Alors qu’au moment où sont écrites ces lignes le pic du nombre de patients contaminés par le virus et du nombre de décès n’est pas atteint, l’inquiétude augmente dans la population générale mais aussi chez les soignants. Dans les deux cas, une mauvaise communication est en partie responsable d’une partie des ressentis.
Dans la population générale, la relation à l’autorité, en particulier politique, et au savoir est très dégradée depuis quelques années. Les « fake news » et leur simplification à outrance des problèmes qui ne seraient résolus que de façon binaire (blanc/noir, oui/non) empêchent les efforts de pédagogie de porter leurs fruits et d’être suffisamment crédibles pour que les recommandations soient appliquées. Tout le monde a un avis et surtout des croyances, alors que tout doit reposer sur des règles applicables à tous et pour tous. On veut tout ce que la médecine ne peut apporter car elle n’est pas une science exacte : des certitudes, des chiffres, des dates. Nous savons bien à quel point l’incertitude peut être source de malaise et d’incompréhension. Heureusement de nouvelles solidarités, de nouveaux comportements nous indiquent que des changements s’installent, autrement dit l’Homme est plein de ressources et nous le savons, nous qui sommes ericksoniens.
Du côté des soignants, la communication de crise est assez brutale et elle s’additionne au malaise présent depuis des mois chez tous les acteurs du système de soins. Par exemple, au sein d’un bloc opératoire, la transformation de salles d’opération et de salles de réveil (SSPI pour les initiés) en lits de réanimation inquiète les acteurs locaux qui ne se sentent pas à l’aise avec leur nouveau rôle et les responsabilités qui l’accompagnent. Alors que dans un bloc opératoire le malade ne passe que quelques heures, il va maintenant passer des jours ou des semaines et peut décéder sur place.
Et puis apparaît la notion de « tri » des patients qui est une véritable source d’angoisse et de culpabilité pour qui n’a pas été habitué à ce genre de fonctionnement. Il faut évidemment dire que le « tri » a toujours existé et qu’il n’était pas rendu visible comme il l’est désormais. Cela met en valeur l’insuffisance des réflexions éthiques et existentielles dans le monde du soin, dans lequel on ne prend plus assez de temps pour l’analyse, pour étudier les sens du travail effectué. Il est vrai que beaucoup pensent que l’application de protocoles et la rationalisation sont suffisantes pour tout gérer. La pandémie nous montre à quel point il nous faut zoomer entre un collectif indispensable et un comportement individuel. Elle nous montre également que « l’effet contexte » est important dans l’attitude de chacun.
Une fois tout cela réglé ou en passe de l’être, attendons nous à voir nos agendas remplis, car nombreux sont ceux qui auront besoin d’aide. L’espace « Douleur Douceur » vous propose comme toujours des contributions originales dans ce numéro 57. La première est un conte métaphorique proposé par Sylvie Copeau. La seconde est une mise en pratique de la lévitation dans la douleur chronique par Arnaud Bouzinac.
Bonne lecture, et comme toujours à vos stylos !
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N°57 Mai/Juin/Juillet 2020
- ÉDITORIAL : « Trouver une certaine sacralité de l’autre, humain et non-humain. » Aurélien Barrau. S. COHEN
- LA « BROSSOSPHÈRE ». G. BROSSEAU et A. FORTIN
- THÉRAPIES BRÈVES. W. MARTINEAU
- QI GONG ET HYPNOSE M. SÉJOURNÉ
- MÉDITATION ET HYPNOSE O. DE PALÉZIEUX
ESPACE : DOULEUR DOUCEUR
- Éditorial. H. BENSOUSSAN
- Adolescent mutique. S. COPEAU
- La lévitation en douleur chronique. A. BOUZINAC
DOSSIER : SE SENTIR VIDE
- Éditorial. D. VERGRIETE
- Vide, phobie et transe ordinaire J. BETBÈZE
- Creuser le vide S. LE PELLETIER-BEAUFOND
- Les vides. D. MEGGLÉ
- Vide et addictions. D. VERGRIETE
- QUI PROQUO, MALENTENDU ET. . .« Tout a une fin ! » S. COLOMBO, MUHUC
- Couvade en pays Dendi. C. LELOUTRE-GUIBERT
- Les Grands Entretiens: Elvira Lang. G. FITOUSSI
Livres en Bouche: H. BENSOUSSAN, C. GUILLOUX, L. BILLY, S. COHEN