En outre, notre époque connaît une augmentation de cas psychopathologiques dits limites, dont la particularité est de relever de troubles du narcissisme préœdipiens que Freud avait déjà effleurés en son temps et qui obligent à penser dans les champs psychanalytique et psychiatrique. La question de la fidélité et celle de la jalousie, faisant d’abord penser à des problématiques œdipiennes, prennent alors un tour plus régressif sur le plan pulsionnel et de la relation d’objet. Or, la psychologie n’étant pas un domaine à part des autres dimensions de la vie en société, cet infléchissement de la question de la fidélité, en parallèle de discours qui défendent l’infidélité ou l’amour multiple et condamnent toute forme de jalousie, doit être rapporté à une évolution globale de la société et de la culture qui y domine, et où croissent les dépressions.
Qu’est-ce que la fidélité ?
Mais commençons par préciser les concepts. Qu’est-ce que la fidélité ? En première approche, l’étymologie peut ici nous aider. « Fidélité » est dérivé du latin fidelis, lui-même formé sur le latin fides, qui veut dire « foi ». On peut penser ici aux fidèles d’une église, qui pratiquent régulièrement une religion. Mais en quoi la fidélité conjugale aurait-elle à voir avec quelque chose comme la foi ?
Il ne faut pas s’arrêter au sens religieux de la foi, au risque sans quoi de ne considérer la fidélité dans le couple que comme une vieille antienne judéo-chrétienne et donc à ce titre dépassée. On entend en effet souvent dire que la fidélité est d’inspiration religieuse, donc morale, ce qui suffirait à en invalider le principe (étant bien connu aujourd’hui, par un renversement pour le moins curieux, que tout ce qui est moral est mal…)