Préliminaires à une psychothérapie brève solutionniste , orientée sur les compétences. Formation Hypnose, Formation Hypnose ericksonienne Nantes, Docteur Alain Vallée

Hypnose, EMDR , HTSMA
Dr Alain Vallée, Psychiatre Psychothérapeute
Formation Hypnose, Nantes
Formation Hypnose Ericksonienne, Nantes
Formation EMDR, Nantes
Formation HTSMA, Nantes
Institut Milton H Erickson Nantes



Il est possible de penser que, le plus souvent, les personnes qui viennent nous voir ne viennent pas demander une thérapie, mais viennent tout simplement nous demander de les aider à modifier quelque chose qui les gène.
C’est un argument qui peut faire penser que la nomination de notre activité comme psychothérapie n’est pas adéquate, puisqu’elle définit le chemin et non la finalité. Il aurait été aussi logique de choisir le lieu ou tout autre critère pour définir la nomination.
Faute d’autre mot , gardons celui-ci tout en ayant à l’esprit qu’il n’est pas adéquat et qu’il est peut-être plus sage de rester humble et de ne pas trop rêver de changer quelque chose d’aussi complexe qu’un esprit humain dont, après tout, nous ne connaissons rien d’autre que des métaphores. S De Shazer propose de nommer cette activité humaine : jeu de langage nommé thérapie.

Au fait, qu’est que c’est que changer ? est ce que c’est changer de personnalité, changer son esprit ou bien est que c’est quitter un chemin apparemment sans issue pour en prendre un autre apparemment ouvert ?
Pour reprendre la métaphore de Dante, ce n’est jamais que quitter une prison d’invention pour une autre.

Il m’arrive d’expliquer à mes clients que , quand ils viennent me voir, ils sont comme accrochés à un mur d’escalade, le nez contre la paroi, sans grand risque de tomber, mais incapables de savoir quoi faire pour quitter cette position, à moins de se laisser tomber.
Chez moi, ils viennent chercher un entraîneur qui va leur dire : « à ta main droite ou à ta main gauche ou à ton pied droit ou gauche, il y a tout près une prise, tu peux la prendre sans trop de difficulté, elle ne va pas te permettre nécessairement d’avancer, mais elle va te permettre de changer la perspective du mur, et peut-être verras tu alors le nouveau chemin que tu pourras suivre ». Je me garde bien de les orienter vers le fait de se poser la question de ce qu’ils feront une fois en haut du mur…

Même s’ils viennent « pour essayer » ou bien parce que quelqu’un les y pousse, c’est cet espoir qui les fait venir.

Notez que bien souvent, ils interprètent la sensation d’un espoir comme étant déjà un premier changement. Bien sûr, il sera beaucoup plus fort dès qu’il s’étayera sur la conviction d’un changement possible.

Nous ne sommes pas des jardiniers qui peuvent mettre de l’engrais pour amender le sol. Nous ne pouvons qu’utiliser les ressources du lieu, ce qui suppose que notre client , de passif , devienne actif.
S De Shazer a formulé cela en proposant de rendre les clients responsables ou bien en rendant le changement plausible pour eux.
Ce sera cela mon propos de ce soir .
Comment rendre responsable notre client ?
Sans cette conviction que vous aurez aidé à faire naître chez lui, vous aurez beau vous escrimer, mouiller votre chemise, vous plaindre d’être fatigué le soir, il ne saura pas faire la premier pas pour changer et restera désespérément accroché à son mur.
A l’expérience, il me semble que c’est la partie la plus délicate de ce type de travail. Trop souvent, le narcissisme thérapeutique, l’optimisme lié au « succès » rencontré avec un client « semblable », nous font penser que l’affaire sera facile. C’est particulièrement vrai si le client s’est déjà amélioré avant le premier entretien : ceci ne signifie pas toujours qu’il sait répondre à la question : « comment avez vous fait, ». Ce n’est pas une question de pure forme, il faut soigneusement en écouter la réponse.

Alors, par quoi commencer ?

Il me semble, mais c’est à discuter, qu’il vaut mieux commencer par la recherche de ce que veut le client , ce qui permettra de définir le mandat qu’il nous donne.
D’une certaine façon , savoir ce que veut le client , c’est déjà résoudre la difficulté, si par exemple, vous obtenez par vos questions la description de ce que sera sa vie lorsque le but sera atteint. C’est en même temps risquer de désespérer votre client si celui ci apparaît trop lointain. Toute l’habileté consiste à ne pas pousser le client à être trop optimiste, à ne pas l’entraîner vers un univers où seul un miracle permettrait de l’en sortir..
Pour reprendre la description de Luc Isebaert et MC Cabié, les objectifs doivent correspondre à certaines qualités :
- ils sont ceux du patient
- ils sont présentés comme assez difficiles à réaliser.
- ils sont petits
- ils sont réalistes et réalisables
- ils sont formulés en termes de comportement
- ils sont décrits en termes interactionnels
- ils décrivent la présence d’une solution plutôt que l’absence d’un problème


Comment arriver à la détermination de cet objectif ?
Nous pouvons demander au client ce qu’il veut. Certains le savent, au moins en termes négatifs, et restent beaucoup plus discrets quand à décrire un but positif.

Quelquefois , avec un peu d’expérience , nous pouvons proposer un objectif en induisant gentiment les réponses à partir de notre expérience.

Nous pouvons aussi négocier le changement minimal qui leur permettrait de rendre leur vie un peu plus supportable.

De plus en plus, j’utilise la question proposée par S De Shazer :
« je sais que vous avez déjà tenté beaucoup avec peu de résultats et que vous avez toutes raisons d’être prudents quand vous rencontrez un nouveau thérapeute. Probablement , en sortant d’ici, vous allez à juste titre vous poser la question suivante :est-ce que ça m’a été utile d’être venu ici aujourd’hui ?Eh Bien justement, supposez que tout à l’heure, vous trouviez que ça vous a été utile d’être venu ici, qu’est ce qu’il aura fallu que vous observiez de très légèrement différent ?qu’est ce qu’il aura fallu que vous ressentiez, que vous pensiez de très légèrement différent pour que vous puissiez commencer à penser que ça a pu commencer à être un peu utile d’être venu ici ?
Je sais que c’est une question un peu tordue, mais vous êtes venu ici pour travailler , n’est-ce pas ?
Et je me tais…
Le réponses viennent presque toujours en termes de sensations corporelles, de détente, de légèreté, ce qui , allié aux questions suivantes : et qu’est ce qui sera différent quand vous serez plus léger, détendu, etc. va amener un commentaire comportemental qui, dans la plupart des cas, s’avère être un mandat acceptable.
Dans mon expérience, cette question m’apparaît plus productive que de demander directement : qu’est qui devra changer pour que vous puissiez trouver utile d’être venu me rencontrer ?

La question suivante est très simple :Quand est ce que vous avez été détendu, léger, etc. la dernière fois ?
Bien souvent, votre client va se rendre compte que , finalement , ce n’est pas si rare que ça et que , surtout, c’est éventuellement reproductible volontairement.

A partir de cette recherche, il me semble trop tôt de poser aussitôt la question miracle ou de lancer le client dans une anticipation résolutive, il faut surtout s’assurer que le changement apparaît plausible à votre client, qu’il peut se sentir responsable par rapport à cette visée.
« La responsabilité est la solidarité de la personne humaine avec ses actes, condition préalable de toute obligation réelle ou juridique »


Nous disposons de quelques moyens pour arriver à ce but :

La personne a déjà fait des changements. Ils sont reconnus comme tels ; même si cette constatation est quelquefois une surprise, l’adhésion est entière : une grande partie du travail a déjà été fait.
Quelques questions du genre : comment avez vous fait ? quelques félicitations vont renforcer la certitude.

Il existe des exceptions que la personne reconnaît provoquer volontairement mais qui ne sont pas pour autant reproductibles.
Il est déjà possible de les utiliser comme preuve de la capacité de changement . Très généralement, dans ces cas, la croyance est que le changement provient de l’environnement.
Il faudra un recadrage minutieux et patient pour convaincre le client qu’il a eu les qualités nécessaires pour que ces changement se fassent.
Dans ces cas plus qu’avec d’autres ,le rôle du compliment est essentiel.

Il n’y a pas d’exceptions que la personne reconnaît avoir provoquées.
L’enquête sur la vie quotidienne , dans le détail pourra amener une autre exception . L’humour, la protection sont de rigueur. Ceci ne suffit pas à faire accepter l’idée du changement comme possible.
Une négociation lente , patiente pourra amener le client à accepter de faire un changement minime, qui sera un premier pas dans l’acceptation de la responsabilité.
La tâche de prédiction reste un outil majeur.

« Chaque soir, prévoyez à combien vous serez le lendemain sur l’échelle. Le lendemain soir , vous noterez juste à côté à combien vous avez été effectivement. Faites ça plusieurs semaines et observez si vous améliorez votre prévision ». Très généralement , les clients apprennent très bien à prévoir, donc à contrôler, à avoir des comportements adaptés à la prévision permettant d’améliorer beaucoup plus vite leur score et donc à entraîner l’acceptation de la responsabilité.

Après, vous pourrez faire ce que vous voulez , questions miracle ou autre, il n’y a plus qu’à terminer la travail, le changement étant maintenant certain puisqu’accepté.

A Vallée ,Nantes 10 99

Rédigé le 10/12/2008 modifié le 12/12/2008
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