Métaphore de la piscine
Un patient arrive chez le thérapeute et se plaint que l’eau de sa piscine est trouble.
Sa piscine est alimentée en continu en eau polluée.
Sa piscine est plus ou moins grande et plus ou moins sale.
Il s’épuise à nettoyer sa piscine et n’y arrive plus tout seul et il vient demander l’aide du thérapeute.
Arrivé dans le cabinet, il hésite entre les 3 thérapeutes présents. Il décide de les consulter tous les 3.
Le premier thérapeute compatit à l’impuissance de son patient. Il lui propose de remonter lui-même ses manches et développe une grande énergie à faire la même chose que son patient : il nettoie.
Le 2ème thérapeute, plus économe de sa personne, va fournir des outils de nettoyage au patient : des aspirateurs, des ballets et autant d’outils plus ou moins sophistiqués. Il apprend à son patient à s’en servir.
Le patient est ravi : le travail est plus efficace et l’eau de la piscine est presque claire mais au prix d’efforts constants, d’un contrôle incessant et de stratégies compliquées.
Le 3ème thérapeutique explique au patient qu’avant de nettoyer la piscine en continu, il sera préférable de filtrer l’eau qui alimente la piscine, car cette eau est souillée. Le patient n’aura alors que très peu d’effort à fournir pour maintenir l’eau limpide. Cet effort est dans ses compétences et le patient pourrait même se servir de quelques outils récupérés chez le 2ème thérapeute
Quelle eau alimente cette piscine ? D’où vient-elle ? Pourquoi est-elle souillée ?
Cela n’a aucune importance. Ce qui compte, dit le 3ème thérapeute, c’est de filtrer efficacement cette eau polluée.
La barrière intestinale est une porte d’entrée essentielle dans l’organisme. C’est l’interface entre le monde extérieur et le monde intérieur.
C’est un filtre perméable par nature, car c’est la source de carburant du corps. Ce filtre peut être percé, créant une brèche, une effraction, ce qui permet l’entrée dans l’organisme de particules intruses ou particules oxydantes. Existe-t-il une barrière psychique comparable qui filtre l’information ? Si cette barrière était hyper perméable, quelles en seraient les conséquences ?
Mon propos est une interrogation, une recherche, une piste et je suis loin d’avoir trouvé les réponses.
J’essaye de formuler un concept et transmettre un message clair en me limitant à poser les hypothèses sans chercher de solution. Je vais démontrer que les filtres sont percés. Je ne donne pas de solution pour les réparer.
En médecine chinoise, les aspects physiologiques et psychiques sont dans l’organe et leurs fonctionnements sont indissociables, toujours en étroite interaction. La médecine chinoise nous dit que l’intestin grêle sépare les fractions pures des fractions impures des aliments et autorise l’assimilation des fractions pures. Du point de vue psychologique, l’intestin grêle influence sur la clarté de l’esprit et sur le jugement. Il nous donne un pouvoir de discernement, autrement dit la faculté de percevoir les clartés, les éléments pertinents avant de prendre une décision. L’émotion de l’intestin grêle est la tristesse qui envahit l’individu et nuit à la clarté d’esprit et à la capacité de discernement.
HYPER-PERMEABILITE INTESTINALE DIGESTIVE : HPID
C’est une fuite dans le système de filtration dans la barrière intestinale
La cellule de base de l’intestin grêle s’appelle l’entérocyte. Elle présente une bordure en brosse sur son versant luminal digestif. La surface totale de ses poils est l’équivalent de la surface de 2 courts de tennis.
Le passage des fractions alimentaires vers le monde intérieur se fait normalement par voie transcellulaire soit à travers la cellule. La perméabilité de cette barrière intestinale est assurée par des défenses immunitaires de type IGA, par un mucus, par la polarisation cellulaire et par la jonction entre les entérocytes. Ceux-ci sont solidement attachés entre les eux par des jonctions serrées qui sont des desmosomes.
La dépolarisation cellulaire ou la disjonction des desmosomes va se traduire par une absorption para cellulaire passive : cela correspond à une fuite, le filtre est percé. On observe alors un passage de macro molécules qui vont produire des particules oxydantes, des radicaux libres, des toxines et des réactions antigéniques avec fabrication d’anticorps.
Il y a donc fuite dans la barrière intestinale avec passage direct de particules « intruses » qui entrent dans l’organisme. Elles sont dirigées vers le foie qui est inondé par ces particules intruses. Le foie est saturé et perd sa capacité à tout détoxiquer. Le foie en surcharge de travail produit lui-même des radicaux libres toxiques et une bile toxique car chargée de déchets poisons. La bile oxydative en passant dans l’intestin grêle va aggraver les lésions intestinales et amplifier le phénomène d’HPID.
Il a été aussi dénombré 3 autres phénomènes d’auto-aggavation de l’HPID (allergie, mal nutrition, dysbiose intestinale).
L’HPID est plastique et peut s’amplifier en quelques minutes : par exemple en cas d’une intolérance au gluten, la traversée du gluten à travers la barrière intestinale déclenche un phénomène spectaculaire de disjonction des entérocytes et de dépolarisation cellulaire. L’HPID est alors multipliée par un facteur de 10 au moins.
En résumé, dès que la barrière intestinale est sensibilisée, le phénomène de fuite est très amplifié dès que se présente l’agent sensibilisant.
Les conséquences cliniques de HPID sont majeures car les molécules oxydantes produits dans l’organisme après la pénétration de particules « intruses » sont à l’origine :
de phénomènes inflammatoires,
d’état pré-cancéreux,
de phénomènes dysimmunitaires
du mécanisme de vieillissement
de phénomènes dégénératifs
Les symptômes cliniques de l’HPID sont peu spécifiques : fatigue, malaise, myalgie, arthralgie, fièvre d’origine indéterminée, intolérance alimentaire, douleurs abdominales, distension abdominale, diarrhée, rougeur cutanée, sentiment d’intoxication, déficit cognitif, trouble de mémoire, souffle coupé, faible tolérance à l’exercice physique.