Les autres…les autres…sont tous ceux dont le monde intérieur rencontrera trop tôt les réalités, ou l’incompréhension et l’intolérance du monde extérieur. Celui des bien-pensants, celui qui a bâti pour eux des demeures, voire des palais, dans lesquels ils ne souhaiteront pas habiter. Ces autres-là, ces enfants peuplent nos cabinets, non par choix, mais par dépit la plupart du temps. Ils n’y resteront que s’ils perçoivent notre sincérité à ne concevoir aucune architecture qu’ils n’aient eux-mêmes pensée, rêvée ou imaginée…
Car ces enfants pensent autrement, ils sont différents, et chacune de leur différence est particulière. Elle n’est décrite dans aucun manuel. Qui peut mettre un esprit (surtout celui d’un enfant) dans un livre, et en tirer un code de conduite et d’enseignement ? Un livre peut séduire un enfant, pas le contenir. Un livre d’école ne peut formater que celui qui est prédisposé à l’être, par convergence d’approche, nécessité, intérêt ou plaisir. Celui qui ne l’est pas, ne se reconnaît pas dans ce qu’on écrit sur lui, pour lui.
Les enfants qui viennent nous consulter sont la plupart des enfants désespérés. Ils ont parfaitement appris qu’ils ne parviendraient pas à apprendre « correctement ». On a posé des mots doctes sur leurs difficultés. Rarement on a cherché à comprendre la particularité de leur propre fonctionnement. Car il y a un monde entre un diagnostic et une personne. Quant à leurs familles, elles oscillent entre découragement, acharnement et culpabilité. Car hormis les constats d’échecs qui leur sont régulièrement communiqués, les orientations vers des professionnels externes, elles sont livrées à elles-mêmes et à ces différents diagnostics posés qui, bien qu’ayant le mérite d’exister, ne donnent pas pour autant des pistes ou outils concrets d’actions utiles ou efficaces.
A ce stade, je ne vais évoquer que ma modeste expérience, qui ne prétend instaurer aucune méthode, aucune vérité, aucun enseignement. Disons que nous partageons ici ensemble le fruit de nos réflexions, travail et sensibilité. J’ai commencé par me dire que face à mes échecs, il fallait bien qu’un jour je commence à oser penser que je puisse aider différemment avec celui qui est différent. Cette autoproclamation de liberté m’a peu à peu conduit vers deux pistes d’approches complémentaires : l’observation et la prise en compte des fonctions neurosensorielles propres à chaque patient ; l’hypnose...
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