Frappée par les correspondances musique/ hypnose, mais ne sachant pas comment les mettre en mots et surtout en pratique, je suis de plus en plus souvent confortée dans mon intérêt pour ce domaine. Depuis les métronomes de Claude Virot pour illustrer la souplesse qui permet l’adaptation et l’harmonie, jusqu’à cette initiation au tango dont j’ai surtout retenu que le couple commence par s’accorder, yeux fermés et face à face, par un léger balancement en miroir. De la pratique de la musique en duo où les respirations et les gestes se synchronisent (et aussi, très probablement, les ondes cérébrales des musiciens), jusqu’aux neurones miroirs de Damasio. Des techniques de chant utilisées par certaines femmes lors de l’accouchement pour calmer la douleur des contractions, jusqu’aux chorales de patients Alzheimer qui font alors de nouveaux apprentissages… Les ponts entre hypnose et la musique sont nombreux. Tout comme sont remarquables les mots communs à l’un ou l’autre domaine (timbre, rythme, mélodie, accordage, souffle, harmonie, répétition, dissociation…). Et proches le travail corporel et émotionnel avec l’hypnose et celui des musiciens
(bercement, balancement, travail avec la respiration, mise en mouvement, vibration, résonnance...).
Dans la revue Hypnose & Thérapies brèves n° 27, l’article de Sophie Cohen commence par ces mots : « Chers lecteurs, en quoi l’hypnose peut-elle avoir un lien avec la musique ? Et si l’hypnose était une musique ? ». J’ai bien sûr rencontré dans ces pages le clavier hypnotique de Stéphane
Ottin Pecchio et son « hypnose musicale ». Et puis ces articles et liens qui « tournent autour » : hypnose et danse, un atelier au congrès de Biarritz animé par une chorégraphe, un autre atelier et des vidéos autour du silence… En passant, après quelques détours, par ce livre de référence en ethnomusicologie de Gilbert Rouget. En voici un passage à propos des séances de ndöp au Sénégal : « Une étroite relation interpersonnelle s’établit à ce moment entre le tambourinaire et la possédée. Le tambourinaire prend en quelque sorte celle-ci en charge. Se tenant tout près d’elle, il ne la lâche plus, attentif à ses moindres mouvements, observant sans cesse son comportement et se réglant sur lui pour précipiter le tempo ou au contraire le ralentir, choisir les battements qu’il faut (….).
Mais s’il peut l’entrainer ainsi et finalement la mener où il veut, c’est qu’il a su instaurer avec elle une étroite entente ». Vous aurez reconnu dans cette transe musicale cet étroit accordage que nous recherchons avec le patient pendant un travail d’accompagnement hypnotique.Observons, observons… Et constatons l‘intérêt des soignants, par exemple au bloc opératoire, pour entourer le patient d’un accompagnement musical, généralement choisi par le soignant pour les propriétés relaxantes qu’il lui prête, ce qui donne parfois des effets paradoxaux ! Car pour les patients comme pour une bonne partie des soignants, y compris parmi ceux qui sont formés à ces techniques, il faudrait « être détendu » pour pouvoir faire de l’hypnose, et cette détente serait facilitée par l’écoute d’une musique relaxante, selon une équation contestable hypnose = relaxation.
Comment et pour qui le thérapeute utilise-t-il réellement la musique ? Le patient, vraiment ? Mais dans ce cas comment, en lui imposant une musique, peut-il suivre de près le monde du patient, ses représentations, ses goûts ? Le thérapeute mettrait-il plutôt la musique pour lui-même ? Ou encore pour l’équipe qui aura ainsi reçu le signal paradoxal « silence » et se déplacera plus lentement, fera moins de bruit, rendant ainsi l’environnement médical moins agressif ? Quelle musique utiliser alors ? Si vraiment on recherche la relaxation, alors la structure musicale devra répondre à un cahier des charges bien précis : induction par une mélodie agréable avec une harmonie complexe, puis simplification harmonique et descente progressive vers des sons graves et vers un rythme proche du rythme cardiaque de repos (environ 60 battements par minute, qui est aussi le tempo des berceuses du monde entier) Phase d’entretien, puis réassociation par restauration du rythme et du mouvement initial. Le tout pendant un temps précis qui doit théoriquement être respecté et ne laisse donc pas beaucoup de liberté ni au patient… ni au thérapeute. Cette approche de relaxation, qui a ses applications, me paraît très occidentale et pas toujours bien adaptée au travail hypnotique dont nous savons qu’il nécessite souvent un travail actif, voire intense, du patient, et qui peut être très éloigné de la relaxation…
Alors que faire avec la musique ? Soit la musique constitue un bruit de fond parmi d’autres sons, qui pendant le travail hypnotique vont peu à peu se mélanger, se fondre et passer à l’arrière-plan comme les autres composants de l’environnement extérieur, soit la musique fait partie intégrante de l’hypnose. Et dans ce cas comment être pertinent et suivre au plus près, musicalement, les différentes phases de notre travail avec le patient ? Utiliser une musique choisie par le patient ? Oui mais… pensons au confort du thérapeute qui parfois aura bien du mal à supporter le résultat. Pensons aussi aux résonances émotionnelles imprévues : imaginons que le thérapeute se retrouve comme cette patiente en larmes pendant toute l’intervention car la musique choisie était celle diffusée lors de l’enterrement de son père… A ceci je ne vois pour l’instant qu’une réponse : si accompagnement musical il y a, alors la musique doit être créée au fur et à mesure du travail hypnotique, par le thérapeute, pour et avec le patient et c’est bien ce que fait Stéphane Ottin-Pecchio dans son accompagnement pianistique. Et comme il n‘est pas donné à tous de pouvoir emmener un piano à queue dans son cabinet ou en salle d’opération, il nous reste à explorer des pistes pour pouvoir accompagner le patient en musique dans l’hypnose.
La voix, premier instrument ? Observons alors comment nous utilisons notre voix pendant les transes. C’est d’ailleurs un paradoxe: le langage et le lien hypnotiques, nous dit-on, sont majoritairement non verbaux, et pourtant dès le début, au cours de notre apprentissage de l’hypnose, nous explorons les subtilités de la langue, les doubles négations, les implications, les mots qui protègent, l’art de suggérer un mot avec sa propre absence, enfin des procédés complexes qui bien souvent prennent la première place. Et même lorsque nous apprenons, avec l’expérience à respecter le silence, à ralentir, à dire juste un mot de temps en temps, il n’en reste pas moins que nous parlons…. beaucoup. Pourtant notre voix n’est pas la même que d’habitude : son rythme est généralement plus lent, son intonation plus grave, son timbre même plus riche : sa musique est différente, qui s’adresse d’une autre façon au patient. Parfois même seule cette musique sera perçue, comme pour ces enfants d’hématologie trop fatigués pour l’effort de concentration que nécessitent les mots. Ou peut-être même, poussons plus loin, comme pour ces personnes qui, une fois réassociées, ne se rappellent pas un seul des mots du thérapeute…
Ou comme pour tous ces patients qui, sortant de transe, ne nous restituent pas les mots prononcés, mais nous parlent, de façon plus globale, de notre voix qui est un lien, un pont, une sécurité pendant l’hypnose. A l’intention thérapeutique près, nous sommes proches de Georges Aperghis dans ses « Récitations », qui crée une musique de la voix, une syntaxe musicale affranchie du sens verbal, et il est probable que très souvent le patient n’entende
que cette musique.
QUI EST ÉRICKSONIEN ? C’est le printemps, et nous sommes en pleine effloraison éricksonienne ! De nombreux instituts éricksoniens divers et variés continuent de voir le jour, des livres éricksoniens de paraître, des sites de praticiens éricksoniens d’être mis enligne. Les éricksoniens en font des tonnes…Mille tonnes comme m’avait suggéré mon logiciel de dictée vocale à qui je m’étais confié au sujet du Magicien du Désert !
CONTRIBUTION À LA NATURE VÉGÉTALE DE L’HYPNOSE. Digressions à la manière d’un road-movie sur la pratique de l’hypnose, entre académisme et sérendipité. C’était une journée banale. Je devais me rendre dans un hôpital pour une conférence. Après un démarrage un peu matinal, la route départementale me mène de Vaison jusqu’à l’autoroute à Bollène. La routine. L’arrivée au péage. Ralentir, s’arrêter, prendre le ticket. La barrière qui se lève. Première, seconde, troisième.
Par Fanny MILLER, avec la contribution de Pierre-Henri GARNIER. L’ACTEUR RÉSEAU « HYPNOSE ». Non seulement écouter le patient douloureux chronique, mais observer son langage lorsqu’il raconte sa rencontre avec l’hypnose. Tel a été le sujet d’une recherche menée par une jeune psychologue avec l’aide d’un logiciel d’analyse de mots.
Par Guillaume DELANNOY, Grégory LAMBRETTE. APPROCHE PRAGMATIQUE ET INTERACTIONNELLE. Voir autrement une situation bien souvent décrite en terme de blocage. Les auteurs nous proposent ici de considérer le harcèlement au travail comme une interaction dans laquelle la victime devient active et permet qu’un processus vivant modifie la donne.
POUR PERFORMER PARFAITEMENT. Fille de l’hypnose, la PNL reste une pratique vivace dans certains domaines comme la préparation sportive. Spécialiste reconnu, l’auteur en présente les principaux outils utilisés. Développée initialement dans les domaines de la thérapie et de l’optimisation de la vie quotidienne, la PNL s’est très vite répandue dans l’univers de l’entreprise.
Juhani Pallasmaa est architecte et finlandais. Il vient de publier un livre dont le titre fait immédiatement écho à tout praticien utilisant dans son travail l’approche d’Ernest Rossi : La main qui pense. Original dans la forme (car abondamment illustré, comme notre revue, d’images en noir et blanc qui éclairent considérablement le propos), il l’est aussi dans son projet : « (…) souligner les mécanismes relativement inconscients de la pensée et de la création qui sont à l’oeuvre chez l’écrivain, l’artiste, l’artisan ou l’architecte ».
Pour le moins c’est clair !En moins de temps qu’il n’en faut pour le lire, j’ai eu la sensation, pour ne pas dire la conviction, que je vaux moins que zéro, à moins que...Prenons les mathématiques : moins et moins cela fait plus. Sauvé ! J’ai volé deux pommes, et la vieille dame s’est retrouvée avec deux pommes en moins, le lendemain j’ai récidivé. Elle avait encore deux pommes en moins, et moi, j’en avais quatre en plus. Simple non ? Moins deux et moins deux donne quatre.
Commençons par les actualités dans le soin. Kamen et coll. (2014) confirment l’intérêt de l’hypnose dans les nausées et vomissement liés à la chimiothérapie chez les patients atteints de cancer (avec l’avantage très formel de ne pas nécessiter de matériel et que le patient peut apprendre l’autohypnose et donc pratiquer seul). Toujours dans le cancer, une étude prospective de Paquier et coll. (CHU de Poitiers) montre l’intérêt d’une séance d’hypnoanalgésie accompagnant la photothérapie dynamique (traitement de lésions cancéreuses ou précancéreuses).
Contributions de Roxanna ERICKSON-KLEIN, Alexander VESELY, Mary CIMILUCA.
Traduction Thierry SERVILLAT.Le film Magicien du désert, réalisé par Alexander Vesely, est un film sur le Dr Milton Erickson. Il parle à la fois de l’histoire de cet homme remarquable, et des profondes impressions que celui-ci était capable de provoquer en un instant. C’est l’histoire de l’impact qu’il a eu sur des personnes et sur le métier psychothérapeutique en pleine évolution. Les personnes ayant cette capacité sont rares et leur propre histoire est singulière.
Par Isabelle BARGELE, Armelle TOUYAROT. Pourquoi un article d’information sur le réseau « Hypnose et maternité » dans la rubrique « billet d’humeur » ? Il semble que ce soit courant d’associer « humeurs » et maternité… Humeurs fluctuantes en raison notamment de leur rapport avec les hormones. Revenons au dictionnaire : Humeur : du latin humor, liquide. Disposition affective de base dont les variations entre une tonalité agréable (pôle du plaisir) et une tonalité désagréable (pôle de la douleur) seraient sous-tendues par une régulation neuro-humorale (Larousse).