Le premier cas illustre une utilisation spontanée, involontaire et inattendue de la distorsion du temps par un patient, avant la publication originale de Cooper. Il est présenté ici parce qu’il illustre non seulement l’utilisation de la distorsion du temps mais aussi comment, dans le cours habituel d’une psychothérapie, peut surgir une occasion d’utiliser la distorsion du temps. Il va sans dire que, au moment où cette occasion s’est présentée, l’auteur était loin de comprendre ce qui se passait, mais ce cas est à l’origine du vif intérêt que l’auteur porta à la première publication de Cooper, quatre ans plus tard.
Le patient, un artiste peintre d’une trentaine d’années, vint demander une thérapie avant tout pour des problèmes conjugaux, mais aussi pour des difficultés personnelles. Il connaissait une certaine réussite avec les portraits, les paysages et les natures mortes mais, au cours de sa thérapie, il exprima sa frustration de n’avoir jamais pu peindre une scène de cirque. Depuis plus de dix ans, et même avant son mariage, il souhaitait désespérément peindre un tel tableau, mais il n’avait jamais réussi à produire ne serait-ce qu’une esquisse préliminaire. Il n’arrivait même pas à réfléchir suffisamment à cette question pour imaginer quels personnages ou quelles situations il pourrait souhaiter représenter. Le projet, dans son ensemble, restait pour lui une vague « scène de cirque », sans autre précision.
Alors que ses autres problèmes s’éclaircissaient au fil des mois de thérapie, rien ne fut accompli dans ce domaine. Même des transes somnambuliques profondes, avec différentes techniques, n’apportèrent rien de plus que l’explication : « Je suis complètement bloqué mentalement. Ma réflexion ne peut aller au-delà de “Scène de cirque”. » Il ne pouvait même pas imaginer une possible composition de lignes verticales et horizontales, ce qui était sa manière habituelle d’élaborer ses esquisses préliminaires.
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