avec les autres. Ouf ! Pour le reste, attendons encore un peu.
En tout cas, elle réalise enfin combien elle est épuisée après ces années « maudites ». Et c’est, pour elle, une libération incroyable que de prendre conscience de sa fatigue, de la comprendre, de l’accepter. Comme si les choses pouvaient alors retrouver leur place. La vie redevient envisageable ; elle entrevoit une issue. Elle retrouve confiance dans son intuition qui, depuis ces dernières années, était « tombée en panne ».
Maria, l’Amazone gauchère
Elle prend contact avec moi, le 30 août 2004, « pour faire de l’hypnose » sur le conseil de son médecin homéopathe. Elle souffre de diverses phobies, en particulier médicales. Elle présente surtout une dépendance affective lourde de toutes les humiliations et les violences vécues jadis et maintenant encore dans le milieu familial.
Cette belle femme de 45 ans, célibataire, se demande en effet comment se situer par rapport à sa famille, conflictuelle et dissonante, dont elle ne peut se détacher. Le seul élément totalement positif pour elle était son père, malheureusement décédé depuis longtemps.
Elle est institutrice dans une école languedocienne, c’est-à-dire suffisamment loin de son île natale pour se sentir en sécurité. Là bas, « au village », sa mère vit avec le plus jeune de ses enfants, schizophrène. La sœur aînée, à 200 kilomètres, veut régenter tout le monde, notamment sa petite sœur. La mère, quant à elle, exige des communications téléphoniques et des visites régulières durant lesquelles elle passe son temps à dénigrer Maria qui, selon elle, ne fait jamais bien, n’est pas jolie, ne sait pas s’habiller, ne sait pas s’alimenter, n’est pas une bonne fille. Bref, le cauchemar est bien rodé.