Thérapeutes, au moyen de l’hypnose, nous avons une chance assez remarquable, que nous passons parfois trop outre. Point trop dans notre pratique de rechercher les causes des symptômes du patient, ou d’en analyser (trop) longuement les tenants et aboutissants. Nous allons dans l’expérience en proposant le changement tout en sachant que nous ne savons pas tout du patient... Nous n’affirmons pas de vérité générale en ce qui concerne la dynamique du patient, son diagnostic, les raisons profondes ou anciennes de son mal-être. En ne jugeant de rien, l’expérience de l’hypnose nous plonge avec le patient dans cette exploration d’alternatives face à la souffrance, ouvrant à l’apprentissage de nouvelles possibilités en puisant dans ses ressources internes. Parfois en ne faisant rien d’autre que l’expérience de l’état hypnotique, elle laisse apparaître de nouvelles perceptions, des solutions. Erickson décrivait cet effet comme la présence d’un inconscient bienveillant qui nous met en contact avec des ressources internes puissantes et aidantes.
A notre bureau, ou le fauteuil dans lequel on se tient, nous avons le privilège de proposer au patient la possibilité d’observer autre chose que les méandres des causes et raisons de ses maux. François Roustang nous disait que le thérapeute doit être « un provocateur de vie ». Ramener le patient à sa propre présence avec la même intensité que le thérapeute l’est pour lui. Nous avons la disposition de faire considérer l’idée du changement, pour ne pas employer le mot de guérison nécessairement, comme une possibilité présente dans l’espace thérapeutique.
« Pouvez-vous vous installer aussi confortablement dans ce fauteuil que vous le seriez dans ces moments de votre vie ou votre question serait déjà résolue, sans avoir eu à savoir ni comment ni à quel moment cela s’est fait. Et observez ce que fait votre corps, en quoi vos pensées sont différentes. »
Cette expérience immersive au moyen de cette proposition est surprenante déjà par le fait de sa simplicité, autant que la confusion instantanée produite chez le patient. Rares sont les disciplines ou moyen de traitement, qu’ils soient physiques ou psychiques, qui peuvent proposer au patient de faire directement l’expérience du changement qu’il espère. Bien au contraire, nous nous employons souvent dans les autres domaines du soin à ce que la guérison soit une affaire si sérieuse qu’elle ne pourrait se faire qu’à la condition de la difficulté, de la longueur, d’un lourd investissement, du travail dans ce qu’il a de laborieux... Considérons autrement les champs du possible, de faire que le changement soit facilité, avec légèreté, peut-être plus rapidement à condition de ne pas vouloir aller trop vite... Comme si nous changions de point de vue, autant que de changer de place dans une situation figée.
Je reçois un patient qui a été vu à de nombreuses reprises par un collègue, sans qu’il ne puisse ressentir une amélioration. Situation figée. Il se plaint d’impulsion où il a un comportement d’auto-agression, en se pinçant, parfois en se donnant des coups, à chaque fois où il est dans une situation de s’exposer en public. Il me raconte comme l’idée de parler en public, d’être en représentation lui fait ressentir comme « d’être jugé, de ne pas savoir quoi dire, comment faire, être à la hauteur... je me laisse déborder, je suis envahi par les pensées des autres ». Loin d’entendre des voix, il a surtout une grande sensibilité : « J’ai l’impression que je ressens trop leur présence, le stress, les émotions... Le problème étant qu’on me demande souvent, je suis très sollicité ! »
Où le patient-capitaine note ses étapes, les changements. Jusqu’à notre prochaine rencontre, je vais vous demander de vous munir d’un petit carnet, que vous devrez garder sur vous en permanence, où que vous soyez. A chaque fois que votre problème commencera à se manifester, vous sortirez immédiatement votre carnet et vous noterez tout ce qui se passe, en suivant scrupuleusement les instructions qui y figurent, dans les moindres détails.
L’auteur présente son travail avec les personnes déprimées et la façon dont il combine des tâches de différentes natures : reprise de contacts sociaux, du mouvement, ouverture aux parfums. Il partage ici le script qu’il utilise souvent dans la phase initiale de son travail avec les personnes déprimées.
Partir au bal ? Pourquoi pas ? L’hypnose, définie par Milton Erickson comme « une relation pleine de vie qui a lieu dans une personne et qui est suscitée par la chaleur d’une autre personne », a toute sa place auprès de la population âgée. En effet, le quotidien de la médecine gériatrique est grevé de polymédication et d’iatrogénie poussant le soignant à chercher des solutions non médicamenteuses mais aussi des solutions plus humaines et moins techniques.
Une Note, c’est ainsi que ce billet sera nommé. Une note, comme une note de musique ; la musique, essentielle à François Roustang, porte les silences et les mesures, les harmonies et les dysharmonies, telle, aime-t-il à citer après d’autres, la « musique des astres ». L’harmonie avant toutes choses. En effet, c’est ici la première note qui ouvre au travail de François Roustang.
Cancérologie, Oncologie : je ne sais pas vraiment quel mot utiliser. Dans Cancer, on entend Hippocrate qui compare la maladie à une bête rampante comme le crabe ou le chancre. Dans Oncologie, on entend quelque chose d’un peu plus neutre, d’un peu moins maléfique, la science des tumeurs. Dans l’un comme dans l’autre, se dessine quelque chose d’innommable qui grossit dans le corps et met la vie en danger de manière indicible.
Lorsque les patients suivis en oncologie parlent du cancer, des traitements et de leurs effets secondaires, ils utilisent souvent les mêmes expressions. Plus que de simples tournures de phrase, elles renseignent l’hypnothérapeute sur les représentations du patient et sur les efforts d’adaptation qu’il déploie pour faire face à l’intrusion du cancer, de ses traitements et de leurs effets indésirables dans sa vie.
Comment vivre avec la vulnérabilité et la fragilité engendrées par l’épreuve du cancer ? Darwin prétendait-il avec raison que les espèces qui survivront ne seront ni les plus fortes ni les plus intelligentes mais celles qui sauront s’adapter ? Le contexte de la maladie oncologique ne correspond-il pas à une situation particulière pour laquelle l’adaptation est nécessaire pour s’assurer la meilleure qualité de vie possible voire la survie ?
Bouleversement des repères, séisme personnel, familial et social, le cancer est une épreuve de vie. Une épreuve qui nous fait percevoir notre vulnérabilité, notre finitude, de plein fouet. Comment pouvons-nous aider, nous, soignants de passage, sur un tel chemin ? Quelle légitimité avons-nous, nous qui sommes souvent naïfs de toute épreuve ? Comment prendre soin de l’autre dans son entier quand nous n’avons appris qu’à ausculter les corps ?
Je vis l’hypnose comme un abandon. Un abandon de moi, un abandon de la maladie, un abandon total. Durant ces quelques minutes précieuses pendant lesquelles je suis dans cet état second, je ressens un véritable relâchement du corps et de l’esprit. Pour ce faire, il faut à mon sens deux composantes essentielles. La première étant bien évidemment d’être réceptif à cette pratique. Ce qui n’est pas forcément évident pour tout le monde.
Avec les chaleurs de l’été, je ne me le fais pas dire deux fois. Je n’ai même pas besoin d’y foncer, je suis déjà à l’entrée de mon marchand de glaces avec toute la patience nécessaire pour supporter avec sérénité la queue qui s’est formée devant son comptoir. Ses glaces sont excellentes, distribuées dans, sur et presqu’autour du cornet. Seule ma langue frémit d’impatience.
Chers lecteurs, certains patients nous exposent à des situations parfois bien singulières. Si votre souvenir vous porte au précédent numéro, « L’odeur de la guérison » vous aura peut-être surpris, dérangé, ou fait rire. Tout à la fois peut-être aussi. Je vous rappelle que vous pouvez interagir entre chaque numéro en adressant à la rédaction ou à l’adresse mail de votre auteur vos remarques, questions, et, surtout, expériences personnelles que nous pourrons publier.
Comment améliorer l’étude de l’hypnose ? Il semble indispensable de développer des recherches qualitatives pour décrire la façon dont les patients vivent la séance d’hypnose. L’entretien d’explicitation pourrait être une aide pour recueillir le vécu subjectif des sujets. L’entretien d’explicitation est éclairant à la fois par ses outils pratiques et par la démarche même qui a guidé son élaboration.
Bonjour Patrick, quel a été ton parcours personnel avant que tu ne t’intéresses à l’hypnose ? Patrick Bellet : Mon intérêt pour l’hypnose remonte à l’âge de 12-13 ans lorsque, par hasard, j’ai découvert dans la revue Planète à la fois l’existence de l’acupuncture et de l’hypnose. Intéressé par les sciences naturelles en général, cette lecture m’orientera vers des études médicales qui elles-mêmes, d’évidence (!), prendront conjointement la forme de l’acupuncture et de l’hypnose.
Yves Gros-Louis, psychologue canadien et Huron-Wendat, nous permet de découvrir le lien entre la sagesse des premiers Indiens d’Amérique et l’approche centrée solution. Chez ce psychologue spécialisé en toxicomanie, la découverte en 1994 de l’approche brève orientée vers les solutions fut un électrochoc. Les rencontres avec ses clients sont devenues très agréables et détendues.
Les 26 et 27 mai dernier, le 11e Colloque de L’AFEHM a eu lieu en Corse. Premier congrès consacré à l’hypnose dans l’Ile de Beauté. Pour cela, Jean-Marc Benhaeim avait choisi des thèmes centraux : la présence, l’expérience, le silence. Nous étions une centaine de soignants de spécialités et d’orientations diverses. Les temps d’échanges furent nombreux.
Associer l’hypnose, kinésithérapie et MEOPA (gaz utilisé pour obtenir une sédation légère, courte et sans perte de conscience) améliore significativement la prise en charge du syndrome douloureux régional complexe de type 1 (SDRC, anciennement algoneurodystrophie) de la main et du poignet.
Après un avis défavorable de l’ANDPC sur l’enseignement de l’hypnose aux infirmiers et un nouveau dénigrement de l’hypnose médicale dans un article du Quotidien du Médecin du 30 mai dernier, le Dr Frédérique Honoré, présidente de l’Institut Milton Erickson de Biarritz, a écrit une lettre ouverte à Madame Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé.