Ce qui est en particulier encouragé est une forme de point de rencontre entre l’hypnothérapie et les méthodes issues des thérapies cognitives, une direction très en vogue actuellement dans les pays anglo-saxons.
En exemple d’un mariage réussi entre hypnothérapie et approche cognitive, nous pouvons citer le travail de Milburn (2010) qui propose un script d’hypnose enraciné dans des principes de thérapie cognitive et comportementale pour les patients souffrant de troubles de l’acceptation de soi, et d’autres pathologies en lien avec la problématique identitaire.
Cette tentative d’union entre hypnose et une autre approche va de pair avec un intérêt croissant pour les psychothérapies dites intégratives, dans lesquelles l’hypnose pourrait avoir toute sa place. A l’image d’ailleurs de la médecine, où l’hypnose confirme sa place au sein d’une « integrative médicine » pour les troubles gastro-intestinaux (Michelfelder et al, 2010), et semble confirmer son utilité sur la douleur chronique (Teets et al, 2010), même si peu d’études valides existent encore contrairement au champ de la douleur aiguë (Dhanani et al, 2010).
Avec une démarche inverse, et peut-être dans un souci d’efficacité, certains auteurs (Kwekkeboom et al, 2010) se demandent si certaines approches complémentaires ne pourraient pas prendre en charge plusieurs symptômes en même temps, plutôt que de multiplier les approches notamment chez des patients affaiblis.
Ce qui est investigué ici est la triade difficile chez les patients atteints de cancer : douleur, fatigue, troubles de sommeil. Si l’hypnose, nous disent les auteurs, a prouvé son efficacité sur chacun des trois symptômes, pour autant, il manque une approche du cluster « en entier » (les trois dimensions), pourtant très courant en clinique oncologique.
Toujours concernant la prise en charge de plusieurs symptômes en même temps, la publication de Cohen-Salmon (2010) fait une jolie revue de la littérature (depuis 1945) des méthodes permettant de réduire les répercussions psychocomportementales en périopératoire chez l’enfant, où l’hypnose est citée comme méthode validée scientifiquement (grâce aux travaux de Calipel et de son équipe).
L’un des faits marquants de l’année 2010 a été l’importante arrivée du virtuel dans le monde de l’hypnose. On connaissait les travaux portant sur l’utilisation de la réalité virtuelle notamment pour les soins chez les vétérans grands brûlés (Malloy & Milling, 2010), voici l’hypnose en réalité virtuelle (Patterson et al, 2010) !
Cette forme d’hypnose consiste à proposer aux patients une induction et des suggestions hypnotiques par un logiciel et un équipement de réalité virtuelle, qui semblent avoir une certaine efficacité. Alors, quid de l’humain dans ces nouveaux dispositifs bien dans l’air du temps ? Après tout, pourquoi s’embêter à constituer des suggestions et métaphores adaptées au patient si finalement un script standard, pré-enregistré, et qui ne nécessite qu’un technicien pour être activé peut fonctionner ?
Quoique ces méthodes de réalité virtuelle restent fascinantes et sont promises à un fort développement, à notre sens elles reposent la question de ce que l’on nomme « hypnose ».
Est-elle finalement simplement réductible au principe de suggestion et à une forme de distraction bien orchestrée comme ici ? Ou renvoie-t-elle aussi à tout un champ, toute une approche complexe de l’humain, qui ne se satisfait pas de la prise en charge de quelques symptômes aigus ?
Chacun sera sans doute appelé à se positionner dans ce grand débat dans les temps à venir. Une interrogation peut-être en lien avec de récents travaux montrant qu’au sein de mêmes groupes de patients (très suggestibles, etc.) des sous catégories existent suivant comment les inductions sont perçues (Terhune & Cardeña, 2010). N’est-ce pas le signe que les choses sont moins linéaires que le laisseraient penser les études utilisant la réalité virtuelle ?