Soins palliatifs: pour traverser la crise de l'ultime séparation

Dr Evelyne MICHELI, Médecin interniste, praticien hospitalier au CHU de Dijon, à temps partagé en gériatrie d’une part et en unité de soins palliatifs d’autre part. Formation en intervention systémique et en hypnose au Ceccof. Diplôme universitaire d’hypnose médicale de l’Université de Bourgogne. Membre du CHTB : cercle d’hypnothérapie de Bourgogne. Activité clinique d’hypnose en Ehpad, en consultation externe de gériatrie et en unité de soins palliatifs.

Revue Hypnose & Thérapies brèves n°52.



Quand la maladie menace l’homéostasie familiale.

Tout au long du parcours plus ou moins long qui précède l’arrivée en unité de soins palliatifs, le système familial s’adapte pour faire de la place à ce nouveau personnage qu’est la maladie, les rôles se modifient de manière à préserver malgré tout l’homéostasie familiale, c’est-à-dire l’équilibre et la cohérence interne du système. Certains liens se resserrent, l’un des proches par exemple devient « l’aidant principal », d’autres liens se distendent, tel autre proche prend ses distances, tel autre enfin tente de ne rien voir et de continuer comme avant... Ainsi plusieurs crises précèdent la crise ultime, qui est celle de la toute fin de vie, lorsque le malade est encore vivant, mais qu’on perçoit de manière plus concrète le chaos qui menace le système après son décès.

La famille ne peut pas éviter cette crise de l’ultime séparation. Pourtant elle tente toujours plus ou moins d’y échapper, par exemple en retardant le moment d’entrer en unité de soins palliatifs, lieu symbolique de cette crise, ou au contraire en voulant précipiter le moment de la mort. Il est à noter que les demandes d’euthanasie procèdent souvent de l’impossibilité que ressentent le malade et sa famille d’affronter cette crise de l’ultime séparation. En effet, derrière le désir exprimé de s’épargner des souffrances inutiles, se cache le besoin de nier la réalité de cette crise ; comme si, en gommant l’épisode où elle trouve place normalement, dans une sorte de fuite en avant, il ne serait plus nécessaire d’en éprouver les effets, ce qui bien sûr est un leurre. L’hospitalisation en unité de soins palliatifs a pour fonction d’offrir un contenant pour le déroulement de cette crise, et ce n’est pas la moindre de ses missions à côté de la gestion des symptômes pénibles.

La famille a besoin de ré-idéaliser le lien d’appartenance, menacé de délitement, lorsque la réalité lui renvoie une image méconnaissable de l’un de ses membres. Le malade, de son côté, a besoin d’être re- connu jusqu’au bout comme une composante importante de la famille, alors même qu’il est en train de s’en détacher dans son travail de trépas. Il s’ensuit un tiraillement entre deux polarités opposées, l’une qui tend à rapprocher (ré-idéalisation du lien, besoin de reconnaissance), l’autre qui tend à éloigner (vécu d’étrangeté vis-à-vis du malade, détachement). Une partie de la souffrance des malades et de leurs fa- milles vient de la difficulté à tenir les positions ambivalentes que la fin de vie renforce. Le désir de garder encore son proche est douloureux non seulement parce que la réalité de la maladie s’y oppose, mais aussi parce que ce désir cohabite avec celui de le voir disparaître, créant ainsi une tension difficilement soutenable.

S’INSTALLER AU COEUR MÊME DE LA CRISE

Et l’hypnose dans ces situations ? Il serait inadéquat de penser que l’hypnose a pour fonction principale d’échapper au réel, d’offrir un espace-refuge où l’on pourrait se débarrasser de ses problèmes et éviter la crise. Car une fois passée la séance d’hypnose, même si les symptômes sont parfois atténués, la problématique familiale reste entière. Echapper à la tyrannie du réel par l’hypnose, ce n’est pas nous absenter de nous-mêmes en voyageant vers notre safe place ou tout autre lieu de rêve, fleuri, ensoleillé, parfumé, doux et accueillant...

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Hypnose et anesthésie: suggestions verbales. Dr Laurence LE GOURRIER
En 2002 au Congrès Agora à Rennes, j’assiste à un atelier « hypnose et anesthésie » animé par Claude Virot. Je comprends immédiatement l’intérêt pratique de l’effet anxiolytique et analgésique des suggestions hypnotiques. En effet, praticien hospitalier, je pratique « largue à mains nues » – mais gantées tout de même – l’anesthésie locorégionale (ALR) en orthopédie et en traumatologie.

L'approche intégrative: psychosomatique et HTSMA. Mady FAUCOUP GATINEAU
Cet article fait suite à un autre paru dans la Revue numéro 47. J’ai présenté le travail du Dr Eric Bardot, psychiatre et pédopsychiatre à Nantes qui développe depuis une quinzaine d’années une pratique thérapeutique originale : l’HTSMA. Si l’HTSMA mettait en lien l’hypnose, la thérapie stratégique et les mouvements alternatifs, l’approche dépasse l’idée d’une conjonction de ces pratiques.

La douleur chronique: le monstre. Marc PICARD-DESTELAN
Notre contexte culturel nous invite à prêter une grande importance à ce qui se voit. La place de l’image dans l’information journalistique est évidente. Mais en médecine aussi le summum de la preuve est souvent constitué par l’image. Elle offre un appui fréquemment décisif dans les diagnostics. La position du douloureux chronique n’en est que plus difficile : il a mal, mais ça ne se voit pas.

Note septième. Selon François Roustang. Sylvie LE PELLETIER-BEAUFOND
De l’attente ou la relation du troisième type. Quel est le mode de la relation thérapeutique efficient en hypnose, s’interroge François Roustang, ou comment s’en approcher au plus près et tenter de le définir ? Pour apporter quelque réponse à cette question, l’auteur s’emploie à considérer le type de changement attendu au terme d’un moment thérapeutique en hypnose. La modification envisagée peut être, en effet, de natures diverses. François Roustang détaille en cela trois types distincts de modifications.

Edito Dr Henri BENSOUSSAN: Douleur Douceur
Soyons polémiques. Les fake news n’ont pas seulement envahi l’espace politique et sociétal, elles ont désormais envahi l’espace médical. La situation peut être résumée en décrivant deux camps qui se « radicalisent » au point de rendre impossible ou presque tout dialogue. Dans le premier camp la médecine par les preuves ; dans l’autre les médecines alternatives, parmi lesquelles l’homéopathie est actuellement la plus attaquée. (L’hypnose pourrait suivre si certaines de ses pratiques ne changent pas.)

Nos patients super-héros. Antoine ROGÉ
« Vous vous en sortez très bien, vous êtes l’être le plus capable, le plus qualifié et digne de confiance que je connaisse : vous ferez ça très bien. » Cette citation n’est pas de Milton Erickson, elle aurait pu. Elle est de Tony Stark, ce nom ne vous dit peut-être rien, et si je vous dis Iron Man ? Croyez-moi, il s’y connaît en super-héros ! Le tout début de l’histoire, j’allais écrire du film, se situe en 2012 avec ma patiente Anne-Marie. Elle fréquentait le centre anti-douleur de Rouen qui venait de lui proposer des séances d’hypnose pour gérer sa fibromyalgie.

Chirurgie carotidienne: Hypnose et anesthésie locorégionale. Dominique MONTOY
Au bloc de chirurgie vasculaire où j’exerce à Lyon, toutes les chirurgies de la carotide se réalisent sous anesthésie locorégionale : ALR, sauf contre-indications majeures. Le traitement chirurgical de la sténose carotidienne consiste à réaliser une endartériectomie de l’artère, c’est-à-dire l’ablation de la plaque d’athérome qui l’obstrue.

Hypnose et thérapie familiale: créons de ponts. Nicole PRIEUR
L'Éditorial. La souffrance psychique que nous côtoyons dans nos diverses pratiques se révèle de plus en plus complexe. Aux problématiques « classiques » liées à l’enfance, aux conflits intergénérationnels, au poids de l’héritage familial, se rajoutent des souffrances spécifiques à notre XXIe siècle, problème de synchronisation, sentiment d’absurdité face à un monde incompréhensible, violences...

Systémie et Hypnose: L’hypnose, pour se guérir de la famille. Nicole PRIEUR et Bernard PRIEUR
En famille, il ne suffit pas de s’aimer pour se rendre heureux. A l’ombre des bons sentiments se trament frustrations, souffrances, règlements de comptes. L’histoire familiale véhicule son lot de drames, traumas, non-dits, secrets, mandats transgénérationnels risquant d’entraver le devenir personnel. Hypnose et systémie peuvent alléger le poids du passé pour savourer le présent, remettre le temps en mouvement, apprécier le meilleur de sa famille sans en supporter les poids inutiles.

Le professionnel en supervision face à ses blocages. Isabelle ACQUAVIVA, Brice ALAIME, Sébastien SAUDUBRAY
C’est une chose proprement humaine que d’organiser le monde à partir de ce qu’il nous donne à voir. Nous structurons les éléments environnants par des liens et des associations qui produiront une matrice de sens et de sensibilités. Les patients que nous recevons sont coincés, dans une impasse, aux prises avec des angoisses qu’ils ne peuvent plus endiguer. De fait la réalité qui semble s’imposer à eux les déborde et sature leur capacité d’intégration.

Systémie et Hypnose: Protection de l’enfance. Florence DUFOUR-LEFORT
C’est dans une institution qui relève de l’Aide sociale à l’enfance, accueillant des enfants placés majoritairement par ordonnance judiciaire et dans une région où les difficultés sociales et économiques sont importantes, que je travaille comme psychologue depuis vingt ans. Les différentes lois de ces dernières décennies ont insisté sur le rôle et la place des parents, faisant évoluer les prises en charge vers davantage de soins impliquant la famille et d’une manière plus générale vers des interrogations sur le système familial et les mécanismes de répétition des dysfonctionnements relationnels.

Soins palliatifs: pour traverser la crise de l'ultime séparation. Dr Evelyne MICHELI
Quand la maladie menace l’homéostasie familiale. Tout au long du parcours plus ou moins long qui précède l’arrivée en unité de soins palliatifs, le système familial s’adapte pour faire de la place à ce nouveau personnage qu’est la maladie, les rôles se modifient de manière à préserver malgré tout l’homéostasie familiale, c’est-à-dire l’équilibre et la cohérence interne du système. Certains liens se resserrent, l’un des proches par exemple devient « l’aidant principal », d’autres liens se distendent, tel autre proche prend ses distances, tel autre enfin tente de ne rien voir et de continuer comme avant...

« Auto-hypnose ? » Dr Stefano COLOMBO
Cela commence bien. Auto-hypnose, auto hypnose ou bien autohypnose ? Trait d’union, espace ou rien ? Vous me direz que c’est un problème mineur, qu’il s’agit d’orthographe. Peut-être... Peut-être ? Eh oui ! Rappelez-vous : le doute est la terre fertile de toutes les vérités, sans lui rien ne pousse. Sur le terrain du doute, les vérités sont comme les arbres, elles se font de l’ombre l’une à l’autre.

« Le meilleur chemin vers l'hypnose... » Dr Adrian CHABOCHE
Chères lectrices, chers lecteurs, L’hypnose connaît un tel succès, une diffusion médiatique et scientifique jamais atteinte depuis que l’ensemble de la littérature médicale ait été recensée au début du XXe siècle. Hypnose médicale et hypnothérapie se côtoient, rejoignant la recherche, les neurosciences et l’exploration de la conscience humaine. L’hypnose, héritage du magnétisme animal ancré dans notre culture de- puis la fin du XVIIIe siècle, va à la rencontre de la méditation et, plus largement, de l’étude millénaire des états de conscience modifiés dans les états de transe.

Développer sa conscience corporelle avec le Rolfing. Dina ROBERTS
Mon intérêt pour la dimension corporelle de l’hypnose m’a attirée vers les pratiques somatiques, telles que la technique Alexander, la méthode Feldenkrais, le Rolfing. Ces pratiques se sont développées au carrefour du monde médical : neurosciences, physiologie, psychothérapie, et du monde des arts dont la danse.

L'Entretien de Michael Yapko par Gérard Fitoussi
Psychologue clinicien reconnu internationalement pour son travail en hypnose clinique, thérapies brèves et le traitement stratégique de la dépression, Michael D. Yapko, Ph.D., enseigne régulièrement dans le monde entier. Auteur de quinze livres* dont la 5e édition du devenu classique Trancework. Il a reçu de nombreuses distinctions pour ses contributions, dont la médaille de reconnaissance pour son œuvre par la Société Internationale d’Hypnose et la Fondation Milton H. Erickson.

J'ose l'hypnose. Notes de lecture par Sophie Cohen
Connaissez-vous la série des petits livres dans la collection « J’ose l’hypnose » aux éditions In Press ? Ce sont de petits ouvrages sur une thématiques donnée. J’ai lu les quatre présentés ici avec intérêt pour leur côté pratique et truffé d’exemples concrets et utilisables par chacun.

Hypnose douleur aigüe et anesthésie. Notes de lecture par Sophie Cohen
Les deux auteurs biens connus, Franck Bernard et Claude Virot, ont bien travaillé pour nous offrir des informations précises sur les états de conscience en hypnose. Ce livre est encore plus... que la 1ère édition parue il y a déjà huit ans. Encore plus que le précédent en termes d’exemples de situations, de précisions, de types d’exercices possibles, davantage encore de références aux expériences.

Hypnose et psychothérapie. Notes de lectures par Sophie Cohen
Cet ouvrage décrit la manière dont l’hypnose peut être associée à la psychanalyse, à l’EMDR, à l’Analyse Transactionnelle, à l’IMO, à la thérapie comportementale et cognitive ainsi qu’aux techniques de la psychologie de l’énergie, pour une psychothérapie efficace et de courte durée. Il contient les Actes du 9e congrès de l’Association Européenne des Praticiens d’Hypnose, sous la direction de Djayabala Varma, formateur en hypnothérapie intégrative et en psychologie de l’énergie.

La douleur. Notes de lectures par Henri BENSOUSSAN
Publié en 2015 et seulement édité en octobre 2018 en version française, cet ouvrage a été écrit par Steve Haines, chiropracteur, et illustré par Sophie Standing. Ils sont aussi auteurs dans la même collection chez Çà et là de Le trauma, quelle chose étrange et L’anxiété, quelle chose étrange à paraître en version française en 2019.

Supervision de thérapeutes avec Sophie TOURNOUËR
Dates : 4 et 5 Février 2020 à Paris
Venez visiter vos pratiques en partant de difficultés, d’expériences ou de questionnements rencontrés, avec une praticienne expérimentée, polyvalente et aussi rigoureuse que pleine de créativité, y compris en situation difficile.

Rédigé le 08/08/2019 modifié le 14/11/2019
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- Formateur en Hypnose Médicale, Ericksonienne et EMDR - IMO au CHTIP Collège Hypnose Thérapies… En savoir plus sur cet auteur


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