Nous devenons médecins pour soulager la souffrance de nos patients. Il ne s’agit point alors d’être créatif. Il faut acquérir un savoir et un savoir-faire considérables qu’il faut réactualiser et enrichir tout au long de sa carrière.
Mais lorsque, psychiatre, nous faisons le choix d’être aussi psychothérapeute ce bagage apparaît insuffisant et peut même devenir plutôt encombrant. Se tourner vers des méthodes de thérapies brèves ou vers l’hypnose peut apparaître alors comme une nécessité pour développer d’autres ressources, donner d’autres réponses.
Fascinés par les maîtres de l’art, nous travaillons beaucoup pour tenter d’acquérir, un jour, un tant soit peu de leur intuition pour comprendre la souffrance, un tant soit peu de leur créativité pour trouver des solutions. Un grand danger nous guette alors : l’illusion d’avoir le pouvoir de changer l’autre.
Fort heureusement, nos patients sont là pour nous rappeler que les problématiques humaines sont toujours plus complexes qu’elles en ont l’air. Ces patients difficiles, les « résistants au changement » deviennent Nos maîtres, ils nous enseignent cette humilité qui nous rend « non-sachant ».
Nous pouvons alors nous asseoir convenablement, comme dirait François Roustang, et par notre attention centrée sur le patient dans son monde, dans sa souffrance, créer un contexte plus favorable à l’émergence de sa propre créativité.
Quelques vignettes cliniques illustreront les difficultés qu’éprouve le thérapeute à adopter cette posture et la formidable créativité des patients à inventer leur changement, quand il y réussit.