L’avènement de Dame Morphine et sa simplicité d’emploi ont relégué le dieu Hypnos au rôle de traîne-savate, vieux barbon inutile et dépassé qui, j’en conviens, est nettement moins séduisant que notre jouvencelle efficace et véloce. Néanmoins, qu’en est-il lorsque la demoiselle se fait attendre ou n’a pas droit de cité ? Ne pourrions-nous pas alors nous adresser aux anciens qui n’ont pas hésité, en leur temps, à pactiser avec cette « discipline» vieille comme le monde qu’est l’hypnose ?
UNE DÉFINITION ET QUELQUES PÉRÉGRINATIONS
De l’hypnose, nous en faisons tous les jours, le volant ou la canette à la main, le regard fixe et l’âme en vacances, cet état modifié de conscience nous est aussi familier que la brosse à dents ! Personnellement, je retiendrai cette définition qui me plaît tout particulièrement : « Hypnose : apprentissage des compétences de protection ». Question d’obédience, je pense…
Bref, comme beaucoup le savent déjà, notre hypnose spontanée quotidienne a inspiré quelques grands noms de l’histoire qui l’ont canalisée, décortiquée, adaptée pour en faire un outil de choix dans l’arsenal thérapeutique.
De Mesmer jusqu’à Milton Erickson en passant par bien d’autres, le parcours a souvent été rude.
Notre bon dieu Hypnos a été trimballé, adulé ou diabolisé à travers les âges pour finir au placard dans les années 1900, jusqu’à ce que, entre autres, les traumatisés de guerre américains viennent le chercher pour traiter leurs névroses posttraumatiques. Finalement dévoué et relativement efficace, le vieux monsieur a enfin trouvé une place respectable et légitime aux côtés des thérapeutiques actuelles. Finie la disgrâce !
Notre vieil Hypnos est remis à l’honneur, on l’invite dans les blocs opératoires, les centres de traumatologie ou de grands brûlés, dans les maternités. Il retrouve avec délice le divan confortable des psychiatres, s’amuse avec les enfants, entre en guerre contre l’énurésie et autres fuites de l’âme… Apaise certaines douleurs aiguës ou chroniques, allié précieux en soins palliatifs, il défend les derniers bastions comme s’ils étaient siens. Il rachète psoriasis, eczéma et migraines à qui veut s’en débarrasser et réapprend le contrôle à qui veut contrôler…
Père Noël du psychosomatique, il devient finalement de plus en plus populaire, courtisé parfois même par les beaux parleurs et les politiques pour son discours efficace et sa façon percutante d’utiliser les gestes et les mots.Beaucoup ont donc fini par s’incliner devant ce vieil ami, somme toute très recommandable. Fascinée par la sagesse et la simplicité de ce grand homme, j’ai suivi avec attention ses enseignements et, un beau jour, il m’est venu l’idée de l’inviter dans les ambulances, au contact de nos pompiers à qui Morphine refusait ses charmes.
Et à vrai dire, malgré son grand âge, il s’est rudement bien adapté !
De l’accompagnement simple d’une victime anxieuse du lieu de l’intervention à l’hôpital, jusqu’à la gestion d’une crise d’asthme, en passant par la prise en charge pédiatrique ou la médiation des spasmophiles, il assure, le vieux bonhomme !
Tapi au plus près des victimes incarcérées, casqué et complice sous la toile, l’urgence immédiate est devenue pour lui une seconde nature, offrant à nos pompiers un sacré coup de pouce pour renforcer l’efficacité de notre indispensable secourisme.
Il leur a montré comment canaliser les victimes avec des mots, du souffle et des contacts ciblés, il leur a appris l’art d’accompagner une dissociation péri-traumatique jusqu’à ce qu’un professionnel prenne le relais. Il leur a interdit les mots toxiques (« Monsieur, restez avec moi », comme dans tous les mauvais films où lepatient va mourir !) et enseigné l’art de les rattraper. Leur a montré les jeux de rôles qui apaisent les enfants, les bases du langage
hypnotique, de la focalisation et la puissance de la proxémique. Leur a montré encore comment utiliser leur bienveil-lance naturelle comme une arme anti-douleur et le contexte pour en faire un allié.
En effet, en tenant compte des particularités psychologiques de toute victime d’un incident (dépersonnalisation, déréalisation, stress, phénomènes neurovégétatifs associés,+/- hyperalgie, perte d’autonomie et état dissocié), le premier intervenant qui prend en charge cette victime peut, par le biais de moyens simples (langage, comportement verbal, paraverbal et non verbal adapté), canaliser et encadrer la dissociation péri-traumatique afin d’éviter qu’elle soit mal vécue voire délétère (PTSD).
COMME SUR UN PLATEAU. Dans moins de quatre mois : Congrès de Paris. Un moment historique arrive à grande vitesse. Déjà un très grand nombre d’inscrits, qui vont, comme dans un magnifique restaurant – on sait combien Milton Erickson appréciait cette métaphore de la vie et des choix qu’elle nous propose – avoir une bien jolie carte à regarder avant de se décider à rentrer dans telle ou telle salle de conférence, d’atelier (de pratique ou vidéo), de démonstration...
Vers de nouveaux possibles. Bruno BONAZ - Professeur à la Clinique Universitaire d’Hépato-Gastroentérologie, CHU de Grenoble. Chercheur à l’Unité Inserm U836 « Stress et Interactions Neuro-Digestives », Grenoble Institut des Neurosciences (GIN).
Dans nos contrées cartésiennes, l’arrivée des connaissances sur le système nerveux entérique a mis 20 ans. Mais maintenant, nos chercheurs sont pleinement activés pour mieux connaître le fonctionnement de ces intenses et subtils flux d’informations.
Dans deux récits cliniques de cas de patientes traumatisées, l’une anxieuse, l’autre dépressive, l’hypnose est utilisée pour que les émotions symptomatiques puissent oeuvrer à recréer un espace pour que le mouvement vital reprenne. Peur, douleur, deuil, chagrin : n’avons-nous pas chacun nos prisons, nos enfermements, nos chaînes qui entravent le bon fonctionnement du vivant à l’intérieur de nous ? Quand nous n’allons pas bien, il n’est pas rare que les émotions s’en mêlent.
L’hypnose est habituellement déconseillée pour traiter les patients psychotiques. Sauf lorsqu’un thérapeute expérimenté et prudent propose dans un cadre sécurisé des outils innovants.Cet article présente certains des outils utilisés dans une nouvelle technique de groupe développée à la Communauté thérapeutique de Valme (Séville, Espagne); celle-ci est rattachée au Service andalou de Santé publique, intégré dans le NHS. Nous avons commencé à utiliser cette technique il y a trois ans. Les résultats, dès les premiers groupes de patients, ont été positifs tant aux niveaux psychopathologique que social et général.
Conférencière au congrès de la Rochelle, Marie-José Dumoulin a captivé son auditoire désireux d’établir des ponts entre hypnose et yoga, et a surpris dans sa simplicité lorsqu’elle a fait une séance collective de yoga nidra. L’hypnose et le yoga nidra induisent des états modifiés de conscience comparables. Le yoga nidra fait partie du « raja yoga » : yoga mental. Le yoga nidra est une méthode de relaxation profonde amenant à l’état de méditation mise au point puis diffusée aux alentours de 1960 par Swami Satyananda à partir des yoga sutras de Patanjali et de pratiques tantriques très anciennes qu’il a adaptées au monde contemporain.
Ce 20e congrès de l’ISH s’associe au 9e forum de la CFHTB.
Quelles sont pour vous les valeurs fortes, celles qui donnent toutes raisons de participer à ces deux événements majeurs pour lesquels vous vous êtes investis dans le Comité d’organisation depuis 2009 ?Claude Virot (directeur du congrès) :
Tous les professionnels de santé ayant le bonheur de pratiquer l’hypnose savent que c’est une compétence majeure pour aider nos patients. Elle crée un pont entre la médecine technique et la médecine humaniste.
Bon nombre de patients, individuels ou a fortiori en couple, nous parlent d’amour. Oui, mais comment définir celui-ci ? Y’en aurait-il différentes formes ? Si oui, lesquelles ? Etudier celles-ci est la tâche que s’est assignée Ruwen Ogien, philosophe, directeur de recherche au CNRS, et membre du Centre de Recherche Sens, Ethique, Société (CERSES Paris Descartes). Son ton est mi-naïf, mi-provocatif, ce qu’illustre bien l’image de couverture montrant un lapin et une ours qui semblent en peluche, et qui sont manifestement dans une posture propice à ce que nous appellerons un « gros câlin ».
Qu’est-ce qui vous amène à lire ce pamphlet ou, soyons sérieux, cet article ? La rédaction pourrait bien lancer une enquête afin de connaître l’opinion des lecteurs. Risqué ! Et s’il n’y avait aucun lecteur ? Cela serait chose extraordinaire pour le soussigné. Le Quiproquo n’étant lu par personne, il pourrait contenir un nombre de mots choisis au hasard dans un texte rébarbatif tel un dictionnaire ou le bottin, éventuellement, en faisant un effort, dans un texte complexe d’histoire ou de philosophie.
Commençons en signalant que l’intérêt de l’hypnose en douleur continue de se confirmer : Tan et ses collègues (2015) abordent le chapitre des dorsalgies chroniques. Trois groupes sont constitutes (séances sur 3 mois) : 8 séances de biofeedback ; 8 sessions d’apprentissage de l’autohypnose; 8 sessions d’apprentissage de l’autohypnose avec des enregistrements d’aide pour les sessions à domicile ; 2 sessions d’apprentissage de l’autohypnose avec des enregistrements d’aide pour les sessions à domicile et un appel téléphonique par semaine pour rappel des exercices à effectuer.
Depuis plusieurs jours, je voulais écrire un compte rendu sur le symposium d’ouverture de l’Institut Milton H. Erickson d’Ile de France de Christine Guilloux qui s’est tenu le 5 décembre dernier. Et je me suis réveillée ce matin de Noël, avec la surprise d’avoir eu du courrier…dans mes petits souliers ! Une lettre de Milton Erickson ! Ah, la magie de Noël ! « Chère Marion, Tu étais là, à observer, écouter…et moi aussi. Je t’envoie ce message pour que tu le distribues aux autres. Je ne sais pas si vous aviez senti ma présence dans cette salle ce jour-là. Pourtant, j’étais là à observer et écouter…