C’est bien Kiesler, en 1971, qui donna à l’engagement la définition suivante : « C’est le lien qui unit l’individu à ses actes comportementaux. »
La mère d’Aurélie lui avait appris à faire comme elle, pour s’occuper aussi bien de l’entretien de la maison, de l’organisation qui en était nécessaire, et à la suite de cet apprentissage, avant de mourir, sa fille Aurélie s’est engagée à perpétuer ce travail, elle y a consenti, acceptant ce devoir-là, expliqua-t-elle, vis-à-vis de son père.
Marcel Mauss fut le premier sociologue à parler de l’importance du don qui met en mouvement l’engagement qui ouvre la relation.
Par cet engagement, Aurélie faisait un don à son père qui la liait à lui. Lui-même acceptant de recevoir ce qu’elle faisait pour lui, le lui rendait en la valorisant, en lui témoignant une infinie tendresse.
Les trois phrases de Mauss, « donner-recevoir-rendre », réactivaient cet engagement, constamment.
Ma patiente l’analysa très rapidement : en choisissant de tant donner à son père et d’accepter de recevoir sa manière d’en être reconnaissant, elle entrait dans le désir de respecter davantage encore l’engagement fait à la mort de sa mère. Donne-t-on pour recevoir ou pour que l’autre donne ?