Bien sûr, à Nantes, ville natale du visionnaire Jules Verne (1828-1905), à quelques centaines de mètres du port où celui-ci rêvait d’aventure en regardant les bateaux partir, l’hypnose et les thérapies brèves seront à leurs aises. La première n’est présente en tant que telle que dans un livre de l’écrivain (« Mathias Sandorf »), mais les grands thèmes hypnotiques sont métaphoriquement bien là dans nombre de ses romans: la transe profonde et la régression en âge (« Voyage au centre de la terre » « Vingt mille lieues sous les mers »), la distorsion temporelle (« Le tour du monde en quatre-vingt jours »), la catalepsie (« cinq semaines en ballon ») … Et bien sûr, l’anticipation, notre progression en âge, qui, par la mise en œuvre de technologies qui n’existaient pas encore à l’époque, comme celles qui permirent aux héros de se rendre « De la terre à la lune », est comme l’on sait très souvent au premier plan.
Voyages extraordinaires auxquels sont donc conviés tant les déjà praticiens expérimentés ou débutants, que tous les professionnels désireux d’élargir leurs horizons thérapeutiques, puisque, dans la continuité des précédents Forums, des ateliers d’initiation auront lieu.
Pour jalonner ces périples, ils nous a semblé pertinent de proposer aux futurs participants de circuler entre deux notions, de naviguer entre stratégies et intuition.
Intuition : vous avez dit intuition ?
« Entre stratégies et intuition ». C’est venu comme ça. Après une ou deux idées, celle-ci a été émise, et nous a plu, parlé. Assez vite. Un choix qu’on appelle habituellement intuitif. Il semblait bien correspondre à ce que nous voulions vivre et faire vivre pendant ce forum.
L’intuition, on en parle souvent. On a l’impression de fréquemment la vivre dans notre métier, sinon dans notre vie entière. Allons voir ce mot, le rencontrer !
Mon précieux dictionnaire étymologique m’ouvre déjà quelques portes. Du latin « tueri » : voir, observer. Tiens, du sensoriel !
Et donc « intueri » : « regarder attentivement à l’intérieur, fixer sa pensée ».
J’apprend qu’ apparaît plus tard le mot « intuitio », terme métaphorique puisqu’il désigne l’image que réfléchit un miroir. N’est-ce pas déjà un peu hypnotique ? Je continue ma lecture !
Avec le Moyen-Age, « intuitio » prend le sens théologique de « contemplation ». Son équivalent français « intuition » va désigner jusqu’au XIXème siècle l’observation de l’intérieur de soi, sens qu’a gardé le mot anglais « insight » (et « einsicht » en allemand).
Partons explorer ce qu’on pu en dire nos précesseurs. Et les ancêtres de la psychologie, ce sont les philosophes !
Ainsi, Descartes (1596-1650) : « Il n’y a pas d’autres voies qui s’offrent aux hommes, pour arriver à une connaissance certaine de la vérité, que l’intuition évidente et la déduction nécessaire.»
Rien n’est jamais totalement nouveau : Platon (Vème siècle avant JC) déjà distinguait la « Dianoia », pensée reposant sur l’argumentation, et le « Noûs », comparable à un toucher et une saisie instantanée …
Jean-Paul Sartre (1905-1980), en digne continuateur de Descartes, semble plus affirmatif et précis que lui : « Il n’est d’autre connaissance qu’intuitive. La déduction et le discours, improprement appelés connaissance, ne sont que des instruments qui conduisent à l’intuition. » . Seule l’intuition nous permettrait d’accéder à la connaissance ?
Le philosophe allemand Schelling (1775-1854) considère l’intuition comme « un acte transcendant, indéfinissable, au moyen duquel l'intelligence saisit l'absolu dans son identité( …) » et qui s’effectue en dehors du temps.
Cependant, la notion d’intuition va prendre un sens plus structuré, et assez différent concernant notamment le temps, avec Henri Bergson (1859-1941).