Présentation
L'EMDR est un protocole associant thérapies cognitives et hypnose. Devant les limites du modèle, le docteur Éric Bardot et ses collègues ont créé le modèle de HTSMA (hypnose, thérapies stratégiques, mouvement alternatifs) qui est un modèle intégratif de l'hypnose, de l'EMDR, des différentes thérapies brèves. Ce modèle à de nombreuses applications dans le monde de la psychothérapie.
Spécificité avec la douleur
Parmi les douloureux, j’ai retrouvé un grand nombre de syndromes post-traumatiques liés soit à l’origine traumatique de la lésion provenant par exemple d’un accident, mais aussi liés à l’intensité toute particulière des douleurs au début de la maladie. C’est le cas tout particulièrement de certains migraineux, de certaines formes d’entrée dans la fibromyalgie (encore que ce diagnostic pourtant bien utile soit contesté par certains), de certaine douleurs du petit bassin consécutives par exemple à des échecs de l’anesthésie péridurale pendant un accouchement.
Dans ces cas , les cognitions négatives portent souvent autour de l’absence de maîtrise , de l’anticipation négative des douleurs à venir , et bien sûr de toutes sortes de croyances concernant le sens de la douleur , qu’il soit celui de la faute , du péché , ou bien de l’attaque de sorcellerie.
Avant tout autre travail sur la douleur , mais après avoir prouvé au patient qu’il était lui même capable de modifier ses douleurs en lui faisant par exemple reconnaître qu’il présente des moments d’analgésie spontanée , ne serait ce qu’à l’occasion d’une distraction ou bien d’une émotion forte telle que la peur , vous pouvez alors travailler en désensibilisation standard , afin d’installer des cognitions positives plus adaptatives , toutes choses étant égales par ailleurs notamment au niveau de la douleur.
Je n’aurai pas la place de vous exposer ici la totalité du travail avec la douleur qui nécessite la connaissance des techniques d’hypnose et de thérapie familiale et stratégique ou brève , mais il est une autre partie accessible même aux non familiers de ce genre de pratique pour laquelle HTSMA est un apport tout à fait intéressant : la métaphorisation.
Vous avez sans doute déjà éprouvé une douleur et tenté de communiquer votre expérience à un tiers. Dans ce domaine, seules les comparaisons sont une communication qui semble partageable. Et qui de comparer sa douleur à un étau, à un crabe, à une brûlure par une flamme ou bien n’importe quoi d’autre qui fasse image. Quand vous avez obtenu cette représentation métaphorique accompagnée ou non de son cortège de cognitions négatives , vous pouvez alors faire quelques séries de mouvements oculaires , de taping ou autre alternance et assez souvent , vous verrez la métaphore diminuer , s’apprivoiser en s’accompagnant d’une réduction stable de la douleur.
Pour ceux qui connaissent le travail avec l’hypnose, la méthode fonctionne semble-t-il mieux que cette dernière dans les douleurs regroupées sous le nom de chroniques bénignes par J Barber, c’est à dire ces douleurs résurgentes après un intervalle libre de quelques mois après l’accident causal invoqué comme origine du statut de victime.
Et l’algodystrophie ?
Quelles sont les particularités de l’algodystrophie ?
Il y a une douleur, bien sûr, et celle ci va plutôt impliquer un travail plus adapté à des douleurs mécaniques que chroniques simples.
Il y a des signes fonctionnels.
Ceux ci vont soit être accessibles par la métaphorisation comme la douleur, soit par un travail plus direct d’hypnose, tel qu’à minima obtenir des modifications des sensations thermiques dans le membre malade.
Toutes ces sensations, origine d’une gêne importante, vont s’accompagner d’un vécu pessimiste correspondant à des cognitions négatives qu’il faudra faire changer par un travail de recadrage ou par un travail d’EMDR.
Quelles que soient les techniques utilisées, il faudra arriver à une anticipation positive et concrète, d’autant plus importante ici que la longueur de l’impotence a souvent effacé du schéma mental toutes les représentations liées au membre malade.
Ce travail minutieux, concret, suivi d’un questionnement systématique, permettra au patient de se représenter le changement, d’y croire et enfin de faire les efforts nécessaires pour qu’il se produise.