Ces deux-là se tiennent la main. Ils avancent vers l’échoppe du fleuriste, la joue rosée du plaisir qui s’annonce, quand lui va choisir quelques fleurs qu’elle adore. Et ils vont repartir chez eux, rescapés de la vie conjugale, célébrer avec leurs petits-enfants la fête des mamans. Deux autres, plus jeunes, mais passé quarante ans, marchent d’un même pas, pressés d’arriver enlacés à leur rendez-vous. Ils progressent de concert. Chaque partie du corps en contact avec l’autre semble les nourrir. Ils ont recomposé après les ruptures précédentes, brisés par les échecs, mais prêts à tout reconstruire plus solidement cette fois. Ils chuchotent avant d’entrer, complices, émerveillés de l’autre. Comme s’ils avaient encore l’âge des ados qui soudain se découvrent des affinités avec ces inconnus si attirants, et si semblables, si proches à la fois. La magie conjugale se renoue à tout âge dirait-on. Et sur le mode adolescentaire, elle pousse à s’exposer pour pouvoir s’attacher à l’autre.
Inquiétudes adultes
Comme responsable d’une institution d’hébergement pour adolescents à Bruxelles, j’observe aussi ces manœuvres d’approche qui se mettent en place à partir de trois fois rien, ces échanges de numéros de portable, ces regards appuyés, ces visages qui s’illuminent, ces yeux qui cherchent à croiser ceux de l’autre, ces sentiments qui naissent, même cachés sous la vulgarité, émoustillés par l’interdit. Parfois, tels des parents choqués, mes collègues et moi nous inquiétons de telle conduite à risques, de relations vouées à l’éphémère, de malentendus ignorés, d’attentes incompatibles entre sexualité et passion amoureuse. Nous oublions alors la nature profondément ancrée de ces attirances à l’autre. Tout comme les parents qui voient leurs enfants à peine teen-agers s’engager dans les jeux de l’amour et tous leurs dangers.
Eux n’ont pas vu le temps passer. Ils ont perdu de vue les objectifs qu’ils avaient dans leur propre projet de rencontrer l’autre, de vivre une relation d’amour, de découvrir la sexualité et ses plaisirs, de fonder une famille, d’avoir des enfants… de s’inscrire dans leurs lignages. Quand les ados s’attachent, les adultes investis d’un rôle parental ont tendance à s’inquiéter. Ils se demandent que faire, comment rester présent, et quelle place prendre quand les sentiments des enfants se tournent avec force vers d’autres, inconnus des parents ou des éducateurs. Faut-il accompagner cette relation, mais comment ne pas apparaître moralisateurs ou ringards ? Car apparemment nos adolescents n’ont plus besoin de nous lorsqu’ils découvrent un nouveau partenaire d’amour.
Naissance d’une lune de miel
Deux adolescents se croisent et soudain l’alchimie de la relation amoureuse peut se mettre en action. Parfums irrésistibles, phéromones, rappels de morphologies connues, contexte favorable à la reviviscence des fantasmes initiaux, en un instant, le désir de se rapprocher naît et les tentatives de recherches d’affinités fusent. Le récit de cette histoire commence à se coconstruire pour chacun d’eux séparément. Ils vont développer des trésors d’inventivité pour passer un moment ensemble, à la recherche d’un étayage de leurs sentiments amoureux naissants. Vient ensuite l’envie irrésistible de s’isoler, de marquer la différence entre cette dyade naissante et les autres, exclus de ce sentiment de merveilleux qui crée la frontière.
Encore quelques échanges d’idées, d’impressions, et au fil des minutes d’incompréhensibles rituels vont naître, ferment d’un nouveau mythe fondateur pour le couple qui vient de se créer. La croyance va conforter leur désir de partager leurs visions du monde, de coconstruire le récit de ce qui va suivre, ensemble cette fois. Et peu à peu une confiance plus forte va s’installer, permettant aux deux partenaires de commencer à oser se différencier, d’abord dans leurs rôles respectifs, puis dans des valeurs auxquelles ils tiennent.
Pour lire la suite cliquez ici
Inquiétudes adultes
Comme responsable d’une institution d’hébergement pour adolescents à Bruxelles, j’observe aussi ces manœuvres d’approche qui se mettent en place à partir de trois fois rien, ces échanges de numéros de portable, ces regards appuyés, ces visages qui s’illuminent, ces yeux qui cherchent à croiser ceux de l’autre, ces sentiments qui naissent, même cachés sous la vulgarité, émoustillés par l’interdit. Parfois, tels des parents choqués, mes collègues et moi nous inquiétons de telle conduite à risques, de relations vouées à l’éphémère, de malentendus ignorés, d’attentes incompatibles entre sexualité et passion amoureuse. Nous oublions alors la nature profondément ancrée de ces attirances à l’autre. Tout comme les parents qui voient leurs enfants à peine teen-agers s’engager dans les jeux de l’amour et tous leurs dangers.
Eux n’ont pas vu le temps passer. Ils ont perdu de vue les objectifs qu’ils avaient dans leur propre projet de rencontrer l’autre, de vivre une relation d’amour, de découvrir la sexualité et ses plaisirs, de fonder une famille, d’avoir des enfants… de s’inscrire dans leurs lignages. Quand les ados s’attachent, les adultes investis d’un rôle parental ont tendance à s’inquiéter. Ils se demandent que faire, comment rester présent, et quelle place prendre quand les sentiments des enfants se tournent avec force vers d’autres, inconnus des parents ou des éducateurs. Faut-il accompagner cette relation, mais comment ne pas apparaître moralisateurs ou ringards ? Car apparemment nos adolescents n’ont plus besoin de nous lorsqu’ils découvrent un nouveau partenaire d’amour.
Naissance d’une lune de miel
Deux adolescents se croisent et soudain l’alchimie de la relation amoureuse peut se mettre en action. Parfums irrésistibles, phéromones, rappels de morphologies connues, contexte favorable à la reviviscence des fantasmes initiaux, en un instant, le désir de se rapprocher naît et les tentatives de recherches d’affinités fusent. Le récit de cette histoire commence à se coconstruire pour chacun d’eux séparément. Ils vont développer des trésors d’inventivité pour passer un moment ensemble, à la recherche d’un étayage de leurs sentiments amoureux naissants. Vient ensuite l’envie irrésistible de s’isoler, de marquer la différence entre cette dyade naissante et les autres, exclus de ce sentiment de merveilleux qui crée la frontière.
Encore quelques échanges d’idées, d’impressions, et au fil des minutes d’incompréhensibles rituels vont naître, ferment d’un nouveau mythe fondateur pour le couple qui vient de se créer. La croyance va conforter leur désir de partager leurs visions du monde, de coconstruire le récit de ce qui va suivre, ensemble cette fois. Et peu à peu une confiance plus forte va s’installer, permettant aux deux partenaires de commencer à oser se différencier, d’abord dans leurs rôles respectifs, puis dans des valeurs auxquelles ils tiennent.
Pour lire la suite cliquez ici