A ce propos, nous conseillons la très intéressante lecture de l’article de Berger et collaborateurs (2010) qui ont élaboré un protocole judicieux de contrôle de la douleur incluant l’hypnose, protocole qui mène à une baisse d’intensité douloureuse, de l’anxiété, une meilleure récupération, une réduction des coûts et une meilleure efficacité des antalgiques.
Au chapitre du « purement expérimental » prometteur, une intéressante étude coordonnée par Zoe Hill (2010) porte sur les pensées et traces mémorielles intrusives, que l’on retrouve principalement dans le post-trauma, les troubles obsessionnels compulsifs, la dépression et certaines phobies (sociales et agoraphobie).
Avant l’hypnose, on demande aux participants de trouver un souvenir déstressant. Puis, en hypnose, on suggère à un premier groupe que lorsqu’une phrase serait prononcée à l’état de veille (« let’s move on to something else »), ils retrouveraient cet endroit. Puis une suggestion d’amnésie était faite pour que la consigne soit oubliée.
Pour l’autre groupe, la suggestion en hypnose était que lorsqu’on leur demanderait, ils devraient instantanément se plonger dans ce souvenir déstressant.
Une fois revenus à un état ordinaire de conscience, il était proposé aux deux groupes une tâche cognitive.
Au bout d’une minute, on glisse la phrase devant déclencher le souvenir dans le groupe 1, alors que dans le groupe 2, il leur est explicitement demandé le souvenir déstressant. Les deux groupes devaient ensuite continuer la tâche, puis on demande aux participants à quoi ils pensaient pendant la réalisation de l’exercice cognitif.
Globalement, les participants du premier groupe ont ressenti un plus grand sentiment d’involontarité et de diminution du stress que le second groupe. Par ailleurs, le souvenir déstressant a été plus perturbateur dans le premier cas (avec amnésie de la consigne) que dans le second (remémorisation intentionnelle).
Certes, pour l’instant ce paradigme d’étude n’a pas vraiment de répercussion clinique, et a simplement démontré sa validité pour explorer à l’avenir (et cette fois de façon plus clinique) les pensées intrusives et l’intérêt de l’hypnose dans ces prises en charge.
Néanmoins, on peut déjà se demander si un travail de suggestion paradoxale demandant au patient de retrouver intentionnellement et le plus souvent possible les pensées et émotions intrusives ne pourrait pas déjà améliorer les patients (les remémorations intentionnelles du second groupe ne perturbant pas ou peu les tâches à accomplir par ailleurs), jusqu’à une véritable forme de désensibilisation.
Comme on le voit, un certain nombre de communications cette année étaient axées autour de la suggestion, avec ou sans hypnose d’ailleurs. Mais la suggestion est-elle éthique ? C’est la question que pose Michel Shamy (2010) à propos des troubles psychomoteurs d’origine psychogène, c’est-à-dire supposés conversifs, que l’on retrouve notamment dans des situations de trauma, d’anxiété ou de peur.
L’intéressant ici est que cette vieille question, remontant à la fois à Freud et Charcot, est ici doublement argumentée : d’abord sous l’angle des méta-analyses, qui justifient l’hypnose comme approche valide dans ces troubles, mais également sous l’angle de la notion de confiance entre le médecin et son patient. L’auteur montre en quoi les objections couramment entendues (comme : la suggestion est une forme de privation de l’autonomie psychique du patient) tombent au regard d’une éthique globale du soin. Et que dans ce cadre, il n’est pas à craindre une détérioration de la relation thérapeute / patient.
En lire plus, cliquez ici