Le thérapeute doit d’abord effectuer un travail de repérage de la résonance. Bien des phénomènes de résonance passent inaperçus. Des évènements mentaux ou comportementaux surgissent, au premier abord anodins et qui, en fait, relèvent de la résonance.
Je pointe à cette occasion le second critère de la résonance : l’émergence d’un sens relatif au contexte.
Le second travail pour le thérapeute qui a réalisé l’entrée en résonance est de l’accepter et de l’assumer pleinement sans dérobade, ni réticence, ni défense, en acceptant d’être impliqué.
En troisième lieu, il s’agit pour lui d’expliciter la résonance. Souvent la révélation déclenche une immense décharge émotionnelle, une forte libération d’énergie, signe typique qu’on a affaire à une résonance (troisième critère).
Enfin, il s’agit pour lui soit de l’amplifier au maximum soit de l’amortir (pour reprendre une expression de la physique vibratoire) selon l’orientation thérapeutique opportune.
- Comment précisément s'effectue la communication entre patient et thérapeute? Par quels canaux et selon quels mécanismes le patient parvient-il à transmettre sa problématique au thérapeute? …Pour qu'un pareil processus se produise, il faut que le thérapeute soit aussi souple et disponible que possible, souple dans ses pensées, son imaginaire, ses affects, ses théories, son corps afin qu'il puisse vibrer à la même fréquence que vibre le patient. Le psychanalyste vibre le plus souvent au niveau du désir ou du fantasme; le thérapeute comportemental, du comportement; le systémicien, de la règle ; le guérisseur, du corps...A chacun son niveau ou instrument...
La thérapie peut apparaître comme un grand jeu librement consenti par deux partenaires, un jeu rendant possible que des ponts se jettent, que des points de capiton se cousent entre l’expérience similaire de deux personnalités.
Dès lors, l’orientation de la psychothérapie change. Il ne s'agit plus de comprendre ni programmer le changement mais de créer un contexte favorable pour que des processus vibratoires émergent à partir d’une communauté de vécu. Le “bon thérapeute” serait alors celui qui possède ces qualités...par delà ses compétences théoriques et ses affiliations... Il faut alors se demander quelle est la thérapie la plus propice à ce dessein. Ma réponse est claire: l'hypnothérapie.
Hypnose et résonance ont des liens d'affinité évidents. Observons ce que fait le thérapeute ericksonien. Primo, dans la phase d'induction, il cherche à calquer sa respiration sur celle du patient. Il cherche à créer un rythme respiratoire commun. C'est le “pacing”. Il adopte souvent une posture en symétrie. Secondo, il utilise les canaux sensoriels privilégiés du patient, il utilise son vocabulaire, il se glisse dans ses représentations cognitives : c'est ce que préconise la PNL pour favoriser l’accordage. Tertio, il invente des histoires, des allégories, des métaphores en similitude, mais aussi des théories en isomorphie, avec la problématique du patient. L’hypnothérapeute, disponible et ouvert, se plaçant souvent lui-même dans un état hypnoïde, cherche à décrocher le patient des perceptions sensibles externes, à créer chez lui confusion intellectuelle et dissociation, à favoriser un flou mental propice à l'émergence de quelque chose d’essentiel ou de nouveau.
Tout le dispositif vise à créer entre thérapeute et patient un rythme commun, une mise en phase propices à l’advenue d’une résonance. L'essentiel dans l'hypnose ne serait alors ni la suggestion, ni la régression à un état de sensorialité primitive, ni l’état de conscience modifiée, ou plutôt , c’est tout celà en tant que conditions favorables à l'émergence d'un vécu commun que je propose d'appeler la “résonance hypnotique”. La résonance hypnotique est l’expérience vibratoire d’un vécu similaire éprouvé par le patient et le thérapeute dans l’ état d’hypnose . L’hypnose amorce la résonance.Toute la question pour le couple thérapeutique est de parvenir, après le franchissement d’un seuil, à trouver la bonne fréquence vibratoire.
L’hypnothérapeute va droit à l’essentiel, perd moins de temps, ne s’enferme pas dans des bastions, reste ouvert à tout, se laisse guider par l’intuition, improvise des allégories, file des métaphores, suit son instinct qui le mène vers des points de résonance. Il est important que le thérapeute se laisse guider par son instinct, telle une tête chercheuse, à la recherche des mots, des intonations, des symboliques, des métaphores inducteurs de résonance
La pratique de l’hypnose partagée offre une garantie maximale pour que des points de résonance apparaissent et que s’éprouvent, comme nous l’avons vu, un vécu problématique (des symptômes...) et un vécu thérapeutique (des solutions…).
Quand, par résonance, le thérapeute vit le problème de son patient à son niveau personnel, il peut d’autant plus facilement rompre le charme vibratoire. Il sort de la prise de tête partagée avec l’obsessionnel, il refuse l’excitation partagée avec l’hystérique, il évite l’évitement partagé avec le phobique... Il ferme une voie… en suggère une autre...