La reconquête de la liberté du corps et de la pensée face aux toxiques
Il n’y a ni lieu ni moments privilégiés pour arrêter de fumer du tabac, du cannabis, pour arrêter de consommer de la cocaïne, de l’héroïne, pour arrêter de boire de l’alcool, pour s’éloigner des amphétamines, du LSD, des champignons hallucinogènes, pour cesser le mésusage médicamenteux.
En effet, chacun d’entre nous peut s’engager dans une démarche pour se libérer de conduites addictives quand il le décide, en mobilisant ses propres ressources et en se faisant accompagner par une équipe médico-sociale spécialisée. Ma pratique médicale dans le milieu carcéral m’a effectivement conduit à reconsidérer le contexte favorable ou non à la réalisation d’un sevrage ou sur la mise en œuvre d’une politique effective de réduction des risques dans les addictions.
Face à l’incarcération qui caractérise l’isolement et la mise sous surveillance d’un homme ou d’une femme sur décision de justice, certains patients choisissent de s’éloigner de la substance dont ils sont devenus dépendants, témoignant ainsi d’un désir profond de recouvrir l’autonomie de penser et de faire.
La mise à disposition de traitement de substitution aux opiacés (TSO) ou traitement des addictions aux opiacés (TAO) offre un moyen de mettre en place un sevrage cliniquement et psychologiquement mieux supporté.
Cependant, malgré une diminution progressive de posologie, l’arrêt du traitement de substitution peut s’accompagner d’une résurgence de douleurs et surtout d’angoisse liée à la peur du manque.
Différentes publications plaident pour la plus grande vigilance quant au sevrage réalisé avant la sortie des établissements pénitentiaires. En effet, les risques de reconsommation et d’overdose sont extrêmement importants dans les jours qui suivent la sortie de prison.
Ce préambule reflète toute la complexité d’une démarche médicale qui semble de prime abord salutaire, visant à éloigner les patients en détention d’une dépendance qui les prive de leur liberté de penser.
Mais le taux croissant d’overdose en milieu libre nous conduit à conforter le souhait du patient en détention vers une prise en charge des addictions, tout en adoptant une démarche suffisamment critique. Elle s’appuie sur l’analyse rigoureuse des différents risques de manque ou d’exposition « aux produits » (politique du moindre risque), pour apprécier le moment le plus opportun du sevrage.
A propos d’hypnose... Face à la complexité de cette situation, l’hypnose m’apparaît comme un outil à disposition du patient et de l’équipe médicale. Elle offre au patient un espace d’apaisement, de respect, de bienveillance qui fluidifie les pensées et le protège de l’envahissement par les émotions les plus négatives. Elle autorise le rétablissement de liens efficients.
Qu’il s’agisse d’un patient entré dans l’établissement avec la nécessité absolue d’accompagner un sevrage à l’alcool, ou d’un patient qui souhaite la mise en route d’une substitution en relais d’une toxicomanie, ou enfin d’un patient qui a décidé d’arrêter son traitement des addictions aux opiacés, l’hypnose va être un recours utilisable immédiatement en complément d’une prise en charge plus globale des addictions.
Lors du congrès organisé par Eric Bardot et l’Institut Mimethys à Saint-Brevin-les-Pins en mai 2016, j’ai eu le plaisir de présenter quelques situations concrètes d’aide au sevrage par l’hypnose.
La vie en milieu carcéral illustre pleinement la thématique du vide du désir et des addictions. Dans ma pratique quotidienne l’hypnose face au vide temporel de la prison offre une place à la conscience, sans nous obliger à penser. L’hypnose permet de survoler le désert sémantique des mots. En effet, le vocabulaire restreint, rend l’expression des maux difficile.
Le groupe de parole que j’anime, consacré à la réduction des risques, permet de faire circuler la parole et de lui redonner du signifiant. Mais la souffrance et l’isolement de certains patients rendent l’accès au sens des mots et aux maux de l’autre difficile et trop intrusif.
Les mots des patients... les maux des détenus
Le vide... l’héroïne creuse un trou...
Ce trou est creusé par le cercle des consommateurs d’héroïne.
Le désir... il est toujours présent mais il manque de force.
L’addiction... ça me rappelle le plaisir à fond de l’héroïne
... je pense toujours à prendre quelque chose dans ma tête
... c’est difficile en cas d’inactivité et pour dormir
... j’ai toujours besoin de diazépam.
A propos d’alcool...
Lorsque vous buviez de l’alcool toute la journée, quel rapport entretenez-vous avec le vide ?
- je cherchais à le remplir
- et moi je cherchais à l’oublier.
A propos des « produits », des Traitements de substitution aux opiacés (TSO), de la prison, de l’hypnose...
... l’hypnose ça permet de s’évader
... les TSO permettent d’écarter les murs de la prison
... mon traitement n’est qu’un adjectif : il n’est pas qualificatif
... ce n’est qu’un passage qui commence à être long
... quoi qu’on ait fait, on doit aider les gens... j’ai perdu la confiance de beaucoup de monde
... j’aimerais reboire une bière comme avant d’être alcoolique
... moi j’ai repris de la confiance en moi
... c’est insupportable... ça rend la pensée insupportable
... je ne peux plus me retrouver le premier plaisir.
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Le Dr Pascal Vesproumis, médecin addictologue à Annecy et Evry, Membre de France EMDR-IMO ®
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C’est l’automne et nous nous retrouvons avec les joies de cette saison. Déguster des champignons, s’installer à côté d’un feu de cheminée, être avec un(e) ami(e), apprécier les journées de l’été indien, flâner dans les bois, regarder un film, aller voir une exposition, écouter ici et là un conférencier… lire la Revue, celle-ci, une autre, tout est possible !
Un jour, un professionnel demande à Erickson : « D’accord, ce que vous faites, ça marche, mais tous ces trucs invraisemblables que vous demandez à vos patients de faire, est-ce que c’est encore de la psychothérapie, est-ce que c’est une authentique activité de soins ? » Erickson lui répond : « Oui, mais personne n’est absolument obligé de le savoir, ni le patient ni le thérapeute. »
Avec l’HTSMA, j’ai trouvé une manière vivante de travailler qui intègre chacun des courants de la Thérapie brève. Ce qui m’a amenée à m’inscrire dans cette pratique, c’est la construction d’un « être ensemble » dans la perspective d’une approche interactionnelle du vivant. A partir de cette base, le thérapeute va mettre en scène ce qui apparaît dans la thérapie, par la triangulation : en externalisant grâce à l’imaginaire partagé (souvenirs, sensations, images sensorielles) la problématique de la relation (à soi, au monde, à l’autre).
Ainsi fait suite à notre Première Note évoquant l’Harmonie comme socle de la pensée de François Roustang, la notion essentielle de Correspondances. L’être humain n’existe pas, insiste notre auteur, sans son contexte. Plongé dans un tissu constitué d’une multitude de relations entre tous les éléments qui composent son existence, chaque être fait exister ces éléments qui l’entourent tout comme ces derniers le font exister.
Lorsque Sophie Cohen m’a proposé de diriger ce dossier thématique, j’ai tout de suite été très intéressée. Montrer la diversité des situations où l’hypnose intervient de façon directe ou indirecte au travers de séances et de la communication thérapeutique est un enjeu majeur pour une professionnelle que je suis qui utilise cette approche depuis plus de dix ans.
« La douleur est infinie, la joie a des limites », Balzac. On dit que les grandes douleurs sont muettes. Rien de plus faux. A l’instar d’autres artistes, les écrivains s’avèrent de fins observateurs et des virtuoses de la transformation. Traité avec une incroyable diversité, le thème de la douleur n’est jamais éculé. En effet, il y a mille façons d’éprouver le lecteur, de le faire frémir d’empathie, de l’entraîner dans un sidérant dépassement de soi, un courage inouï, un détachement surprenant, un remodelage du ressenti.
Les « TAC » comme aide technique à la marche. La chute de la personne âgée représente une thématique majeure de santé publique. C’est la première cause de mortalité accidentelle. Tous les ans, environ 450 000 personnes âgées de plus de 65 ans font une chute (INVS) de gravité immédiate variable : hospitalisation, décompensation des pathologies chroniques, fractures, douleurs, dépression, perte d’autonomie, entrée en institution et décès.
Les techniques hypnotiques peuvent apporter une aide précieuse en situation d’urgence, que ce soit lors d’une immobilisation, à l’occasion d’une désincarcération ou d’une mise en condition, mais aussi dans certaines situations obstétricales ou lors de soins dentaires. L’induction furtive de l’hypnose peut s’avérer d’une grande utilité chez ces patients douloureux aigus, dont l’anxiété légitime peut intensifier notablement les souffrances.
L’ancrage des pieds. Pour passer le pas, le pied doit ressentir le sol. Le sol répond par une force réactionnelle. Ainsi, le pied peut propulser le corps vers l’avant. Dans de nombreuses techniques énergétiques, on parle de l’importance d’un ancrage corporel pour permettre à l’énergie présente dans le corps de circuler aisément et ainsi laisser le corps en bonne santé.
La douleur chronique est toujours multifactorielle, associant une atteinte réelle ou virtuelle des voies de la nociception à des éléments de fragilité qui font le lit de la chronicisation : traumatismes anciens ou récents, pathologies associées, concomitantes. L’importance de l’anamnèse est au premier plan, elle permet de mettre du sens et ainsi de choisir la stratégie thérapeutique où l’hypnose va trouver sa place et son efficacité dans un projet partagé avec le patient.
« Bonjour Docteur, je vous appelle pour un rendez-vous ? » « Bonjour Docteur » fait vieux jeu. Je suis jeune, « in », pas coincé. Je pourrais dire : « Salut Doc ! », non, non, cela fait trop copain-copain. « Excusez-moi, Docteur, de vous déranger » Horrible ! C’est du langage du siècle passé. Et en plus, pourquoi m’excuser ?
« Ma voix t’accompagnera », expliquait Erickson à ses patients. Mais quelle voix peut au mieux accompagner un patient en hypnose ? Comment faire en sorte qu’elle soit le plus adaptée à ce contexte ? Tant de patients expriment en fin de séance que c’est la voix du thérapeute qui a été la plus importante. Et pourtant, sauriez-vous décrire précisément en quoi elle diffère de la voix habituelle ? Nous sentons bien qu’il y a un changement mais celui-ci est le plus souvent très intuitif.
Chère Teresa, merci d’accepter de répondre à ces questions pour notre revue « Hypnose et Thérapies brèves ». J’avais envie de le mener depuis longtemps étant donné la place que tu occupes depuis les débuts dans le monde de l’hypnose notamment au Mexique et au niveau international. Peux-tu nous parler un peu de toi, ta famille et ton parcours professionnel ?
La force de la vulnérabilité : Utiliser la résilience pour surmonter l’adversité, Consuelo C. Casula, Satas, collection Le Germe. Pile ou face. Une chose et son contraire. Une chose ou l’autre. Une vulnérabilité ou une force. Une crise et une opportunité. Vent debout. Les ouragans ne se nomment pas tous Irma, José, Maria.
Neuroscience et chamanisme : Les voies de l’illumination, David Perlmutter et Alberto Villoldo. A première vue, ce titre peut prêter à l’étonnement. Dans un deuxième temps, il annonce un livre innovant. En exposant le point commun unissant ces deux disciplines, l’état d’illumination, les auteurs, David Perlmutter, neurologue, et Alberto Villoldo, médecin-anthropologue et chaman, nous révèlent la façon dont chacun peut accéder à cet état particulier, longtemps décrit comme accessible uniquement aux moines, méditants ou chamans de pays lointains.
Manuel d’hypnothérapie digestive, Philippe de Saussure. Ce petit ouvrage est un véritable outil pratique lorsque vous accompagnez des patients qui souffrent de troubles fonctionnels digestifs. Spécialiste en gastro-entérologie, en hypnose, Philippe de Saussure partage au cours de ces 100 pages tout ses savoirs et savoir-faire. Il vous propose quelques scripts d’hypnose qu’il utilise lui-même. C’est un ouvrage précieux et complet.
Chers lecteurs, pour ce numéro nous avons invité un chercheur en neurosciences passionné d’hypnose et de musique. Avant de le laisser nous inviter dans un fabuleux voyage dans le cerveau (attention, accrochez-vous !), Cédric peux-tu te présenter ?