A travers la vie,les correspondances et les tableaux de Nicolas de Staël, je veux éclairer les liens profonds et les similitudes puissantes qui existent entre les phénomènes hypnotiques et les processus de créations picturales.
Je montrerai comment dans la place accordée au corps,au temps et aux émotions,il imprime à la matière sa perception du monde dans l'interface de la toile : une présence incarnée, offerte, une transmission de sens aux frontières du réel capable d'enrichir le cadre et les perspectives de la pratique hypnotique.
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"On ne peint jamais ce que l'on voit ou croit voir,on peint à mille vibrations le coup reçu,à recevoir,semblable,différent". Disait De Staël. "Se pose d'emblée la relation hypnotique, unique Ericksonnienne.
L'inconscient ?:" Un mur ou volent librement les oiseaux". Dit-il.
Dans le regard de l'hypnothérapeute et du peintre, la toile est ce qu'il faut d'abord observer puis déconstruire,tendre ou détendre pour y accueillir et dessiner sa nouveauté, son soi-même, son réel au monde.
Il dit:"Pour moi,l'instinct est de perfection inconsciente et mes tableaux d'imperfection consciente". De Staël emprunte à l'hypnose l'image des ressources illimitées de l'inconscient chères à Francois Roustang.
La création est surgissement de l'oeuvre picturale, d'un possible multiple arraché à la matière. Le contour du trait,les aplats les forces y suggèrent la forme.Transe picturale ?Réification?
De Staël est un travailleur acharné solitaire le désir à fleur de vie. Il absorbe l'Italie de tous ses sens sans la peindre et plonge chaque jour dans les eaux de la méditerranée. Et plus tard,plus loin,au bout de l'appropriation, il laisse sa main créer par la force unique qu'il appelait la "fulgurance de l'autorité et la fulgurance de l'hésitation". Processus de transe ?
Ses proches le décrivent peignant dans une attitude d'auto-hypnose "complètement intériorisée". On évoluait autour de lui sans qu'il nous entende". Lui: "Mes yeux ne doivent pas regarder au dehors".
Interviewée 49 ans après sa mort,nous verrons un extrait où sa fille Anne émue s'approche d'une toile et accueille par la voix et le geste la présence renouvelée de son père entre les épaisseurs de matières de couleurs et les lumières déposées sur l'interface tendue.
L'hypnose ouvre à une compréhension de l'oeuvre de de Staël et crée par delà le temps une présence bouleversante, une transmission hypnotique du réel par delà le réel. Elle rapproche les hommes par et dans une intelligence du sensible commun qu'elle réintroduit. Le tableau devient surface hypnotique, présence offerte et patiente. Un accès, un support, un possible en attente du désir des sujets.
Mots clés:
création, interface, rencontre, présence, inconscient, réification, transmission, oeuvre, réel, processus