Dans le monde scientifique occidental, on fait remonter de façon unanime la première découverte du lieu d’origine de cette émission à De Graaf, à la fin du XVIIe siècle. Un autre tournant important de découverte aura lieu deux siècles plus tard, avec la mise au jour d’une « prostate vestige » : les glandes (qui portent son nom) par De Skene à la fin du XIXe siècle.
Un siècle plus tard environ, Huffman d’abord dans le milieu du XXe siècle conteste l’aspect « vestigial » de cette prostate féminine, et vers la fin de ce même siècle, Beverly Whipple et al. relient clairement le « Point G » (initialement découvert par Gräfenberg un peu plus tôt dans le siècle) à l’éjaculation des femmes et l’ensemble à l’intensité du plaisir que les jets émis signent.
Enfin le tout début du XXIe siècle va voir s’officialiser l’emploi du terme de « prostate féminine » à la suite des travaux de Zaviacic (4) et l’acception de ce terme pour désigner ensemble : les glandes et canaux para-urétraux, les tissus érectiles entourant l’urètre, dont le fameux Point G, et des capteurs sensibles, semblables aux corpuscules de volupté de Krause de toute cette zone, avec une fonction exocrine (produire et excréter du liquide) et neuro-endocrine.
Il est établi aussi qu’il existe plusieurs morphologies de prostate féminine, à la différence de la prostate masculine. Elle est branchée dans l’urètre par de multiples canaux et le liquide est expulsé par l’urètre. La quantité de liquide est variable à chaque expulsion pour une même femme et bien sûr variable pour les femmes entre elles, sachant que les expulsions volumineuses (200 ml et plus) sont des faits rapportés seulement par une petite minorité des « femmes-sources ».
Les controverses
A partir de ce consensus minimal, moult questions et mystères restent à résoudre pour les chercheurs.
Les femmes sont-elles toutes équipées d’une prostate fonctionnelle ?
Dans l’article de Zaviacic, une réserve est clairement indiquée : « Si on élimine les formes rudimentaires, on retrouvera au moins 90 % de femmes avec prostate. »
Sundahl, de son côté, en parle comme si toutes les femmes avaient une prostate fonctionnelle et Leleu reste assez général et flou sur le sujet.
La prostate joue un rôle dans la jouissance vaginale, et aussi donc dans l’intensité de l’orgasme par stimulation vaginale.
A l’identique, les versions sur l’anatomie précise du point G divergent : le substrat physiologique n’ayant pas pu encore être totalement démontré, faute d’études rigoureuses suffisantes.
Pour Zaviavic : « “Le type postérieur” de prostate féminine, caractérisé par la présence de tissu prostatique plus riche dans l’urètre postérieur vers le col vésical, n’a été retrouvé que dans 10 % de nos études sur pièces d’autopsie. C’est seulement dans ce nombre de cas relativement faible qu’il pourrait y avoir une correspondance entre point G et localisation de tissu prostatique féminin. »
Pour Leleu, pas d’hésitation : « Le point G correspond à la partie de la prostate située entre la partie antérieure du vagin et l’urètre. »
Et pour Sundahl, le ton est aussi affirmatif : « Le point G est défini comme étant à la fois cette fameuse prostate et le réseau de tissu érectile similaire à celui observé chez l’homme. »
Affirmation encore chez Andrée Matteau, pour qui le point G serait une partie de la structure clitoridienne : « La partie extérieure et visible du clitoris, c’est cette petite perle que tout le monde peut identifier. Mais cette structure comporte également des nerfs qui aboutissent à l’intérieur du vagin, comme des pattes qui se rejoignent dans ces éponges que le docteur Grafenberg a bien vaniteusement appelé le point G. »