La douleur est strictement unilatérale, de durée brève (10 à 120 minutes) s’accompagnant de signes végétatifs. Elle est souvent maximum dans la région orbitaire où elle est comparée à une sensation de broiement ou à une brûlure atroce. Cette douleur s’accompagne de signes végétatifs : larmoiement, rougeur conjonctivale, écoulement nasal. On note souvent une agitation avec déambulation.
La thérapeutique associe un traitement de fond destiné à espacer les crises : vérapamil, lithium, valproate de sodium, anticonvulsivants, parfois décevants, et un traitement de la crise : triptans et oxygénothérapie, voire corticoïdes.
Les formes évoluées durant depuis de nombreuses années, que l’on voit dans les centres de prise en charge de la douleur, sont souvent très chronicisées avec une perte de la périodicité, de nombreuses crises quotidiennes, et finalement une douleur de fond émaillée de paroxysmes. Cette pathologie est très invalidante, désocialisante, génératrice d’angoisse (à quel moment la prochaine crise va-t-elle apparaître ?) et entraînant des difficultés professionnelles.
L’hypnose a pu être tentée dans notre centre pour une patiente observée en crise paroxystique, et évoluant depuis de nombreuses années avec une symptomatologie très dégradée et une résistance majeure aux thérapeutiques conventionnelles.
Cas clinique : Madame M., 34 ans, souffre de douleurs de la face depuis dix ans. Celles-ci sont apparues immédiatement après un accident en 2000, touchent l’hémiface droite, sont d’emblée intenses et accompagnées de douleur rétro-oculaire, larmoiement et écoulement nasal unilatéraux. La crise dure généralement deux heures.
Actuellement, la durée des périodes de crises a augmenté progressivement, et les périodes de calme sont plus courtes. L’efficacité thérapeutique est également diminuée. Il y a souvent une douleur de fond modérée qui persiste.
Au cours d’une consultation, Mme M. déclenche une crise d’AVF violente, ce qui nous amène à lui proposer une séance d’hypnose qui sera bénéfique.
La première séance d’hypnose : récit
Au premier contact, je sens cette jeune femme épuisée. Lorsque je l’interroge, elle me dit que durant les trois premières années les crises ont été relativement espacées, mais que depuis 2003 elles sont devenues quotidiennes (6 à 7 par jour).
Mme M. m’explique qu’elle a été en 2000 victime d’un accident de voiture mais sans gravité, accident qui n’a été ni le seul ni le plus grave, car quelques années plus tard un autre, plus violent, a fait basculer ses enfants (qui étaient pourtant attachés) à l’avant de la voiture. Heureusement, elle fut la seule à être blessée (fractures de côtes, de bras et de jambe). « J’en ai eu plein des accidents », me dit-elle. Quand je lui demande si sa responsabilité a été mise en cause, elle me répond en riant : « Non, je subis. »
Cette année 2000 a été dense pour elle : premier accouchement, accident de la route, intervention pour un kyste thyroïdien.
Quand je lui demande de me parler des conséquences des crises douloureuses sur sa vie, elle me répond du tac au tac qu’elle n’arrive plus à s’occuper de ses enfants. La douleur est tellement violente qu’elle doit se mettre sous oxygène. Elle reconnaît être très invalidée, et devoir beaucoup compter sur l’aide de ses parents, notamment concernant ses enfants.
J’apprends alors que sa mère est diabétique et que son père est atteint de fibromyalgie. Elle-même a été diagnostiquée comme telle deux ans auparavant, suite à des douleurs généralisées et une fatigue importante. Lorsque je l’interroge sur son enfance et sur la relation qu’elle entretenait avec ses parents, elle fait un petit signe de main qui signifie : « Moyen. » Elle ajoute qu’elle n’était « pas vraiment désirée ». Sa mère n’avait que 17 ans quand elle est née, et elle n’a pas eu d’autres enfants par la suite.
L’année 2003, qui voit ses symptômes s’aggraver, est aussi marquée par une actualité chargée : naissance de son deuxième enfant, et cancer de la tyroïde ayant nécessité plusieurs interventions, dont une qui lui a fait contracter une infection au staphylocoque doré avec septicémie. Elle avoue « en baver toujours depuis », avec des problèmes hormonaux qui ne sont pas réglés et ont occasionné une forte prise de poids et des bouffées de chaleur.
Je lui demande comment elle vit son corps aujourd’hui : « J’ai du mal à le traîner. »
Au sujet du rapport qu’elle entretenait avec son corps durant l’enfance et l’adolescence, elle me dit qu’elle était très sportive (équitation, athlétisme).