L’équipe de Wannemueller (2011) a comparé : une prise en charge cognitive et comportementale, deux mesures d’hypnose (script standard ou accompagnement individualisé), et enfin l’anesthésie générale (diantre !). Les mesures d’anxiété concernaient deux soins dentaires, espacés d’une semaine (mesures avant/après chaque soin). Globalement, l’anxiété est réduite par thérapie cognitive et comportementale et hypnose individualisée mieux que sous anesthésie, avec de meilleurs résultats pour la première forme de prise en charge.
Quelles incidences cliniques en découlent ? D’abord, on s’en serait douté, l’anesthésie n’est pas la bonne solution : elle aide à faire le soin mais d’un acte à l’autre, il n’y a pas de prise en charge du problème anxieux. Ensuite, que l’usage de l’hypnose active (visualisations co-construites) couplé avec des techniques cognitives et comportementales offrira de meilleurs résultats qu’une simple relaxation hypnotique (standardisée ou non).
On retrouve cette idée de meilleurs effets en couplant hypnose et approche cognitive et comportementale dans d’autres champs, comme en douleur chronique (Jensen et al., 2011). Ici, l’efficacité est globalement plus importante sur le niveau de douleur et le niveau de catastrophisme qu’avec des prises en charge en hypnose « simple », un entraînement à l’auto-hypnose, ou le cadre d’une éducation thérapeutique.
Et si, au final, Charcot avait raison en fusionnant hypnose et hystérie ? Comme nous l’évoquions dans ces pages au dernier numéro, l’année 2010 a été marquée en recherche par une certaine explosion du simple schéma bas/moyen/hautement suggestible pour tester l’hypnotisabilité. Les Suédois Terhune, Cardena et Lindgren (2011) ébranlent un peu plus les certitudes en étudiant différentes capacités du sujet (réponses aux suggestions hypnotiques, fonctionnement cognitif, prédisposition à la vie imaginative, à la psychopathologie et au trauma) au regard de deux dimensions : la suggestibilité et la propension à la dissociation psychique.
Sans surprise, les sujet « hautement suggestibles/hautement dissociables » sont ceux qui répondent le mieux aux tâches hypnotiques, du moins globalement, car l’imagerie visuelle fonctionne mieux chez les patients « hautement suggestibles/faiblement dissociables ». Or, le premier groupe est aussi celui qui est le plus sujet aux troubles psychopathologiques… Autrement dit, les « trop bons sujets » reposent la question de l’hypnotisabilité et de la psychopathologie.