I.Le faux pouvoir et la fausse certitude
Au début, la programmation était dictée par l’agenda du chirurgien et l’anesthésiste était appelé au bloc opératoire pour faire une démonstration de son pouvoir : après de multiples questions stéréotypées protocolisées, l’injection de la chimie magique débutait, le patient monitoré partait dans un coma médicamenteux. Il était désormais sous total contrôle.
La communication se faisait à sens unique vertical et le patient subissait sans préavis. C’était tellement facile et confortable. Le soignant était satisfait. Il avait parfaitement respecté les recommandations, le consensus et les protocoles de bon usage.
Par ailleurs, la peur de la maladie et du pouvoir médical, la fausse certitude d’être incompétent dans la gestion de sa santé paralysaient le patient qui devenait complice du système. Il était couronné par les félicitations des instances médicales.
II.Médecine per opératoire
Malheureusement, nous avons du attendre le Décret du 5 décembre 1994 pour donner une nouvelle forme à notre spécialité. La consultation pré anesthésique devient obligatoire et l’anesthésie prend les dimensions d’une médecine globale centrée sur le patient.
Aujourd’hui, les progrès médico-techniques et les compétences de l’équipe anesthésique apportent les réponses adéquates sur le plan vital.
On observe par ailleurs un développement important dans les domaines de l’anesthésie locorégionale et de la prise en charge de la douleur.
Par contre, les réponses, sur le plan cognitif, au niveau mémoire, concentration, satisfaction, confort…., restent inadéquates.
III. L’hypnose frappe à notre porte
Il y a environ 5 ans, l’hypnose frappe à notre porte, entre et s’installe confortablement dans notre établissement « Le Parc », un centre pour la femme, la mère et l’enfant.
Nous avons facilement résilié le contrat de l’anesthésie générale standardisée, pour faire place à ce nouvel outil.
Il existait bien évidemment des barrages : notre propre peur, peur de la perte du faux pouvoir, du contrôle du patient, de nos propres limites, de l’absence de la formation à la communication…. A cela, s’ajoutaient les obstacles de l’environnement hospitalier.
Rapidement, l’hypnose dépasse la simple prise en charge sous forme de séance au bloc opératoire pour devenir une stratégie de communication. Le langage hypnotique dans la vie quotidienne, de la consultation jusqu’à la sortie de l’hôpital, devient un besoin.
L’expertise de notre pratique est désormais liée au respect du patient, de sa liberté dans la gestion de sa santé. C’est, d’une part, le préalable à la satisfaction de ses besoins, et d’autre part, la garantie médico-légale de notre pratique. Nous avons pu ainsi créé un nouveau couple « acteur – co-acteur ».
IV.L’histoire de Léa
L’histoire de Léa ne se veut pas une démonstration d’école mais un exemple du vécu quotidien.
Il s’agit d’une petite fille de 4 ans et demi qui vient pour une amygdalectomie. Elle a un vécu hospitalier déjà chargé.
Lors de la consultation pré anesthésique, devant la phobie et les résistances de Léa, l’anesthésiste fait appel tout naturellement à la communication hypnotique pour établir une relation de confiance et de disponibilité. Il transforme l’information juste et simple en une relation par la visualisation du parcours d’hospitalisation.
Léa est accueillie au bloc opératoire. Le fait d’avoir un grand nombre de personnes formées à l’hypnose a rendu l’ensemble du personnel, par effet contagieux, chaleureux et à l’écoute du patient. Vous découvrirez lors de la projection du film le vécu au bloc opératoire de Léa.
V. Discussion et observations
Au-delà de la relation avec le patient, la communication hypnotique permet de recréer les liens interpersonnel et interdisciplinaires autour du patient.
La vidéo dans notre expérience devient un outil d’études, d’observation, d’évaluation et de formation.
L’histoire de Léa est un moment d’échange sur la pratique de la communication hypnotique en tant qu’outil à part entière pour une bonne interaction et une réelle créativité.