Hypnose et Thérapies Breves 25
Introduction
C’est en tant qu’infirmier débutant en hypnose et thérapies brèves que j’entame ce sujet traitant du syndrome parkinsonien ou hypertonie.
Dans une première partie, je vous exposerai ce qu’il est possible de faire en exercice libéral en profitant des soins pour faire de l’hypnose conversationnelle, puis dans une deuxième partie ce qu’il est possible de faire en consultation au cabinet.
Je suis infirmier depuis 1995, diplômé d’Etat en soins généraux et de psychiatrie ; je me forme à l’hypnose et thérapies brèves avec ACTIIF à Brive depuis 2009.
Après une période de quatre années comme infirmier intérimaire où je me suis enrichi de nombreuses expériences et d’une première rencontre avec l’hypnose en bloc opératoire, je me suis installé comme infirmier libéral remplaçant en haute Corrèze.
Le choix de ce sujet a pris forme il y a trois ans après la première session d’« Hypnose et thérapies brèves », en remarquant l’utilité de la suggestion dans des situations habituellement « bloquées » où beaucoup de professionnels pratiquent des soins dits de confort.
L’hypnose a ajouté l’utilité au confort. Comme un bateau qui naviguait à vue, découvrant la boussole pour se réorienter dans le temps, les escales maritimes à venir seraient les objectifs du patient, et la destination, la finalité…
Définition
Le syndrome parkinsonien se définit comme une association de plusieurs symptômes neurologiques traduisant l’atteinte du système nerveux central et comprenant une lenteur et une rareté des mouvements (akinésie), avec une hypertonie, c'est-à-dire une rigidité. A cela s’ajoute un tremblement au repos des membres. L’ensemble des signes traduit une altération du faisceau extrapyramidal.
Ce syndrome s’observe au cours de la maladie de Parkinson proprement dite.
Pratique conversationnelle en exercice institutionnel libéral
Présentation de 3 cas
Cas de Monsieur D.
C’est dans un contexte de difficulté de maintien à domicile que je rencontre depuis quatre ans Monsieur D., âgé aujourd’hui de 85 ans.
Depuis le début de nos interventions, d’abord pour le diabète, nous avons remarqué un lent « glissement » : un désintérêt progressif, un ralentissement et une hypertonie notable entraînant une aide de notre part pour les soins d’hygiène.
Une consultation neurologique a confirmé le diagnostic de syndrome parkinsonien ; un traitement a été instauré, qui a permis une première amélioration.
Un matin, lors d’une visite habituelle, M. D. m’attendait assis dans un fauteuil roulant. La femme de M. D. me demanda si, moi aussi, je refusais d’aider à emmener son mari prendre une douche. Car personne ne se risquait plus à le verticaliser du fait de sa spasticité.
Je proposai un premier compromis en l’aidant debout dans la cuisine avec l’aide de sa femme; et dès cet essai j’ai remarqué, en lui demandant de « se tenir un peu plus droit », que cela lui apportait une amélioration.
J’ai donc poursuivi en adoptant sa vitesse d’exécution, et par la suite en augmentant légèrement la mienne. Je lui ai détaillé chaque geste pour se lever en posant des questions: « Est-ce que vous pouvez légèrement vous pencher en avant et placer vos deux pieds sur le sol pour vous lever ? »
Rapidement, nous avons travaillé les sensations, la force : « Et maintenant que vous êtes debout, est-ce que vous sentez vos pieds sur le sol ? Est-ce que vous sentez vos muscles dans vos jambes ? Pouvez-vous sentir vos muscles redressant votre dos et maintenant tenir votre tête comme si vous vouliez vous grandir et apercevoir par la fenêtre la cheminée du toit de votre voisin ou le soleil levant ? »
Nous avons aussi utilisé contextuellement des suggestions de verticalisation « comme pour apercevoir par la même fenêtre une pomme en haut de son pommier ».
A la fin des soins, je lui demandai de s’asseoir tranquillement tout en contrôlant la descente, et toujours en décrivant chaque geste.
En renforçant les compliments que lui adressait sa femme, nous nous sommes fixé comme objectif de marcher jusqu’à la salle de bains.
J’ai décrit la marche automatique un peu à la façon d’Erickson, en commentant ses gestes tout en « saupoudrant » et en les présupposant : « Vous serait-il possible de vous avancer légèrement dans votre fauteuil pour vous lever ? Voilà… et maintenant de continuer tranquillement à vous redresser comme si vous vouliez regarder l’heure sur votre pendule… Vous est-il possible de laisser avancer votre jambe la plus forte et continuer automatiquement quand celle-ci aura fini d’avancer… votre autre jambe pourra à son tour passer devant la première… comme ça… à votre rythme, comme pourrait le faire le balancier de votre pendule, automatiquement à chaque pas laisser faire vos jambes, la droite… puis la gauche, à leur bon rythme… »
Notre objectif a été atteint dès la première tentative, et s’en est suivie une amélioration notable de la déambulation, et même de la locution.
L’humeur s’en est grandement ressentie, avec une reprise des activités ludiques et un peu cérébrales (mots fléchés).
Le pouvoir des suggestions utilisationnistes du quotidien, associé à la confiance et la sécurité, ont permis à cet homme de reprendre un certain contrôle sur son corps et son esprit.
C’est en tant qu’infirmier débutant en hypnose et thérapies brèves que j’entame ce sujet traitant du syndrome parkinsonien ou hypertonie.
Dans une première partie, je vous exposerai ce qu’il est possible de faire en exercice libéral en profitant des soins pour faire de l’hypnose conversationnelle, puis dans une deuxième partie ce qu’il est possible de faire en consultation au cabinet.
Je suis infirmier depuis 1995, diplômé d’Etat en soins généraux et de psychiatrie ; je me forme à l’hypnose et thérapies brèves avec ACTIIF à Brive depuis 2009.
Après une période de quatre années comme infirmier intérimaire où je me suis enrichi de nombreuses expériences et d’une première rencontre avec l’hypnose en bloc opératoire, je me suis installé comme infirmier libéral remplaçant en haute Corrèze.
Le choix de ce sujet a pris forme il y a trois ans après la première session d’« Hypnose et thérapies brèves », en remarquant l’utilité de la suggestion dans des situations habituellement « bloquées » où beaucoup de professionnels pratiquent des soins dits de confort.
L’hypnose a ajouté l’utilité au confort. Comme un bateau qui naviguait à vue, découvrant la boussole pour se réorienter dans le temps, les escales maritimes à venir seraient les objectifs du patient, et la destination, la finalité…
Définition
Le syndrome parkinsonien se définit comme une association de plusieurs symptômes neurologiques traduisant l’atteinte du système nerveux central et comprenant une lenteur et une rareté des mouvements (akinésie), avec une hypertonie, c'est-à-dire une rigidité. A cela s’ajoute un tremblement au repos des membres. L’ensemble des signes traduit une altération du faisceau extrapyramidal.
Ce syndrome s’observe au cours de la maladie de Parkinson proprement dite.
Pratique conversationnelle en exercice institutionnel libéral
Présentation de 3 cas
Cas de Monsieur D.
C’est dans un contexte de difficulté de maintien à domicile que je rencontre depuis quatre ans Monsieur D., âgé aujourd’hui de 85 ans.
Depuis le début de nos interventions, d’abord pour le diabète, nous avons remarqué un lent « glissement » : un désintérêt progressif, un ralentissement et une hypertonie notable entraînant une aide de notre part pour les soins d’hygiène.
Une consultation neurologique a confirmé le diagnostic de syndrome parkinsonien ; un traitement a été instauré, qui a permis une première amélioration.
Un matin, lors d’une visite habituelle, M. D. m’attendait assis dans un fauteuil roulant. La femme de M. D. me demanda si, moi aussi, je refusais d’aider à emmener son mari prendre une douche. Car personne ne se risquait plus à le verticaliser du fait de sa spasticité.
Je proposai un premier compromis en l’aidant debout dans la cuisine avec l’aide de sa femme; et dès cet essai j’ai remarqué, en lui demandant de « se tenir un peu plus droit », que cela lui apportait une amélioration.
J’ai donc poursuivi en adoptant sa vitesse d’exécution, et par la suite en augmentant légèrement la mienne. Je lui ai détaillé chaque geste pour se lever en posant des questions: « Est-ce que vous pouvez légèrement vous pencher en avant et placer vos deux pieds sur le sol pour vous lever ? »
Rapidement, nous avons travaillé les sensations, la force : « Et maintenant que vous êtes debout, est-ce que vous sentez vos pieds sur le sol ? Est-ce que vous sentez vos muscles dans vos jambes ? Pouvez-vous sentir vos muscles redressant votre dos et maintenant tenir votre tête comme si vous vouliez vous grandir et apercevoir par la fenêtre la cheminée du toit de votre voisin ou le soleil levant ? »
Nous avons aussi utilisé contextuellement des suggestions de verticalisation « comme pour apercevoir par la même fenêtre une pomme en haut de son pommier ».
A la fin des soins, je lui demandai de s’asseoir tranquillement tout en contrôlant la descente, et toujours en décrivant chaque geste.
En renforçant les compliments que lui adressait sa femme, nous nous sommes fixé comme objectif de marcher jusqu’à la salle de bains.
J’ai décrit la marche automatique un peu à la façon d’Erickson, en commentant ses gestes tout en « saupoudrant » et en les présupposant : « Vous serait-il possible de vous avancer légèrement dans votre fauteuil pour vous lever ? Voilà… et maintenant de continuer tranquillement à vous redresser comme si vous vouliez regarder l’heure sur votre pendule… Vous est-il possible de laisser avancer votre jambe la plus forte et continuer automatiquement quand celle-ci aura fini d’avancer… votre autre jambe pourra à son tour passer devant la première… comme ça… à votre rythme, comme pourrait le faire le balancier de votre pendule, automatiquement à chaque pas laisser faire vos jambes, la droite… puis la gauche, à leur bon rythme… »
Notre objectif a été atteint dès la première tentative, et s’en est suivie une amélioration notable de la déambulation, et même de la locution.
L’humeur s’en est grandement ressentie, avec une reprise des activités ludiques et un peu cérébrales (mots fléchés).
Le pouvoir des suggestions utilisationnistes du quotidien, associé à la confiance et la sécurité, ont permis à cet homme de reprendre un certain contrôle sur son corps et son esprit.
Cas de Monsieur L.
Début 2010, je suis intervenu chez Monsieur L, âgé de 72 ans et ancien mécanicien.
Il nécessite depuis peu une aide quasi totale pour ses soins corporels.
Il a pour antécédent un AVC hémorragique temporal gauche en 2002, avec récidive en 2005, qui lui occasionne une hémiplégie droite. De plus, se sont instaurés progressivement une hypertonie et des troubles dyskinétiques traités par L-dopa à forte dose.
Mon intervention hypnotique conversationnelle s’est déroulée en profitant comme précédemment des soins pour saupoudrer des mots utiles et contextuels.
La reprise des automatismes a été conditionnée à la relation de confiance et de sécurité ; nous avons pu améliorer la marche grâce à l’utilisation des termes professionnels tels que démarrage, mise en route…
Avec patience, lors de notre première rencontre, nous avons marché jusqu’à sa salle de bains en décrivant et en présupposant chacun de ses gestes. Pour suggérer l’automatisme de la marche, je me suis servi de l’image du moteur de voiture entraînant la boîte de vitesses mettant en mouvement les transmissions pour faire avancer les roues…
Sa participation aux soins fut une heureuse surprise et une motivation pour lui à être sujet. Lorsqu’il s’essuya, son bras droit hémiplégique se mis à fonctionner en « miroir » de sa main gauche. Une fois revenu dans son fauteuil, pouvoir me dire « au revoir » en me serrant la main de sa main droite hémiplégique fut inattendu. Ce qui provoqua, en plus de sa surprise, un immense sourire.
Cette expérience confirme que les archaïsmes du quotidien ou professionnels sont efficaces pour une reprise de contrôle des automatismes.
Cas de Monsieur G.
Fin 2010, j’ai rencontré Monsieur G., 64 ans, retraité depuis quatre ans, et atteint d’une maladie de Parkinson depuis dix années avec, d’après sa famille, des troubles qui étaient plus anciens.
Son état évolue de plus en plus rapidement depuis quelques mois vers une démence parkinsonienne. Au mois d’octobre 2010, celui-ci faisait encore un petit parcours de golf, sa passion, et ses troubles s’atténuaient quelques instants.
Deux hospitalisations successives pour ce problème l’ont dégradé, et il est totalement dépendant et alité ; toutes les thérapeutiques pour sa maladie ont été arrêtées. Il est désormais hospitalisé à domicile en soins palliatifs.
Je le rencontre dans un contexte différent, puisque c’est un kiné à qui je parlais du sujet de travail pour le Forum qui m’a proposé à sa famille pour une possible intervention hypnotique.
La prise de contact est difficile, car M. G. est hypersomnolent et confus, peut-être à cause d’un traitement antalgique trop puissant. Mais après quelques stimulations verbales, je lui ai racontai mon expérience avec d’autres patients et il sollicita mon aide.
Je lui ai proposé de préparer un changement de position, tout d’abord en faisant du « tapping » sur chacun de ses membres en insistant sur les pouces, index, visage et cou qu’il a peine à tenir, tout en lui faisant ressentir les différents canaux sensoriels. Ceci dans le but de stimuler la voie neurologique sensitive pour tenter de la transposer par la suite en réponse motrice.
Je lui demandai plusieurs fois, de manière hypnotique, s’il sentait sa tête sur ses épaules, puis s’il avait bien la tête sur les épaules et si sa tête pouvait être au- dessus de son corps comme est le point sur le « i ».
Un recadrage oscillatoire d’esprit s’en suivit : M. G. se mit à parler avec plus de conscience de l’instant et à poser des questions: « Pourquoi tu fais ça ? », « Est-ce que je pourrais boire un café moi aussi ? ». Il m’observait alors que tout le monde avait l’impression qu’il ne voyait plus.
J’appelle « recadrage oscillatoire » d’esprit sa reprise partielle de contact avec la réalité. Je l’ai stimulé en m’adressant à lui au lieu de parler de lui, en captant son regard et en focalisant son attention sur son corps et sur un autre registre que le soin douloureux. Même si je sentais qu’il se réassociait, ce n’était pas un acquis ; la confusion reprenait par instant, à cause de la pathologie mais aussi probablement aggravée par la puissante médication antalgique.
Avec sa participation, nous nous sommes assis sur le bord du lit. Il se tenait plutôt droit pour quelqu’un d’alité depuis six semaines. Par la suite, avec aide, il se mit debout et redemanda à refaire plusieurs fois l’exercice pendant que je le complimentais et « saupoudrais » chacun de ses gestes. Et enfin une expression sur son visage : sa fierté de se tenir debout devant sa femme en l’interpellant des yeux.
Nous avons assoupli ses mains en lui demandant « s’il pouvait se rendre un peu plus souple, plus léger pour ouvrir son index ou son pouce », en obtenant plusieurs succès successifs.
Quand on connaît l’importance, sur le schéma cérébral au niveau rolandique, du pouce et de l’index, cette suggestion simple et directive est efficace.
Je n’ai pas cherché à faire de transe conversationnelle plus aboutie, de crainte de renforcer la confusion; le golf et la musique sont des ressources, certes, mais le contexte et mes compétences ne me permettent pas de dissocier une personne confuse. Le bénéfice durait un peu après la séance, mais ensuite la confusion revenait.
Ma dernière visite fut suivie d’une grande agitation motrice, toujours sur un mode confus, ce qui rendit la vie difficile pour son épouse.
Nous avons donc cessé les séances, et il est redevenu immobile, peu de temps après pour toujours…
Pour lire la suite : http://www.rayon-livres.com
Début 2010, je suis intervenu chez Monsieur L, âgé de 72 ans et ancien mécanicien.
Il nécessite depuis peu une aide quasi totale pour ses soins corporels.
Il a pour antécédent un AVC hémorragique temporal gauche en 2002, avec récidive en 2005, qui lui occasionne une hémiplégie droite. De plus, se sont instaurés progressivement une hypertonie et des troubles dyskinétiques traités par L-dopa à forte dose.
Mon intervention hypnotique conversationnelle s’est déroulée en profitant comme précédemment des soins pour saupoudrer des mots utiles et contextuels.
La reprise des automatismes a été conditionnée à la relation de confiance et de sécurité ; nous avons pu améliorer la marche grâce à l’utilisation des termes professionnels tels que démarrage, mise en route…
Avec patience, lors de notre première rencontre, nous avons marché jusqu’à sa salle de bains en décrivant et en présupposant chacun de ses gestes. Pour suggérer l’automatisme de la marche, je me suis servi de l’image du moteur de voiture entraînant la boîte de vitesses mettant en mouvement les transmissions pour faire avancer les roues…
Sa participation aux soins fut une heureuse surprise et une motivation pour lui à être sujet. Lorsqu’il s’essuya, son bras droit hémiplégique se mis à fonctionner en « miroir » de sa main gauche. Une fois revenu dans son fauteuil, pouvoir me dire « au revoir » en me serrant la main de sa main droite hémiplégique fut inattendu. Ce qui provoqua, en plus de sa surprise, un immense sourire.
Cette expérience confirme que les archaïsmes du quotidien ou professionnels sont efficaces pour une reprise de contrôle des automatismes.
Cas de Monsieur G.
Fin 2010, j’ai rencontré Monsieur G., 64 ans, retraité depuis quatre ans, et atteint d’une maladie de Parkinson depuis dix années avec, d’après sa famille, des troubles qui étaient plus anciens.
Son état évolue de plus en plus rapidement depuis quelques mois vers une démence parkinsonienne. Au mois d’octobre 2010, celui-ci faisait encore un petit parcours de golf, sa passion, et ses troubles s’atténuaient quelques instants.
Deux hospitalisations successives pour ce problème l’ont dégradé, et il est totalement dépendant et alité ; toutes les thérapeutiques pour sa maladie ont été arrêtées. Il est désormais hospitalisé à domicile en soins palliatifs.
Je le rencontre dans un contexte différent, puisque c’est un kiné à qui je parlais du sujet de travail pour le Forum qui m’a proposé à sa famille pour une possible intervention hypnotique.
La prise de contact est difficile, car M. G. est hypersomnolent et confus, peut-être à cause d’un traitement antalgique trop puissant. Mais après quelques stimulations verbales, je lui ai racontai mon expérience avec d’autres patients et il sollicita mon aide.
Je lui ai proposé de préparer un changement de position, tout d’abord en faisant du « tapping » sur chacun de ses membres en insistant sur les pouces, index, visage et cou qu’il a peine à tenir, tout en lui faisant ressentir les différents canaux sensoriels. Ceci dans le but de stimuler la voie neurologique sensitive pour tenter de la transposer par la suite en réponse motrice.
Je lui demandai plusieurs fois, de manière hypnotique, s’il sentait sa tête sur ses épaules, puis s’il avait bien la tête sur les épaules et si sa tête pouvait être au- dessus de son corps comme est le point sur le « i ».
Un recadrage oscillatoire d’esprit s’en suivit : M. G. se mit à parler avec plus de conscience de l’instant et à poser des questions: « Pourquoi tu fais ça ? », « Est-ce que je pourrais boire un café moi aussi ? ». Il m’observait alors que tout le monde avait l’impression qu’il ne voyait plus.
J’appelle « recadrage oscillatoire » d’esprit sa reprise partielle de contact avec la réalité. Je l’ai stimulé en m’adressant à lui au lieu de parler de lui, en captant son regard et en focalisant son attention sur son corps et sur un autre registre que le soin douloureux. Même si je sentais qu’il se réassociait, ce n’était pas un acquis ; la confusion reprenait par instant, à cause de la pathologie mais aussi probablement aggravée par la puissante médication antalgique.
Avec sa participation, nous nous sommes assis sur le bord du lit. Il se tenait plutôt droit pour quelqu’un d’alité depuis six semaines. Par la suite, avec aide, il se mit debout et redemanda à refaire plusieurs fois l’exercice pendant que je le complimentais et « saupoudrais » chacun de ses gestes. Et enfin une expression sur son visage : sa fierté de se tenir debout devant sa femme en l’interpellant des yeux.
Nous avons assoupli ses mains en lui demandant « s’il pouvait se rendre un peu plus souple, plus léger pour ouvrir son index ou son pouce », en obtenant plusieurs succès successifs.
Quand on connaît l’importance, sur le schéma cérébral au niveau rolandique, du pouce et de l’index, cette suggestion simple et directive est efficace.
Je n’ai pas cherché à faire de transe conversationnelle plus aboutie, de crainte de renforcer la confusion; le golf et la musique sont des ressources, certes, mais le contexte et mes compétences ne me permettent pas de dissocier une personne confuse. Le bénéfice durait un peu après la séance, mais ensuite la confusion revenait.
Ma dernière visite fut suivie d’une grande agitation motrice, toujours sur un mode confus, ce qui rendit la vie difficile pour son épouse.
Nous avons donc cessé les séances, et il est redevenu immobile, peu de temps après pour toujours…
Pour lire la suite : http://www.rayon-livres.com