Troubles attentionnels et hypnose orientée vers la solution ou les enfants lunaires. Formation Hypnose et Congrès 2007. Hypnose et trouble de l'attention, hypnose et troubles de la concentatrion, hypnose et hyperactivité, hypnose enfants hyperactifs

Formation Hypnose
Formation Hypnose Ericksonienne
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Il était tentant pour des praticiens de l’hypnose travaillant avec des enfants de l’utiliser avec ceux qui présentent des troubles de l’attention. Une idée fréquemment exprimée étant que ces enfants sont dans les nuages ou dans la lune, peut-on estimer qu’ils sont alors en état d’hypnose ? Notre propos sera d’abord de préciser les termes d’attention et de concentration. Puis de présenter ce qu’ont fait les grands praticiens de l’hypnose et nos façons d’utiliser l’hypnose dans ces cas. Pour enfin tenter de répondre à la question de l’efficacité de l’hypnose Orientée vers la Solution (HOS) dans ces difficultés en nous appuyant sur les relations entre l’attention /concentration et l’hypnose.

LES DÉFINITIONS : ATTENTION ET CONCENTRATION
Il semble difficile de trouver dans la littérature une définition consensuelle des termes d’attention, de concentration car ces concepts croisent des domaines très variés comme la psychologie, la neurobiologie, les neurosciences.

Pour l’attention, nous pourrions retenir la distinction suivante :

l’intensité :
- la vigilance ou la conscience-attention, ou le fait d’être en état de veille, (par opposition à l’état de sommeil). Nous pourrions également parler d’attention soutenue qui permet de maintenir une attention globale et qui correspond à la capacité de maintenir un état d’éveil lors de tâches monotones et longues.
- et l’alerte, qui caractérise l’état de préparation du sujet avant le traitement de l’information, elle est non spécifique et facilite le traitement inter-sensoriel.

la sélectivité :
- le premier degré d’attention correspond à la focalisation de l’attention sur une cible.
- le second à la division ou au partage de l’attention sur plusieurs tâches.

Pour Conners (1999), l’attention oscille d’un état où elle est si focalisée que le sujet est insensible à tout ce qui l’entoure, à un état où elle est si relâchée que la moindre chose le distrait. Nous n’avons constaté aucune apparition du mot concentration sur les 18 critères du DSM IV, ni dans les échelles de Conners qui sont utilisées par la majorité des cliniciens pour établir un diagnostic de trouble de l’attention. Le DSM4 sous le titre trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (sigle TDAH) distingue 3 types : mixte, inattention prédominante, hyperactivité-impulsivité prédominante.
Guy Falardeau, pédiatre canadien est à l’origine d’une autre distinction. L’hyperactivité réside dans la difficulté à maintenir l’attention. Pour le lunatique, le problème se situe sur le plan de la focalisation, de la mobilisation de l’attention, autrement dit de la concentration. Pour nous le mot concentration renvoie à la focalisation que nous distinguons du mot attention qui renvoie à l’attention soutenue. Néanmoins, nous avons constaté que les enseignants comme les parents emploient indifféremment les termes concentration ou attention. Les enfants utilisent surtout le mot concentration. En bons disciples d’Erickson, nous emploierons comme eux indifféremment ces deux termes lors de nos séances.

LIENS AVEC LITTERATURE
F. Roustang cite J. Haley dans « Zen and the art of therapy » : « Erickson, qui se situe souvent à la limite du cocasse, a raconté avoir hypnotisé un golfeur pour qu’il « vive uniquement dans le moment présent et puisse ainsi porter toute son attention sur un coup à la fois. Lors de son prochain parcours, il fut seulement conscient de chaque coup. Au seizième trou, alors qu’il réussissait sa meilleure performance, il ne connaissait pas son score et ne savait pas à quel trou il en était ». Et Roustang de conclure : « Image de ce qu’une concentration dans le présent peut donner d’efficacité à l’action ».
Nous n’avons trouvé chez Érickson aucun cas d’enfant mentionnant des difficultés attentionnelles. Par contre, dans le tome I des « Collected papers », Erickson parle d’attention réactive pour définir la capacité d’une personne à être hypnotisée.
Dans son livre « Métaphores et suggestions hypnotiques », Corydon Hammond cite de nombreux auteurs qui depuis 1962 ont tenté de démontrer l’efficacité de l’hypnose dans l’amélioration de la concentration. Il semble qu’il y ait autant d’études qui confirment que d’études qui infirment cette efficacité. Néanmoins, dans cet ouvrage des auteurs comme E. R. OETTING (1964), D. M. WARK (1989) utilisent la « transe éveillée ou vigile » : technique d’auto-hypnose par focalisation externe sur les éléments de l’environnement du sujet comme la feuille de papier, le dossier de la chaise, etc.
K. Olness et D. Kohen, pédiatres américains ayant contribué à faire connaître et utiliser l’hypnose avec les enfants, consacrent un chapitre aux troubles de l’attention dans leur ouvrage « Hypnose et hypnothérapie chez l’enfant ». Citant Crasilneck et Hall en 1975, ils ne pensent pas que l’hypnose puisse constituer un « traitement primaire pour les troubles de l’attention ». Par contre elle peut participer à améliorer les conséquences de ce trouble et notamment l’anxiété, la perte de l’estime de soi, les difficultés relationnelles ou l’attitude négative envers l’apprentissage. Ils citent des auteurs présentant des études de cas, souvent uniques, améliorés par des séances d’hypnose traditionnelle. Les résultats sont difficiles à évaluer tant par le petit nombre de cas considéré que par les critères utilisés.
J. Mills et R. Crawley (1985) citent le cas d’un petit groupe d’enfants hyperactifs et inattentifs améliorés après 8 mois de séance hebdomadaire au cours de laquelle leur est raconté en autres le conte métaphorique « d’Étincelle Bleue », le petit poisson qui ne pouvait jamais s’arrêter pour profiter des trésors que l’océan offre à contempler. J. H. et J. S. Edgette suggèrent d’utiliser « une cousine germaine de l’hallucination visuelle négative » : la personne voyant comme à travers un tunnel, sa vision périphérique s’estompe et se focalise plus précisément sur ce qu’elle regarde. Ceci se fait souvent spontanément lors de transe yeux ouverts, on peut donc le mettre ici à profit chez les personnes qui ont des problèmes de concentration qui peuvent ainsi apprendre à bloquer les stimuli visuels indésirables. Ils préconisent de l’utiliser avec les enfants hyperactifs comme chez les sportifs en leur apprenant à éviter les stimuli dérangeants dans leur environnement. Les athlètes de haut niveau feraient cela spontanément quand ils sont dans l’état mental idéal pour accomplir une performance.

VIGNETTE CLINIQUE
Marion, 13 ans, est scolarisée en classe de 5ème. Elle présente 7 critères d’inattention au DSM IV. Ses difficultés attentionnelles entraînent des répercussions scolaires et relationnelles (amicales, familiales). Il lui arrive de partir dans ses pensées, se perdre en rêves éveillés, donnant souvent l’impression à ses enseignants ou son entourage familial d’avoir l’esprit ailleurs. En consultation, il lui arrive d’avoir le regard dans le vide, semblant absente, et « de revenir sur terre » si on la sollicite verbalement (« Allo la lune, ici la terre ») ou visuellement. Il lui arrive de se plaindre de ces difficultés et semble souffrir d’oublier ou de ne pas pouvoir se concentrer ou ne pas pouvoir fournir des « efforts payants ».
En revanche, les difficultés d’attention et de concentration peuvent diminuer ou disparaître, lorsqu’elle est dans un environnement nouveau, ou absorbée par des tâches particulièrement intéressantes, dans les situations de tête-à-tête ou lorsqu’on lui donne une responsabilité comme la surveillance de sa petite sœur âgée de quelques mois. Lors de la première consultation, Marion définit elle-même son problème comme un problème de concentration et le cote 9 sur une échelle de gêne et 3 sur une échelle de capacité à se concentrer.

Dominique FARGES-QUERAUX (neuropsychologue)
Hervé FISCHER (pédopsychiatre)
Association A.C.T.I.I.F (Association Corrézienne pour des Thérapies Innovantes et des Interventions Familiales)
19100 BRIVE France

Lors de la première séance, nous avons utilisé la métaphore du rapace qui fait des cercles concentriques pour visualiser sa proie et cibler son attention. Lors de la deuxième séance nous avons toujours travaillé la focalisation de l’attention avec une évocation de tir à l’arc qu’elle avait au préalable choisie puisqu’elle connaissait cet apprentissage. Lors de cette séance un pigeon s’est introduit dans le scénario. Après de nombreux cercles concentriques, mais aussi de nombreuses facéties (ce qui avait déclenché une crise de fou rire en plein milieu de la transe) il est venu « se planter au milieu de la cible en plein dans le mille ». Marion a essayé, lors d’un travail à la maison, de retrouver cette image et elle a pu le faire juste avant une série d’exercices de mathématiques.

Les séances suivantes ont consisté à affiner les ancrages et la possibilité de les utiliser à l’école en plus de la maison. Elle a choisi une compétition d’aviron au cours de laquelle elle pouvait percevoir le bercement rassurant de l’eau juste avant le positionnement sur la ligne de départ ; le mouvement de synchronisation avec les co-équipiers (cf. l’attention partagée) et la focalisation de l’attention sur sa respiration. La sensation du plaisir de la réussite a été explorée lors de ces transes. Je lui ai demandé d’expérimenter ces ancrages lors de son travail à la maison en faisant au départ des séquences de travail courtes (20 à 30 minutes puis en augmentant progressivement le temps) puis durant les cours ou pendant ses heures d’étude surveillée où il lui était impossible de travailler. Et pour finir elle les a utilisés lors des contrôles. Lors des rendez-vous de suivi nous faisions le point sur ses réussites que j’aidais à amplifier.
Lors de la séance bilan, Marion et sa mère font part d’améliorations scolaires. Aucune note au dessous de la moyenne sur les deux mois écoulés, et la mère ajoute le plus important à ses yeux : « nous n’avons plus de conflits au sujet des devoirs, Marion arrive à travailler seule dans sa chambre et de façon continue, sans se lever ou regarder les mouches voler ». Pour Marion, le plus important est qu’elle arrive à se mettre très rapidement en attention, de façon efficace et soutenue en utilisant les mécanismes de l’autohypnose. En cours, les enseignants notent une légère amélioration de son attention et un meilleur niveau de participation. La confiance en soi a été également améliorée.

DISCUSSION
Toutes les définitions de la transe hypnotique font allusion à l’attention. C’est en général la première étape de l’induction, appelée classiquement fixation de l’attention. Pour G. Salem il s’agit du maintien de l’attention focalisée : « la transe se manifeste par un état de concentration accrue, avec diminution de la réceptivité aux stimuli extérieurs et réorientation de l’attention focale vers les phénomènes internes ». Pour F. Roustang dans « Qu’est-ce que l’hypnose ? », au chapitre « la fixation » : « L’hypnotiseur, qu’il faudrait nommer ‘éveilleur’ […] va d’abord chercher à diminuer le nombre des stimuli afférents […] Nous sommes donc en présence d’un phénomène d’attention, plus exactement de la concentration de l’attention, sur un seul stimulus ». L’attention concerne aussi la phase dite thérapeutique de la transe : Erickson, cité par Salem, définit la transe en 1958: « état d’attention et de réceptivité intenses avec une augmentation de la réactivité (réponse) à une idée ou à un groupe d’idées ».


Rédigé le 12/12/2008 modifié le 12/12/2008
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