La patiente que je reçois juste après cette lecture vient faire de l’hypnose pour traiter un problème de confiance en elle. Trop tentant, n’est-ce pas ?
Me vient tout de suite à l’idée de construire une séance dans laquelle je lui proposerais d’imaginer qu’elle adopte les postures recommandées. Mais je me retiens. Je sais qu’il est possible que cela ne corresponde pas du tout à son besoin du moment, que je dois prendre le temps de l’écouter, de la questionner, de la sentir… Même si nous avons déjà fait plusieurs séances d’hypnose sur ce problème.
Mais ai-je bien raison de me retenir à ce point ?
Lorsque je lui propose de s’installer dans la position qui lui convient le mieux, je la vois croiser les mains. Je lui dis alors, comme je le lui ai déjà dit lors de séances précédentes, qu’il est préférable de séparer ses mains pour que chacune puisse ressentir les choses à sa façon et, emportée par mon élan, je ne peux m’empêcher d’ajouter : pour adopter une posture ouverte. Et me voilà en train de lui parler de l’article, qu’elle trouve très intéressant. Elle ajoute qu’elle donne des conseils du même genre à ses étudiants pour les préparer aux entretiens d’embauche… J’étais bien embarrassée, ne sachant pas ce qu’avait produit mon intervention intempestive.
J’ai démarré la transe, sans qu’il ne soit plus question de la posture et, à la fin de la séance, j’ai donné à la patiente, à sa demande, l’adresse du blog. Certes, j’ai su me retenir d’utiliser un outil, le bien connu « faites comme si », pendant la séance d’hypnose, mais j’en ai parlé, qui plus est juste avant d’induire la transe, ce qui revenait probablement au même. J’avais commis une erreur, au regard de la stratégie paradoxale qui est la mienne, en la poussant, assez grossièrement, vers son objectif. Mais, plus grave encore, je lui avais donné, dans l’enthousiasme de ma découverte, une information dont je n’avais pas mesuré la dimension implicite que l’on pourrait expliciter ainsi : « Pour avoir confiance en soi, c’est tout simple, il suffit d’adopter une posture physique assurée ». Le « c’est tout simple », message qu’envoie souvent l’hypnose avec ses techniques plus ou moins magiques, contient lui aussi un second implicite problématique : « Il faut être vraiment bête pour ne pas l’avoir compris. » Pour cette patiente, le message implicite que je lui envoyais était encore plus dévalorisant puisque je lui disais quelque chose qu’elle savait déjà : « Vous n’avez même pas été capable d’appliquer à vous-même ce que vous enseignez. »
Évidemment, je n’ai pas dit cela explicitement, mais il n’empêche que c’est une des significations qui peut être donnée à ce que j’ai dit, même si ce n’était pas mon intention. Le danger des messages implicites, c’est qu’il est très difficile d’y réagir sans passer pour un paranoïaque. Ma patiente ne s’est pas du tout formalisée de cette dévalorisation, d’autant que celle-ci, énoncée par l’expert que j’étais, ne faisait que confirmer ce qu’elle pensait déjà d’elle : elle ne valait pas grand-chose… J’étais tout à fait consternée Mais que faire ? Le mal était fait.
Comme elle va tout de même un peu mieux quelques séances après, pour me remonter le moral, je me raconte que,avant et après mon erreur, j’ai su être plus respectueuse. Mais sans doute suis-je encore trop prétentieuse… Les patients ont des ressources qui leur permettent, dans certains cas, de survivre à des thérapeutes maladroits. Force est de constater que les nouvelles théories scientifiques, les nouveautés en général, exercent un intense pouvoir d’attraction et qu’il est difficile d’y résister,même après des années d’expérience. A fortiori lorsque l’on est débutant. Je ne sais pas comment c’était pour vous au début de votre pratique de l’hypnose. Moi, j’avais le trac, le trac de la page blanche. Que faire une fois la transe induite ?
Induire une transe, c’était simple, bien codifié. Mais après, je n’allais tout de même pas refaire, à chaque séance, le coup du « souvenir agréable », première et presque unique technique apprise lors de mon initiation à l’hypnose avec Jean Godin en 1992. En fait, il me paraissait impossible, je ne sais pas pourquoi, d’utiliser deux fois de suite la même technique avec un patient. Alors, je m’étais constitué un répertoire de techniques au fil des formations, séminaires et lectures. Plus ma liste s’allongeait, plus je me sentais rassurée. Et face à chaque patient, après l’incontournable « souvenir agréable » d’introduction, je me posais la question de la séance suivante : quelle technique adopter ?
Quand je sortais d’un séminaire, et à la grande époque de l’Institut Milton Erickson de Paris, il y en eût beaucoup, essentiellement animés par des élèves d’Erickson, c’était facile, la question ne se posait pas : je mettais en pratique les nouvelles techniques apprises. Je trouvais ces nouvelles techniques géniales puisque enseignées par un disciple du Maître, quand ce n’était pas par l’une de ses filles. J’avais appris, de Rossi lui-même, la
technique si impressionnante des mains magnétiques, retenu de Lankton les métaphores imbriquées, collecté soigneusement les multiples techniques de sexothérapie hypnotique d’Araoz, je m’étais exercée au psychoaérobic de Zeig, j’avais été impressionnée par les petits dessins magiques de Joyce Mills, pour n’en citer que quelques-unes.
Toujours en quête d’une nouvelle technique, nous échangions, dans nos groupes de pairs, les bons tuyaux : « L’autre jour, avec ce patient qui manquait de confiance en lui, j’ai utilisé la technique de la photo inventée par Charles, ça a super bien marché » ; « Moi, j’ai fait faire à ma patiente des allers et retours de l’infiniment petit aux confins de l’espace, comme nous l’a montré Jean l’autre jour, ça a été excellent pour elle », « Moi, je raconte des contes, il n’y a rien de mieux pour contourner les résistances »…
1 janvier 2015. Devant mon écran, en entendant les sons de la télévision retransmettant la marche parisienne, j’essaie d’écrire un éditorial. La marche de Charlie continue. Loin et pas loin de Nantes où j’habite. Comment me projeter vers la période de parution de la revue, dans quatre semaines ? Je ne sais déjà pas comment va se finir la journée !
Plaintes croissantes en médecine générale, et en apparence bénignes, les acouphènes peuvent avoir des conséquences graves en terme de souffrance psychique. Daniel Quin nous expose sa manière de travailler dans ce domaine.De plus en plus de patients souffrant d’acouphènes se tournent vers les psychothérapeutes, et en particulier vers les praticiens de l’hypnose.
Psychiatre expérimenté et pionnier de l’hypnose française, Dominique Megglé se devait de s’intéresser aux patients qu’on appelait autrefois les «hystériques ». Et si ce mot pouvait avoir encore un sens utile, générateur de solutions thérapeutiques ?
De nombreux outils dérivés de l’hypnose existent pour aider les entraîneurs et les coachs sportifs. Fin connaisseur, Guy Missoum les présente d’une manière systématisée qui facilite leur mise en oeuvre. Milton Erickson se positionnait volontiers comme supporter de ses patients !
Il n’est pas sûr qu’Erickson ait lu Henri Wallon, et encore moins qu’il ait entendu parler de la théorie du détour. C’est pour cela que la réflexion de jeunes auteurs comme Renato Saiu peut contribuer à enrichir aujourd’hui notre compréhension théorique des processus hypnotiques. L’utilisation de l’hypnose est ancienne. Pourtant sa définition reste floue.
Yves Citton est professeur de littérature à l’Université de Grenoble. Son livre est pourtant transdisciplinaire, et porte sur un sujet qui nous intéresse tous : l’attention. Nous n’avons pas toujours beaucoup appris lors de nos études sur un sujet pourtant capital. Ce n’est pas illogique car c’est surtout depuis une dizaine d’années que les connaissances à ce propos ont été abondamment renouvelées.
Au chapitre de la validation des effets de l’hypnose, Tan et al. confirment chez des patients dorsalgiques l’intérêt de l’autohypnose (2 sessions d’apprentissage, un support audio d’entraînement chez soi). Ils dressent même une équivalence : 2 sessions d’autohypnose = 8 sessions d’hypnose. Les effets sont toujours présents à six mois. Attention cependant, en pratique clinique, que ce qui soit proposé au patient fasse l’objet d’une vraie réflexion sur les options thérapeutiques, car la clef de prises en soins restent évidemment dans cette adéquation.
A l’île de La Réunion, dans l’océan Indien, nous sommes culturellement ancrés par ce tissage structurel où la transe est un mode de communication thérapeutique. Dans la culture indo-tamoule réunionnaise certaines de ces transes sont ouvertement publiques, telle que La Marche Sur Le Feu, sacrifice de soi pour la guérison d’un autre. D’autres transes moins connues sont aussi singulièrement centrées sur la « guérison». Cet article constitue un tout petit aperçu de l’un de ses rites de soin.
Survivre à un traumatisme, de quelque nature qu’il soit, nécessite d’activer ses mécanismes de résilience interne. Parfois il n’est pas possible de dépasser ce traumatisme, soit par l’ampleur des dommages psychiques produits, soit par l’impossibilité d’activer ces mécanismes internes. Comment, en tant que thérapeute, pouvons-nous aider nos patients à réactiver leurs ressources et leur résilience interne ?
« Ce qui fait l’intérêt de l’Auvergne, c’est qu’elle est remplie d’Auvergnats », disait Alexandre Vialatte. « Auteur notoirement méconnu », comme il aimait à se qualifier. Cette Auvergne, un secret plutôt qu’une province, produit des fromages, des volcans et accessoirement des présidents de la République.» « La montagne nous donne des leçons de silence et l’horizon, au loin, des leçons d’éternité. » « L’immense espace dit la solennité, jamais l’emphase. »