Pour financer mes études, je travaille la nuit dans un grand centre parisien spécialisé dans le traitement de cette affection. J’y découvre les patients, la maladie et son traitement. Dans les phases terminales, le médecin rentre dans la chambre du patient, s’assied sur son lit, pose paternellement son bras sur ses épaules et lui dit : « Mon ami, les résultats sont bons et vous allez bientôt pouvoir retrouver votre maison et votre jardin. » Il quitte ensuite ce patient reconnaissant pour aller rencontrer son épouse et ses enfants dans le cou- loir attenant. Prenant un air compatissant et d’une voix triste et sombre, il annonce : « Madame, votre mari est perdu et il vit ses derniers jours. Tâchez de maintenir son moral et de montrer bonne figure devant lui. » Je vous laisse imaginer la suite. Et lorsque le patient, pour lequel les soins actifs ne sont plus efficaces, se permet de faire mentir la prédiction de fin de vie rapide annoncée par le praticien en continuant... à vivre, ledit praticien compatissant, pour abréger les souffrances, prescrit oralement une injection de DLP. Les jeunes générations ne connaissent pas ce cocktail (dolosal, largactil, phenergan) qui fut la panacée des années 1970-1980 et évitait de se poser la question de l’euthanasie qui occupe l’espace de réflexion éthique de notre époque. Ces histoires peuvent surprendre, et pourtant celles que raconte Martin Winkler dans son livre Les brutes en blanc sont comparables.
Nous sommes au XXIe siècle ; autre temps, autres mœurs ? Pas certain. 2013, dans le service de soins palliatifs où je travaille depuis la fin du siècle dernier : nous recevons une jeune dame de 35 ans, mère d’une jolie petite fille de 8 ans, Joan, accompagnée par son époux. Histoire classique d’un couple vivant heureux sur une péniche amarrée sur les berges de la Seine, couple rattrapé par la maladie, cancer de l’ovaire, chirurgie, métastases, échec de la chimiothérapie, transfert en USP pour accompagner la fin de vie. Le couple a été averti du pronostic fatal et cela est un progrès par rapport aux années 1970. Comment s’est effectuée cette an- nonce ? Le 1er mars dernier, dans le service d’oncologie (nouveau terme qui remplace l’ancien de cancérologie) la patiente est avertie de son transfert en USP. La patiente et l’époux posent « la » question au jeune médecin : « combien de temps de vie reste-t- il ? » Avec intelligence, le praticien répond en posant une autre question : « quelle est la date de votre prochain anniversaire, Madame?»;«le15avril».Et notre confrère, comme le conseille la loi, donne l’information : « Vous ne le ne fêterez pas, Madame. » Représentez-vous l’état de sidération des parents de Joan.
D’un excès à l’autre, éternelle balance de la recherche d’équilibre dans le domaine délicat qui unit l’espace de l’impossibilité de solutions thérapeutiques au temps de la proximité de fin de vie. C’est de cet équilibre que nous allons parler, équilibre qui est approché, sinon atteint, dans l’univers très particulier des soins palliatifs. Nous verrons que nos techniques, d’hypnose, d’activation de l’attention et de modification de la conscience, y trouvent leur place, justifiée, vérifiée et efficace.
LES TROIS PROJETS
Premier projet : le projet immédiat.
Ce projet correspond à l’examen cli- nique effectué immédiatement à l’entrée du patient et la question posée à la suite de cet examen est la suivante : le patient présente-t-il des signes de souffrance physique ou morale importants ? Si la réponse est positive, l’équipe engage immédiatement des soins « actifs » orientés vers la diminution ou la disparition de ces symptômes douloureux. Cet engagement peut aller jusqu’à la sédation, technique de soulagement protocolisée.
Lire la suite
Les suggestions post-hypnotiques (SPH) constituent un sujet peu étudié en hypnose, pourtant essentiel. Des centaines de rencontres avec des stagiaires m’ont fait prendre conscience que la différence substantielle entre une prescription de tâche donnée à l’état de vigilance ordinaire et une SPH n’était pas perçue. Pour la plupart, une SPH est simplement une tâche que l’hypnotiste demande au sujet d’exécuter après la séance.
Nous sommes au début des années 1970... du siècle dernier, et le jeune étudiant en médecine que je suis découvre l’univers de la cancérologie. Pour financer mes études, je travaille la nuit dans un grand centre parisien spécialisé dans le traitement de cette affection. J’y découvre les patients, la maladie et son traitement.
La sexualité est un sujet personnel et intime pour chacun d’entre nous. La sexualité est régie par des croyances, des jugements de valeur, des idéaux, des expériences et, nous l’oublions bien souvent, par nos habiletés corporelles, c’est-à-dire la fluidité du bassin et l’utilisation du corps dans son ensemble. Passer la porte du psychologue pour un trouble sexuel demande beaucoup de courage.
Quand résistance rime avec transe. « Pas de modification sans résistance ou passage par la résistance, pas de modification sans perception de l’obstacle à la modification. Mais à l’inverse, pas de modification non plus sans la transe. (...) Ces deux formules doivent être effectuées conjointement... »
Les neurosciences nous éclairent sur les différents modes de fonctionnement du cerveau. Nous comprenons mieux certains comportements, mais aussi de quelles manières les thérapies, médicamenteuses ou non, agissent. Elles apporteront de nombreuses autres informations que nous espérons utiles à la création de nouveaux antalgiques qui font cruellement défaut dans la pratique clinique.
SITUATION ET CIBLE. Biopsie hépatique, ganglionnaire, sous- cutanée dans le cadre d’un essai de phase 1 : permet de connaître le profil moléculaire de la pathologie cancéreuse et/ou son récepteur spécifique. Contexte : patient multitraité et fréquemment en échec thérapeutique.
PEC de toute pathologie cancéreuse.
1. IDENTIFIER LA SITUATION ET DÉFINIR LA CIBLE. Cible: Patientes prises en charge dans le cadre de cancers gynécologiques (cancer du col de l’utérus, de l’endomètre ou du vagin). Réalisation d’un traitement par curie-thérapie chez ces patientes ayant eu plus ou moins de la radiothérapie avec chimiothérapie concomitante.
L’habitude du soignant est de poser des questions et de se fixer sur l’inconfort du patient, alors que l’hypnose permet l’ouverture à ce qui lui est agréable, à l’état de bien- être. En collaboration avec Sophie Cohen, je propose un protocole d’induction au sommeil par hypnose.
1. OBJECTIF DE SOIN: Amélioration de la pose d’une sonde gastrique chez un enfant de bas âge. A l’heure actuelle, ce soin se déroule à l’aide du méopa, de la xylocaïne en spray dans le nez associé avec contention du patient le plus souvent en présence de l’un des parents, que l’on peut être amené à faire sortir lorsque l’enfant ne veut pas coopérer.
Depuis le début de la psychothérapie moderne, l’importance de l’affect a été reconnue comme une modalité centrale du changement thérapeutique. Ainsi Pierre Janet a mis en évidence le rôle majeur de la dimension affective dans la perception de la réalité. Cette dimension rend possible un ajustement dans les relations humaines. Il y a ainsi un lien entre cette dimension liée à l’accueil des émotions et la singularité individuelle.
Les émotions jouent un rôle prépondérant pendant toute notre vie. C’est une constatation et il n’y a aucun doute à ce sujet. Les personnes en général joyeuses, détendues, enthousiastes sont déclarées heureuses même si les conditions dans les- quelles elles vivent sont modestes. Dans la vie de tous les jours, nous sommes amenés à changer régulièrement de contexte relationnel, ce qui suppose des capacités d’ajustement.
Pendant longtemps, le paradoxe de la culture psychologique dominante a été de vouloir penser la relation thérapeutique en ignorant le lien entre relation et subjectivité. En s’intéressant à un sujet indépendant de la relation, celle-ci est devenue un mystère, réduite à la suggestion et au transfert, et les émotions ont été perçues comme émanant d’une subjectivité pathologique.
Frédéric vient de quitter le tram qui l’amène sur une jolie place où une fontaine hésite à reprendre ses jeux d’eau après la pause hivernale. Il marche d’un pas régulier. Le calme semble s’échapper des empreintes de ses semelles. Son regard, un peu dans le vague, n’accroche aucun regard des passants qui frôlent sa silhouette. Quelles pensées peuvent-elles bien traverser sa tête ? Est- il soucieux ? Indifférent ? Serein ?
Chères lectrices, chers lecteurs, Le patient vient nous trouver en se munissant de sa plainte. Il nous la confie, nous l’expose, et attend de nous la guérison. Mais laquelle ? La plainte est souvent le motif de consultation, le prétexte physique, psychique et social pour rencontrer quelqu’un dont le rôle est celui de soigner. Une idée selon laquelle on guérit parce qu’on n’a plus la plainte. Le symptôme a disparu, alors nous ne sommes plus malades.
Lors d’un voyage dans le nord-est de la Thaïlande, mon intérêt pour la méditation m’a amené à découvrir la pratique du yoga. Le hasard, en effet, m’a conduit à une séance de méditation où j’ai rencontré Pancho qui organisait dès le lendemain un stage intensif de yoga de sept jours.
Pouvez-vous nous donner quelques informations sur votre famille ? Giuseppe De Benedittis : Je suis né dans une petite ville du sud de l’Italie, Puglia. Ma famille tenait une boutique de torréfaction de café. Mon père m’a encouragé à poursuivre mes aspirations et j’ai effectué mes études de médecine à la prestigieuse Université de Padoue. Je suis de- venu neurochirurgien.
Abécédaire François Roustang. Sylvie Le Pelletier-Beaufond, que la revue « Hypnose & Thérapies brèves » connaît bien et apprécie, publie un abécédaire dans une forme très ori- ginale où les notions se font véritablement écho. C’était un des derniers pro- jets réalisés avec François Roustang.
Dire bonjour à nouveau, sous la direction de Catherine Mengelle et Pierre Blanc-Sahnoun. Le texte majeur de l’approche narrative sur le deuil est enfin publié dans le livre Dire bonjour à nouveau édité chez Satas. La traduction du texte de Michael White est excellente et permet de comprendre la finesse de sa pensée dans la résolution des deuils pathologiques.
Voici deux ouvrages sur le traumatisme qui s’appuient sur des histoires de vie et présentent deux abords différents du traumatisme : Ben Furman questionne les survivants et reçoit réponse de ceux qui expriment leur résilience, Bessel van der Kolk présente des survivants venus ou adressés à un Trauma Center. Il n’est jamais trop tard pour avoir une enfance heureuse, Ben Furman