La dimension de l’imaginaire érotique sera la deuxième voie, le champ pouvant être très différent d’un individu à l’autre. L’hypnose permettra au couple à la fois de partager les représentations actives tout en gardant d’autres pour soi. Car ce qui est excitant pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre et il est important de l’accepter. Le but sera de trouver sur ce plan un terrain commun qui pourra sans dommage enrichir les pratiques sexuelles au rythme du couple et non pas au rythme individuel. L’espace de liberté intérieure que propose l’hypnose aura pour donc pour but pour le couple de trouver son propre espace créatif en matière d’érotisme, sans imposer les fantasmes de l’un ou de l’autre.
Le rapport à l’autre sera lui aussi exploré en particulier dans la nature des rôles de chacun, des identifications, des projections, des interdits. On peut par exemple demander aux partenaires de se plonger dans ce qui pourrait être la relation sexuelle idéale pour eux-mêmes. Si la parole peut circuler librement après la séance et en confiance avec le thérapeute, les retours seront très riches de repères et d’éveil pour le couple. C’est souvent à cette occasion que l’histoire de chacun peut être abordée plus sereinement, puisque cette approche renverra immanquablement aux relations précoces et à la construction de la sexualité de chacun des membres du couple.
La nature du lien pourra être mise en évidence ainsi que le sens des résistances dans l’un ou l’autre domaine (le corps, l’imaginaire, la relation).
Enfin, l’ensemble de ce travail permettra de mettre en évidence la force de l’inconscient de chacun dans sa perspective constructive (dans le sens d’Erikson, le grand réservoir à ressources), à l’intérieur même de la cellule couple.
Trois techniques hypnotiques apparaissent comme privilégiées :
La régression en âge : on se focalisera dans un premier temps sur l’histoire du couple. Proposer de revivre la première rencontre ensemble, le premier rapport sexuel, les étapes importantes de la vie du couple, différentes souvent pour chacun, seront autant de pistes à exploiter. A cette occasion, chacun pourra constituer son propre album de photos du couple, autant d’arrêts sur images qui pourront faire l’objet de la construction de la mémoire évolutive du couple activée par le travail de parole qui suivra avec le thérapeute. Cette régression en âge peut être l’occasion aussi de découvertes personnelles dites ou non dites. Enfin, pas de régression sans progression, le couple aura aussi à se projeter vers l’avenir, chacun s’appuyant sur son imaginaire.
La métaphore est la deuxième voie possible. Elle peut prendre plusieurs formes : histoire proposée par le thérapeute à partir d’éléments recueillis dans les entretiens, conte retraçant l’histoire du couple, et pourquoi pas construction d’une histoire à deux en faisant parler pendant la séance. Ici la dimension symbolique prend le pas sur le réel du couple et introduit la dimension onirique, et comme le dit Teresa Robles, « la possibilité de voler librement avec la fantaisie »…
Coordonnées de Joëlle Mignot, Psychologue sexologue clinicienne
Responsable du DIU de Sexologie Faculté de médecine paris 13 Bobigny
Présidente de l’ASCliF (Association des Sexologues Cliniciens Francophones)