Regards croisés
Les regards que nous poserons ici sur la pratique de l’hypnose incitent à considérer cette approche comme l’essence même de toute pratique thérapeutique. Ces regards s’articulent au croisement du champ des thérapies systémiques et de celui de l’hypnothérapie. Deux questionnements se font face l’un l’autre autour d’un même thème.
Dans le champ systémique, on peut s’interroger sur l’efficacité des interventions du thérapeute alors que ce dernier est lui-même un élément du système : comment être à la fois partie intégrante du dispositif thérapeutique et intervenir efficacement sur celui-ci ? Comment être paradoxalement acteur dans le système et tout à la fois observateur du système ?
Dans cette perspective, dans le champ de l’hypnothérapie, comment l’influence – qui, nous le verrons, est réciproque – peut-elle être non seulement thérapeutique mais encore particulièrement efficace ?
C’est en croisant la notion de résonance, considérée comme un levier thérapeutique puissant porté par le lien patient-thérapeute1, avec ce que nous connaissons de la nature de la transe hypnotique, qu’il est possible de dessiner une dynamique de la transe commune.
La mise en évidence de certains substrats anatomiques, les neurones miroirs, illustre en partie cette dynamique. Ces regards croisés portent un éclairage intéressant sur l’efficacité de l’hypnose, les fondements de l’impact de nos interventions spontanées, l’acquisition de la part de nos patients d’une autonomie rapide pour faire face à leurs difficultés, et par là, la relative brièveté de cette prise en charge.
Cette lecture souligne en particulier l’importance de la posture prise par le thérapeute, essentielle dans l’efficacité de la thérapie. Ainsi nous verrons à partir de deux vignettes cliniques comment considérer l’intervention du thérapeute, d’un point de vue hypnothérapeutique et d’un point de vue systémique. Nous y reconnaîtrons l’importance des résonances comme effectuateur commun, et leur potentialisation dans le contexte hypnotique.
Vignette clinique : hypnothérapie
Un patient vient en consultation d’hypnothérapie régulièrement, car il a de réelles difficultés à affronter son milieu professionnel, parfois conflictuel, et de manière plus générale les changements. Il laisse paraître, sans vouloir s’y attarder, l’existence d’une problématique relationnelle intrafamiliale.
Au cours d’une séance, à la suite d’un séjour chez ses parents, le patient parle de « tumulte intérieur », de pensées noires et agitées, nourries de culpabilité. Lors de ce séjour, des tensions relationnelles étaient apparues, le patient n’arrivant pas à se faire entendre.
Pendant l’« exercice hypnotique », le thérapeute propose une métaphore qui s’impose à lui : il demande au patient de dessiner intérieurement un cercle autour de lui, l’invite à s’y installer centré sur le présent et à laisser à l’extérieur passé, futur, contexte...
Le thérapeute n’a pas préparé ni envisagé cette suggestion venue à lui spontanément au décours de la transe. Le patient à la sortie de l’exercice est troublé. Il explique que la métaphore proposée a fait écho chez lui à deux niveaux :
- écho aux propos d’une de ses proches connaissances qui lui dit un jour qu’il semblait installer entre lui et les autres des « cercles concentriques » dans lesquels, en fonction du degré d’intimité accordé, on pouvait être dans une proximité plus ou moins grande avec lui ou être tenu à l’écart ;
- écho également à ce que la séance alors lui révèle : l’impossibilité selon une « loi implicite » d’avoir, au sein de la famille, son territoire délimité. Il comprend alors qu’à chaque séjour familial, la sensation continuelle, mais jusque-là implicite, d’une intrusion dans son espace, qu’il soit physique ou affectif, se répète.
La métaphore a éclairé cet aspect jusque-là voilé bien que vécu. Elle invite le patient à disposer de son propre espace et l’autorise à poser fermement cette nécessaire frontière que le contexte familial tend à effacer, à interdire. Dans la transe, le patient apprend à dessiner un espace de liberté et à s’y installer. La métaphore est ici « intuition » en résonance à une problématique présente dans l’espace-temps de la transe.
L’espace-temps dont il est question est décrit dans l’approche systémique comme une co-construction résultant de la rencontre thérapeutique dans le temps d’une séance. A l’intérieur de cet espace s’effectue une mise en présence d’individus, de singularités, d’« assemblages » fluctuants qui englobent différents plans cognitif, sensoriel, affectif, sensoriel, culturel et social. C’est la rencontre de ces différents assemblages qui possède en elle-même les leviers thérapeutiques, les résonances en sont l’écho.
Les regards que nous poserons ici sur la pratique de l’hypnose incitent à considérer cette approche comme l’essence même de toute pratique thérapeutique. Ces regards s’articulent au croisement du champ des thérapies systémiques et de celui de l’hypnothérapie. Deux questionnements se font face l’un l’autre autour d’un même thème.
Dans le champ systémique, on peut s’interroger sur l’efficacité des interventions du thérapeute alors que ce dernier est lui-même un élément du système : comment être à la fois partie intégrante du dispositif thérapeutique et intervenir efficacement sur celui-ci ? Comment être paradoxalement acteur dans le système et tout à la fois observateur du système ?
Dans cette perspective, dans le champ de l’hypnothérapie, comment l’influence – qui, nous le verrons, est réciproque – peut-elle être non seulement thérapeutique mais encore particulièrement efficace ?
C’est en croisant la notion de résonance, considérée comme un levier thérapeutique puissant porté par le lien patient-thérapeute1, avec ce que nous connaissons de la nature de la transe hypnotique, qu’il est possible de dessiner une dynamique de la transe commune.
La mise en évidence de certains substrats anatomiques, les neurones miroirs, illustre en partie cette dynamique. Ces regards croisés portent un éclairage intéressant sur l’efficacité de l’hypnose, les fondements de l’impact de nos interventions spontanées, l’acquisition de la part de nos patients d’une autonomie rapide pour faire face à leurs difficultés, et par là, la relative brièveté de cette prise en charge.
Cette lecture souligne en particulier l’importance de la posture prise par le thérapeute, essentielle dans l’efficacité de la thérapie. Ainsi nous verrons à partir de deux vignettes cliniques comment considérer l’intervention du thérapeute, d’un point de vue hypnothérapeutique et d’un point de vue systémique. Nous y reconnaîtrons l’importance des résonances comme effectuateur commun, et leur potentialisation dans le contexte hypnotique.
Vignette clinique : hypnothérapie
Un patient vient en consultation d’hypnothérapie régulièrement, car il a de réelles difficultés à affronter son milieu professionnel, parfois conflictuel, et de manière plus générale les changements. Il laisse paraître, sans vouloir s’y attarder, l’existence d’une problématique relationnelle intrafamiliale.
Au cours d’une séance, à la suite d’un séjour chez ses parents, le patient parle de « tumulte intérieur », de pensées noires et agitées, nourries de culpabilité. Lors de ce séjour, des tensions relationnelles étaient apparues, le patient n’arrivant pas à se faire entendre.
Pendant l’« exercice hypnotique », le thérapeute propose une métaphore qui s’impose à lui : il demande au patient de dessiner intérieurement un cercle autour de lui, l’invite à s’y installer centré sur le présent et à laisser à l’extérieur passé, futur, contexte...
Le thérapeute n’a pas préparé ni envisagé cette suggestion venue à lui spontanément au décours de la transe. Le patient à la sortie de l’exercice est troublé. Il explique que la métaphore proposée a fait écho chez lui à deux niveaux :
- écho aux propos d’une de ses proches connaissances qui lui dit un jour qu’il semblait installer entre lui et les autres des « cercles concentriques » dans lesquels, en fonction du degré d’intimité accordé, on pouvait être dans une proximité plus ou moins grande avec lui ou être tenu à l’écart ;
- écho également à ce que la séance alors lui révèle : l’impossibilité selon une « loi implicite » d’avoir, au sein de la famille, son territoire délimité. Il comprend alors qu’à chaque séjour familial, la sensation continuelle, mais jusque-là implicite, d’une intrusion dans son espace, qu’il soit physique ou affectif, se répète.
La métaphore a éclairé cet aspect jusque-là voilé bien que vécu. Elle invite le patient à disposer de son propre espace et l’autorise à poser fermement cette nécessaire frontière que le contexte familial tend à effacer, à interdire. Dans la transe, le patient apprend à dessiner un espace de liberté et à s’y installer. La métaphore est ici « intuition » en résonance à une problématique présente dans l’espace-temps de la transe.
L’espace-temps dont il est question est décrit dans l’approche systémique comme une co-construction résultant de la rencontre thérapeutique dans le temps d’une séance. A l’intérieur de cet espace s’effectue une mise en présence d’individus, de singularités, d’« assemblages » fluctuants qui englobent différents plans cognitif, sensoriel, affectif, sensoriel, culturel et social. C’est la rencontre de ces différents assemblages qui possède en elle-même les leviers thérapeutiques, les résonances en sont l’écho.