du monde. Pour comprendre comment la transe générative peut activer ces ressources, nous pouvons considérer trois hypothèses de base :
1. la conscience est première,
2. la conscience crée les champs quantiques de l’inconscient créatif, qui à leur tour créent le monde classique de l’esprit conscient,
3. l’esprit crée et se fraye un chemin à travers des cartes figurant le(s) monde(s).
Ces hypothèses fournissent une base pour comprendre la transe générative en tant que pratique visant à mettre en mouvement l’esprit conscient et l’inconscient créatif vers un niveau intégratif où une transformation créative est possible.
La vie est un voyage de conscience
Cette théorie, bien entendu, est radicale comparée à notre pensée occidentale traditionnelle. Comme le soulignent certains physiciens comme David Bohn, elle a été pour partie le résultat de découvertes expérimentales surprenantes comme :
1. les électrons qui bougent de façon discontinue d’une orbite à l’autre,
2. un électron qui apparaît comme soit une particule soit une onde, selon la conscience qui l’observe,
3. et l’influence non locale, ce qui signifie qu’une particule peut instantanément (c’est-à-dire plus rapide que la vitesse de la lumière) influencer une particule à distance. Des travaux plus récents montrent que la majeure partie de l’univers – environ 96% !! – est composée de « matière noire » et d’« énergie noire » invisibles. De telles découvertes indiquent que le monde classique de l’espace/temps n’est pas premier. En valorisant la conscience comme première, le travail de transe générative reconnaît à chaque personne un potentiel infini d’action créative. Concrétiser ce potentiel n’est pas tâche facile, ainsi un point essentiel du travail est de trouver comment favoriser les états de conscience de niveau supérieur nécessaires à cette
aventure. L’hypothèse est que la conscience évolue sur de nombreux niveaux, bien que lentement et avec beaucoup de virages et de tournants ; le défi est de s’aligner avec et de lui permettre de se déployer encore plus. En termes pratiques, le praticien qui utilise la transe générative avec un client est en train de « méditer dans la relation » avec des idées comme : « Quelque chose se réveille », « Je suis sûr(e) que ceci fait sens », « Il y a quelque chose qui est en train de guérir ». Ensuite, la majeure partie du processus est de s’assurer qu’à la fois le client et le praticien sont dans un état génératif pour réaliser ces possibilités.
C’est le but d’une induction hypnotique : évoluer vers un niveau de conscience plus élevé, au sein duquel l’apprentissage génératif est possible. Pour développer un tel état de con - science, on devient particulièrement attentif au fait de savoir si l’énergie d’une personne s’accroit ou s’intensifie, sa
conscience n’étant plus attachée à l’habituel état d’identité (ou l’état d’identité classique) lié à l’ego. Cela peut être un évènement positif, comme lorsque quelqu’un est touché par l’amour, s’ouvre grâce à la beauté, par une présence esthétique. Mais cela peut tout autant être des évènements négatifs comme les peurs, les addictions, les expériences « hors contrôle » qui sont monnaie courante dans le travail thérapeutique.
Nous voyons les expériences de ce type comme des bourgeons de « transes naturalistes spontanées » par lesquelles l’inconscient créatif tente de se débarrasser de vieilles « cartes » dans le but de guérir, transformer, ou créer quelque chose de nouveau. Le résultat de cette tentative dépendra de la qualité de la relation humaine qui l’accompagne, c’est-à-dire selon que la conscience qui se connecte à l’expérience la crée comme évènement positif ou négatif. Si un évènement expérientiel est vécu de manière positive (« générative »), de bonnes choses (par exemple, de la transformation) se produisent; s’il est vécu de manière négative (« dégénérative»), de mauvaises choses se produisent (par exemple, des symptômes). Ainsi, pour créer une transe générative, on commence par sentir positivement que quelquechose essaie de s’éveiller, puis on va chercher à créer un état de conscience génératif qui va permettre que cela puisse se produire. De cette façon, la transe générative est un moyen de faire venir au monde une conscience nouvelle.
Prenons l’exemple d’un homme dont la mère mourait lentement d’un cancer ;plusieurs fois, cet homme se retrouva dérangé et consterné par ses accès de colère périodiques alors qu’il était assis aux côtés de sa mère. Il reçut de l’aide pour accueillir cet état « autre que l’ego », ce qui incluait de développer un état intérieur centré dans lequel il pouvait être témoin de ce qu’il vivait. Installé dans une transe consciente, il identifia dans quel endroit
de son corps il sentait l’énergie, et quels âges précédents (« 8 ») lui étaient associés.
D’autres expériences associées, à la fois positives et négatives, surgirent également à l’intérieur de la « soupe quantique» de la transe. Guidé par une intention positive de guérison et s’appuyant sur un centrage esprit-corps, il devint capable de se rendre compte que cette rage ancienne représentait une des pièces maîtresses de sa mosaïque identitaire qui était en train de se transformer en réponse à l’imminence du décès de sa mère.
Bien sûr, des changements majeurs auront lieu durant la vie d’une personne– des décès de proches, des naissances, des maladies, des mariages, des divorces,etc. Nous considérons de tels changements majeurs de l’existence comme naturels et inévitables, comme une rivière qui coule tout au long de la vie de la personne, apportant de nombreuses possibilités de croissance et d’éveil. Encore une fois, la transe générative consiste en l’organisation de contextes permettant que ces potentiels puissent être accueillis et positivement réalisés.
La conscience crée les champs quantiques de l'inconscient créatif qui à leur tour, créent les réalités classiques de l'esprit conscient
1. la réalité quantique de l’inconscient créatif, et,
2. la réalité classique de l’esprit conscient.
Le monde quantique est d’un niveau plus profond : c’est l’imaginaire « champ des possibilités infinies », à partir duquel les réalités sont créées. Il est «avant et au-delà» du temps ou de l’espace, vide de formes réelles (matérielles), mais portant en son sein une infinité de formes potentielles. Quand vous demandez à quelqu’un d’où lui est venue une idée créative, la réponse est habituellement : « Je ne sais pas » ou « Elle est juste venue comme ça ». On appelle ce « mystérieux espace d’où vient toute pensée créative » le champ quantique de l’inconscient créatif. Quand la conscience interagit avec le
monde quantique, elle fait « déferler » un champ d’onde qui contient de nombreuses possibilités à l’intérieur du monde classique de l’esprit conscient, qui garde une réalité spécifique. Ce monde classique est la réalité conventionnelle des « choses » séparées: matière solide, espace et temps, physique
newtonienne, objets « réellement » présents. Il s’agit du monde empirique des valeurs uniques : une chose est soit vraie soit fausse ; si vous êtes ici, vous ne pouvez être là-bas; ce que vous voyez, c’est ce que vous obtenez. La causalité logique s’applique, le temps progresse (et ne régresse pas), ce qui est né doit aussi mourir, les choses sont telles qu’elles sont. Le monde classique inclut ce que l’on a déjà vécu, les traditions dominantes et l’histoire de ce que nous avons été jusqu’à maintenant.
Ces deux mondes sont complémentaires l’un de l’autre sur de nombreux points, notamment les suivants :En observant ces complémentarités, on peut voir que la conscience créative a besoin des deux mondes. Les champs quantiques de l’inconscient créatif portent tous les formes ou états de toute
chose.
STEPHEN GILLIGAN
Psychologue, psychothérapeute, auteur et formateur. Docteur en Psychologie (Stanford University). A étudié l’hypnose, dès l’âge de 19 ans, auprès de Milton Erickson. Exerce en pratique privée à San Diego (USA, Californie). A publié de nombreux articles et ouvrages, dont, en français : Le courage d’aimer. Principes et mise en pratique de la thérapie des relations du soi (SATAS).
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