Les Thérapies Brèves et l’hypnothérapie sont intimement mêlées : le nom même de notre Confédération y fait allusion.
En thérapie, il ya deux parties en présence : le patient et le thérapeute. Que se passe-t-il quand l’un ou l’autre ou les deux sont actifs c-à-d se mettent en mouvement? Le sujet est moins simple qu’il n’y paraît….
Reprenons brièvement quelques caractéristiques de nos thérapies.
1. L’ACTIVITE DU THERAPEUTE
Dans le courant des Thérapies brèves (la résolution de problèmes du BTC de Palo Alto, Erickson et ses thérapies stratégiques, les solutionnistes derrière Steve de Shazer…), loin de la neutralité bienveillante prônée par d’autres, l’influence a été très tôt affirmée et justifiée.
L’Ecole de Palo Alto annonce comme axiomes de la communication :
- on ne peut pas ne pas communiquer
- toute communication exerce une influence à double courant.
Classiquement aussi, l’histoire de l’hypnose fut mêlée à celle de la suggestion.
Nous gardons la bienveillance mais quittons la « neutralité » ! Le thérapeute peut donc être actif, mais il y a pour lui différentes façons de le faire, à des moments différents et avec des résultats différents sur l’activité plus ou moins créatrice du patient.
2. ETRE THERAPEUTE, C’EST ETRE UNE OCCASION DE CHANGEMENT
C’est ainsi qu’Erickson le définissait…
Remarquons qu’une deuxième condition est nécessaire au changement, c’est que le patient saisisse cette occasion de changement.
Mais le thérapeute, quelque soit l’école de thérapie à laquelle il se réfère, peut être une occasion de non-changement et finalement faire partie du problème plutôt que de la solution. Son travail a beau être actif, créatif…il peut ne pas offrir d’occasion de changer. A Palo Alto on dira qu’il fait « plus de la même chose ». Steve de Shazer parlera «d’une différence qui ne fait pas de différence ».
Toute la progression qu’un thérapeute peut espérer de son expérience en thérapie tiendrait elle à cela : devenir de plus en plus souvent une occasion de changement durable ?
3. LES THERAPIES BREVES SE VEULENT « TERMINABLES »
Certaines insisteront plus que d’autres sur la définition très précoce d’un objectif : « A quoi verrez vous que nous pourrons mettre fin à notre travail ? » Cette question définit d’emblée les critères de l’objectif atteint. La Question du Miracle fait la même chose chez les solutionnistes.
D’autres, tout aussi déterminés à une rencontre « terminable », se garderont cependant bien d’en préciser à l’avance les critères de fin…
François Roustang dira même « Il n’y a pas de relation thérapeutique en ce sens que, dès son commencement, elle est marquée par le signe de sa disparition. »
4. AVEC QUI TRAVAILLONS NOUS ?
La systémique brève a clairement opté de travailler avec « Celui qui se plaint » et non avec « Celui dont on se plaint ».
D’autres voient les choses sous un autre angle. Parfois les deux parties se sentiront concernées et réaliseront un travail plus ou moins contractuel entre elles.
5. QU’ALLONS NOUS FAIRE DE CETTE THERAPIE ?
Nous partirons de la souffrance, de la plainte exprimée.
Parfois il n’y a pas de plainte exprimée. Dans son dernier livre « Traiter les cas difficiles », Dick FISCH dira « Pas de plainte, pas de thérapie ».
D’autres tenteront avec le « Touriste » (comme nous l’appellerons plus loin), de profiter de sa présence dans notre cabinet pour lui tendre des perches…qui l’amèneront peut-être à exprimer une souffrance voire à prendre la décision de changer.
Mais, même quand il y a souffrance exprimée, le patient veut il réellement ce qu’il demande ? L’histoire nous le dira peut-être …
Un certain nombre de patients expriment une souffrance sans pour autant être actifs à la résolution de leur problème : ils s’en plaignent d’abondance mais n’imaginent pas que le changement puisse venir d’eux. Ils sont « victimes » et, comme le disait Yvonne DOLAN « Etre victime, c’est un choix de carrière »
Roustang écrit (p 52) :
« Les humains tiennent d’ailleurs plus à leurs souffrances qu’à leur bonheur et ils sont capables des plus subtiles inventions pour les entretenir. Pourquoi le thérapeute devrait-il vouloir des succès auxquels ses patients ne tiennent guère ?
Face à cette souffrance apportée, mise sur la table, plusieurs positions sont envisageables pour le thérapeute. Va-t-il tenter une « relation d’aide » ? Ou pourrait-il « ne rien faire » ?
La première hypothèse est assez répandue au point qu’elle pourrait faire passer la seconde pour inhumaine, inimaginable : on ne va quand même pas rester les bras croisés face à quelqu’un qui souffre… ! Cela paraît être le plus élémentaire bon sens…
S’engouffrer dans la plainte du patient, dans cette porte ouverte, nous l’avons tous fait, avec plus ou moins de bonheur…
Parfois, accidentellement ou délibérément, nous avons fait peu, ou moins, ou « rien ». Avec plus ou moins de bonheur…
IMAGINONS, TRES CLASSIQUEMENT, LA PREMIERE HYPOTHESE :
NOUS UTILISONS NOTRE « BOÎTE A OUTILS » DE THERAPEUTE…
Selon que l’on aborde la situation en termes de « résolution de problème » ou en termes d’ « orientation vers les solutions » - et il y a 1000 autres façons de l’aborder, notre thérapie s’orientera différemment.
En thérapie, il ya deux parties en présence : le patient et le thérapeute. Que se passe-t-il quand l’un ou l’autre ou les deux sont actifs c-à-d se mettent en mouvement? Le sujet est moins simple qu’il n’y paraît….
Reprenons brièvement quelques caractéristiques de nos thérapies.
1. L’ACTIVITE DU THERAPEUTE
Dans le courant des Thérapies brèves (la résolution de problèmes du BTC de Palo Alto, Erickson et ses thérapies stratégiques, les solutionnistes derrière Steve de Shazer…), loin de la neutralité bienveillante prônée par d’autres, l’influence a été très tôt affirmée et justifiée.
L’Ecole de Palo Alto annonce comme axiomes de la communication :
- on ne peut pas ne pas communiquer
- toute communication exerce une influence à double courant.
Classiquement aussi, l’histoire de l’hypnose fut mêlée à celle de la suggestion.
Nous gardons la bienveillance mais quittons la « neutralité » ! Le thérapeute peut donc être actif, mais il y a pour lui différentes façons de le faire, à des moments différents et avec des résultats différents sur l’activité plus ou moins créatrice du patient.
2. ETRE THERAPEUTE, C’EST ETRE UNE OCCASION DE CHANGEMENT
C’est ainsi qu’Erickson le définissait…
Remarquons qu’une deuxième condition est nécessaire au changement, c’est que le patient saisisse cette occasion de changement.
Mais le thérapeute, quelque soit l’école de thérapie à laquelle il se réfère, peut être une occasion de non-changement et finalement faire partie du problème plutôt que de la solution. Son travail a beau être actif, créatif…il peut ne pas offrir d’occasion de changer. A Palo Alto on dira qu’il fait « plus de la même chose ». Steve de Shazer parlera «d’une différence qui ne fait pas de différence ».
Toute la progression qu’un thérapeute peut espérer de son expérience en thérapie tiendrait elle à cela : devenir de plus en plus souvent une occasion de changement durable ?
3. LES THERAPIES BREVES SE VEULENT « TERMINABLES »
Certaines insisteront plus que d’autres sur la définition très précoce d’un objectif : « A quoi verrez vous que nous pourrons mettre fin à notre travail ? » Cette question définit d’emblée les critères de l’objectif atteint. La Question du Miracle fait la même chose chez les solutionnistes.
D’autres, tout aussi déterminés à une rencontre « terminable », se garderont cependant bien d’en préciser à l’avance les critères de fin…
François Roustang dira même « Il n’y a pas de relation thérapeutique en ce sens que, dès son commencement, elle est marquée par le signe de sa disparition. »
4. AVEC QUI TRAVAILLONS NOUS ?
La systémique brève a clairement opté de travailler avec « Celui qui se plaint » et non avec « Celui dont on se plaint ».
D’autres voient les choses sous un autre angle. Parfois les deux parties se sentiront concernées et réaliseront un travail plus ou moins contractuel entre elles.
5. QU’ALLONS NOUS FAIRE DE CETTE THERAPIE ?
Nous partirons de la souffrance, de la plainte exprimée.
Parfois il n’y a pas de plainte exprimée. Dans son dernier livre « Traiter les cas difficiles », Dick FISCH dira « Pas de plainte, pas de thérapie ».
D’autres tenteront avec le « Touriste » (comme nous l’appellerons plus loin), de profiter de sa présence dans notre cabinet pour lui tendre des perches…qui l’amèneront peut-être à exprimer une souffrance voire à prendre la décision de changer.
Mais, même quand il y a souffrance exprimée, le patient veut il réellement ce qu’il demande ? L’histoire nous le dira peut-être …
Un certain nombre de patients expriment une souffrance sans pour autant être actifs à la résolution de leur problème : ils s’en plaignent d’abondance mais n’imaginent pas que le changement puisse venir d’eux. Ils sont « victimes » et, comme le disait Yvonne DOLAN « Etre victime, c’est un choix de carrière »
Roustang écrit (p 52) :
« Les humains tiennent d’ailleurs plus à leurs souffrances qu’à leur bonheur et ils sont capables des plus subtiles inventions pour les entretenir. Pourquoi le thérapeute devrait-il vouloir des succès auxquels ses patients ne tiennent guère ?
Face à cette souffrance apportée, mise sur la table, plusieurs positions sont envisageables pour le thérapeute. Va-t-il tenter une « relation d’aide » ? Ou pourrait-il « ne rien faire » ?
La première hypothèse est assez répandue au point qu’elle pourrait faire passer la seconde pour inhumaine, inimaginable : on ne va quand même pas rester les bras croisés face à quelqu’un qui souffre… ! Cela paraît être le plus élémentaire bon sens…
S’engouffrer dans la plainte du patient, dans cette porte ouverte, nous l’avons tous fait, avec plus ou moins de bonheur…
Parfois, accidentellement ou délibérément, nous avons fait peu, ou moins, ou « rien ». Avec plus ou moins de bonheur…
IMAGINONS, TRES CLASSIQUEMENT, LA PREMIERE HYPOTHESE :
NOUS UTILISONS NOTRE « BOÎTE A OUTILS » DE THERAPEUTE…
Selon que l’on aborde la situation en termes de « résolution de problème » ou en termes d’ « orientation vers les solutions » - et il y a 1000 autres façons de l’aborder, notre thérapie s’orientera différemment.
Par exemple, Nicholas Cummings, qui dirigea pendant deux ans le M.R.I de Palo Alto, a formulé ce célèbre paradoxe « Je ne vous abandonnerai jamais…si vous faites tout pour me rendre inutile aussi vite que possible », que l’on peut renverser en « Je vous abandonnerai sûrement si vous ne faites pas tout pour me rendre inutile aussi vite que possible ». Ce propos doit d’emblée être nuancé du fait qu’il est des moments de souffrance telle que le patient est une plaie vivante : ’un pansement est nécessaire, le changement n’est pas encore possible.
Mais la phrase de Cummings sonne comme une exigence du thérapeute pour une activité maximale du patient pour arriver à son objectif. Et qui plus est, elle est linéaire plutôt que circulaire : c’est le patient qui est LA cause du non-changement. Et sous cet angle au moins, elle est largement contestable…
Par contre, quand il poursuit en disant « Il y a deux thérapeutes ici et le principal c’est vous ! », je le rejoins davantage.
Personnellement, je crois important de distinguer très tôt, dès la première séance si possible, si le patient est « Touriste », « Plaignant » ou « Client ». C’était d’ailleurs le sujet de mon intervention lors de notre dernier Forum à St Malo.
Un « Touriste » est là, devant nous, est là parce qu’on lui a dit de venir (un juge, un parent, une autorité quelconque) mais il dit ne pas avoir de problème.
Un « Plaignant » se plaint mais attribue son problème à l’extérieur : il est « victime » d’un autre (conjoint, enfant, collègue… ou les événements de vie, la société, etc) : pourquoi changerait il, lui, alors que c’est « l’autre », l’extérieur qui doit changer.
Un « Client » - c’est ainsi qu’on le nommera à Palo Alto – se plaint lui aussi.
Il pense qu’une partie au moins de son problème dépend de lui. Il est prêt à être acteur de son changement sur ce point.
John Weakland disait : « Si tous nos patients étaient des « Clients », nous finirions nos semaines le mercredi midi. Et s’ils connaissaient leur « problème », nous la finirions le lundi midi ! »
La question de François Roustang était donc : « Pourquoi les thérapeutes devraient-ils vouloir des succès auxquels ses patients ne tiennent guère ? »
Une réponse possible serait de tabler sur un désir implicite du patient, en lien avec son ambivalence.
(cfr Milton Erickson)
SI nous souhaitons amener ce plaignant à se positionner en « Client » alors que cela ne semble pas être sa demande explicite, une position possible pour le thérapeute pourrait être, par exemple, de :
1. Lui attribuer la propriété de son problème : c'est votre problème. Ce sera votre solution, vos bénéfices (même dans l'aide contrainte). .
2. Exiger la réciprocité, le partenariat : "Je ne vous abandonnerai jamais si.... vous faites tout pour me rendre inutile aussi vite que possible. Ceci veut dire que je tomberai "en panne" si vous ne faites pas tout pour me rendre inutile aussi vite que possible !
3. Lui donner la première place : "Vous êtes le moteur de votre changement.
Le tandem en est une métaphore: "Vous devant, moi derrière". C’est vous qui donner la direction, moi je regarde si vous pédalez. Peut-être pédalerai-je avec vous, à vous de me convaincre
Et d’autres types de réponses pourraient être crées ou pratiquées dans un style actif, tentant de « convaincre » le patient, de façon directe ou indirecte,de réduire sa souffrance.
LES EXCEPTIONS ET LES RESSOURCES
Les exceptions :
La grille d’intervention en 5 points du M.R.I de Palo Alto relevait déjà l’existence d’exceptions c-à-d de circonstances dans lesquelles le patient avait déjà trouvé des solutions efficaces. S’il les avait pratiquées plus longtemps, peut-être ne serait il plus dans la souffrance de son problème. Pour des raisons diverses, il les a disqualifiées et ignorées.
Il y a aussi les solutions qui se sont révélées efficaces pour d’autres membres du système et qu’il a- ou non- utilisées pour lui.
Les ressources :
Certains modèles utilisés en relation d’aide décrivent abondamment les manques du patient et toutes les bonnes raisons qu’il a d’aller mal. Orientés vers la recherche de « causes », ils accentuent une vision déterministe de la situation. Et nous connaissons la tendance à la réalisation automatique des prédictions… Ils ont peu ou pas de mots pour parler de ses ressources…alors que c’est sur celles-ci que le patient devra compter pour s’en sortir !
Qu’il s’agisse de ses propres ressources ou de celles de son environnement.
Les ressources intérieures, Janet en parlait déjà dans sa métaphore dite « des pièces d’or ». Erickson considérait l’inconscient comme un grand réservoir de ressources inexploitées, pas seulement un champ de manques, de traumas ou de refoulés.
La métaphore dite du « Cheval d’Erickson », illustre la position du thérapeute dont nous parlons aujourd’hui.
Mais la phrase de Cummings sonne comme une exigence du thérapeute pour une activité maximale du patient pour arriver à son objectif. Et qui plus est, elle est linéaire plutôt que circulaire : c’est le patient qui est LA cause du non-changement. Et sous cet angle au moins, elle est largement contestable…
Par contre, quand il poursuit en disant « Il y a deux thérapeutes ici et le principal c’est vous ! », je le rejoins davantage.
Personnellement, je crois important de distinguer très tôt, dès la première séance si possible, si le patient est « Touriste », « Plaignant » ou « Client ». C’était d’ailleurs le sujet de mon intervention lors de notre dernier Forum à St Malo.
Un « Touriste » est là, devant nous, est là parce qu’on lui a dit de venir (un juge, un parent, une autorité quelconque) mais il dit ne pas avoir de problème.
Un « Plaignant » se plaint mais attribue son problème à l’extérieur : il est « victime » d’un autre (conjoint, enfant, collègue… ou les événements de vie, la société, etc) : pourquoi changerait il, lui, alors que c’est « l’autre », l’extérieur qui doit changer.
Un « Client » - c’est ainsi qu’on le nommera à Palo Alto – se plaint lui aussi.
Il pense qu’une partie au moins de son problème dépend de lui. Il est prêt à être acteur de son changement sur ce point.
John Weakland disait : « Si tous nos patients étaient des « Clients », nous finirions nos semaines le mercredi midi. Et s’ils connaissaient leur « problème », nous la finirions le lundi midi ! »
La question de François Roustang était donc : « Pourquoi les thérapeutes devraient-ils vouloir des succès auxquels ses patients ne tiennent guère ? »
Une réponse possible serait de tabler sur un désir implicite du patient, en lien avec son ambivalence.
(cfr Milton Erickson)
SI nous souhaitons amener ce plaignant à se positionner en « Client » alors que cela ne semble pas être sa demande explicite, une position possible pour le thérapeute pourrait être, par exemple, de :
1. Lui attribuer la propriété de son problème : c'est votre problème. Ce sera votre solution, vos bénéfices (même dans l'aide contrainte). .
2. Exiger la réciprocité, le partenariat : "Je ne vous abandonnerai jamais si.... vous faites tout pour me rendre inutile aussi vite que possible. Ceci veut dire que je tomberai "en panne" si vous ne faites pas tout pour me rendre inutile aussi vite que possible !
3. Lui donner la première place : "Vous êtes le moteur de votre changement.
Le tandem en est une métaphore: "Vous devant, moi derrière". C’est vous qui donner la direction, moi je regarde si vous pédalez. Peut-être pédalerai-je avec vous, à vous de me convaincre
Et d’autres types de réponses pourraient être crées ou pratiquées dans un style actif, tentant de « convaincre » le patient, de façon directe ou indirecte,de réduire sa souffrance.
LES EXCEPTIONS ET LES RESSOURCES
Les exceptions :
La grille d’intervention en 5 points du M.R.I de Palo Alto relevait déjà l’existence d’exceptions c-à-d de circonstances dans lesquelles le patient avait déjà trouvé des solutions efficaces. S’il les avait pratiquées plus longtemps, peut-être ne serait il plus dans la souffrance de son problème. Pour des raisons diverses, il les a disqualifiées et ignorées.
Il y a aussi les solutions qui se sont révélées efficaces pour d’autres membres du système et qu’il a- ou non- utilisées pour lui.
Les ressources :
Certains modèles utilisés en relation d’aide décrivent abondamment les manques du patient et toutes les bonnes raisons qu’il a d’aller mal. Orientés vers la recherche de « causes », ils accentuent une vision déterministe de la situation. Et nous connaissons la tendance à la réalisation automatique des prédictions… Ils ont peu ou pas de mots pour parler de ses ressources…alors que c’est sur celles-ci que le patient devra compter pour s’en sortir !
Qu’il s’agisse de ses propres ressources ou de celles de son environnement.
Les ressources intérieures, Janet en parlait déjà dans sa métaphore dite « des pièces d’or ». Erickson considérait l’inconscient comme un grand réservoir de ressources inexploitées, pas seulement un champ de manques, de traumas ou de refoulés.
La métaphore dite du « Cheval d’Erickson », illustre la position du thérapeute dont nous parlons aujourd’hui.
Les solutionnistes se contenteront même d’une description sommaire du problème, se focalisant essentiellement sur les exceptions et les ressources ! On pourrait dire qu’ils « laissent le patient se débrouiller » avec son objectif, ses exceptions (ce qui marche déjà) et ses ressources les plus variées.
Et ici, vous, moi, nous praticiens de la relation d’aide nous pouvons donner 1000 exemples de la créativité des patients, 1000 situations dans lesquelles tel ou tel patient nous a surpris par son inventivité créatrice. Avec ou sans hypnose, formelle ou pas, les patients nous étonnent !
L’arrivée dans notre boite à outil de l’E.M.D.R et plus récemment du HTSMA nous ont amené un autre protocole tout aussi hypnotique mais où la suggestion est réduite à son minimum. Dire au patient après une série de mouvements oculaires (ou d’autres mouvements alternatifs) « Qu’est ce qui vous vient ? » ou « Qu’est ce que cela vous amène ? » ne suggère appremment que le fait qe quelquechose peut « lui venir » ou « survenir »…
C’est bien peu spécifique comme suggestion !
Or nous recevons de ces patients des associations libres, des changements de scénarios, des recadrages, et autres solutions à leurs problèmes qui visiblement émanent d’eux et pas de nous. Ce travail hypnotique qui ne suggère pas de solution : il suggère explicitement que des solutions existent, mais que le thérapeute en ignore la teneur. Il suggère de façon plus ou moins explicite que ces solutions vont émerger du cheminement du patient, très largement inconsciemment, à notre surprise réciproque. Pour moi, nul désarroi dans cette absence de connaissance, plutôt une admiration devant « cette réponse qui était déjà dedans » (the answer within), cette force de la nature.
Ceci dit, dans les formes classiques de la relation d’aide, le thérapeute muni de sa boite à outils risque, dans certains cas, de tomber dans divers paradoxes de l’aide. J’en rencontre fréquemment au moins deux :
1. « Donne moi un poisson, tu m’aides pour un jour ; apprends moi à pêcher tu m’aides pour toujours ».
- Donner un poisson, c’est proposer une béquille qui ne fait que retarder le constat d’un non-changement et la nécessité d’un apprentissage; c’est installer une dépendance au long cours, un processus in-terminable.
- Etre l’occasion d’un apprentissage permet la pérennité du résultat : l’apprentissage est un acquis du patient et lui permet l’autonomie. Rendez moi inutile aussi vite que possible, disions nous…
Mais cet apprentissage est une prise de risque : L’apprentissage de la marche, pour chacun d’entre nous, a été l’occasion de nombreuses chutes, de nombreux pleurs… et d’autant de nouveaux départs, obstinément, malgré la souffrance. L’autonomie, la liberté ne se reçoivent pas, elles se conquièrent, elles se paient. La liberté dit BERGAÏEV n’est pas un droit mais un devoir. Devoir que de nombreux humains oublieront….
Ceci nous ramène à notre rôle de soignant, lequel vise à diminuer durablement une souffrance. Mais aussi à notre condition humaine : l’humain qui ne viserait qu’à éviter la souffrance ne vivrait pas : la vie est projets, risques et pertes….
2. « Quand je le fais à sa place, je ne suis pas à la mienne et je l’empêche de prendre la sienne »
Je pourrais remplacer le verbe « faire » par le verbe « vouloir » (ou souhaiter).
Certains patients sont dans ce paradoxe, tels ces parents qui « voudraient tellement » que leur ado comprenne enfin, désire enfin, soit enfin responsable, etc.
Mais nous, thérapeutes, pouvons aussi vivre ce paradoxe :
Quelle que soit la sensibilité du thérapeute à la souffrance du patient, (avec ou sans compassion, commisération, apitoiement, pitié), quel que soit son fantasme de toute puissance et son désir de « sauver », c’est le patient qui vit sa vie et la choisit, vit sa souffrance et décidera - ou non - de changer. A nous thérapeute d’appliquer ici les phrases bien connues d’Epictète :
« Il y a des choses qui dépendent de nous et des choses qui ne dépendent pas de nous : nos problèmes commencent quand nous voulons contrôler ce qui ne dépend pas de nous »
Et de Marc Aurèle :
« Donne moi la force d’accepter ce que je ne peux pas changer, le courage de changer ce qui peut l’être et la sagesse de distinguer l’un de l’autre »
Nous n’aurions donc rien à vouloir à sa place ni à faire à sa place ?
Travaillons nous trop ? Faut il apprendre à travailler moins ?
IMAGINONS UN THERAPEUTE SANS ATTENTE, QUI NE VEUILLE PAS (NE SOUHAITE PAS) QUE LE PATIENT GUERISSE…..
Pouvons nous imaginer un tel thérapeute qui n’aurait ni l’intention de guérir, ni celle de produire un changement favorable dans la vie du patient ?
Je cite Roustang (p45) :
« Le thérapeute doit être indifférent au résultat et s’attendre tout aussi bien à un échec qu’à un succès de la cure. Sinon, il prendrait la place du patient et se livrerait à un forçage irrespectueux et inefficace. Le patient doit toujours pouvoir renoncer à guérir de son mal-être si cela lui chante.
Il y a de nombreux humains qui se laissent mourir et d’autres qui se laissent vivre. Ce qui nous passionne c’est d’amener quelques-uns avec la plus grande lucidité et le plus grand courage possibles à décider de leur vie et de leur mort.
Nous ne voulons pas guérir, nous ne voulons pas que l’interlocuteur se tourne vers la vie, vers le renouvellement de son existence, donc vers le changement favorable. Nous voulons seulement qu’il en décide. Et c’est pourquoi nous ne pourrons jamais nous prévaloir de la bonne issue d’une cure, c’est lui qui l’a opérée. Nous n’aurons pas davantage à nous désoler de nos revers qui ne sont pas notre fait, si du moins notre présence, notre intelligence et notre détermination ont poussé notre visiteur à la croisée des chemins.
Je cite plus loin (p 55): « Le thérapeute doit attendre le moment favorable pour faire jouer son indifférence au succès et donc ne prendre jamais qu’un risque mesuré. Il y aurait ainsi un temps où l’aide serait première, et la prise de risque seconde. Puis un temps où le risque serait porté à un degré maximal. La prudence la plus élémentaire réclame de répondre positivement à cette question : on ne laisse pas un enfant s’aventurer dans des actions qui dépassent ses capacités, et, pas davantage, on ne doit abandonner un patient à une solitude prématurée. Mais cette réponse positive recèle une ambiguïté. Qu’adviendrait-il à un enfant si les parents ne voulaient pas déjà, dès la naissance, qu’il puisse un jour marcher et s’en aller ? Le cas n’est pas chimérique de père ou de mère qui compromettent l’avenir de leur enfant par une surprotection ininterrompue. Il en est de même pour les thérapeutes incapables d’imaginer une fin, c’est-à-dire le commencement de leur inutilité. Or cette inutilité commence dès le début. Toute aide qui ne serait pas sous-tendue, au principe, par ce que je nomme l’indifférence au succès ne ferait en apparence courir aucun risque ; elle ne pourrait cependant, sans risque, qu’assurer l’échec parce qu’elle rendrait l’aide indéfiniment nécessaire.
Et ici, vous, moi, nous praticiens de la relation d’aide nous pouvons donner 1000 exemples de la créativité des patients, 1000 situations dans lesquelles tel ou tel patient nous a surpris par son inventivité créatrice. Avec ou sans hypnose, formelle ou pas, les patients nous étonnent !
L’arrivée dans notre boite à outil de l’E.M.D.R et plus récemment du HTSMA nous ont amené un autre protocole tout aussi hypnotique mais où la suggestion est réduite à son minimum. Dire au patient après une série de mouvements oculaires (ou d’autres mouvements alternatifs) « Qu’est ce qui vous vient ? » ou « Qu’est ce que cela vous amène ? » ne suggère appremment que le fait qe quelquechose peut « lui venir » ou « survenir »…
C’est bien peu spécifique comme suggestion !
Or nous recevons de ces patients des associations libres, des changements de scénarios, des recadrages, et autres solutions à leurs problèmes qui visiblement émanent d’eux et pas de nous. Ce travail hypnotique qui ne suggère pas de solution : il suggère explicitement que des solutions existent, mais que le thérapeute en ignore la teneur. Il suggère de façon plus ou moins explicite que ces solutions vont émerger du cheminement du patient, très largement inconsciemment, à notre surprise réciproque. Pour moi, nul désarroi dans cette absence de connaissance, plutôt une admiration devant « cette réponse qui était déjà dedans » (the answer within), cette force de la nature.
Ceci dit, dans les formes classiques de la relation d’aide, le thérapeute muni de sa boite à outils risque, dans certains cas, de tomber dans divers paradoxes de l’aide. J’en rencontre fréquemment au moins deux :
1. « Donne moi un poisson, tu m’aides pour un jour ; apprends moi à pêcher tu m’aides pour toujours ».
- Donner un poisson, c’est proposer une béquille qui ne fait que retarder le constat d’un non-changement et la nécessité d’un apprentissage; c’est installer une dépendance au long cours, un processus in-terminable.
- Etre l’occasion d’un apprentissage permet la pérennité du résultat : l’apprentissage est un acquis du patient et lui permet l’autonomie. Rendez moi inutile aussi vite que possible, disions nous…
Mais cet apprentissage est une prise de risque : L’apprentissage de la marche, pour chacun d’entre nous, a été l’occasion de nombreuses chutes, de nombreux pleurs… et d’autant de nouveaux départs, obstinément, malgré la souffrance. L’autonomie, la liberté ne se reçoivent pas, elles se conquièrent, elles se paient. La liberté dit BERGAÏEV n’est pas un droit mais un devoir. Devoir que de nombreux humains oublieront….
Ceci nous ramène à notre rôle de soignant, lequel vise à diminuer durablement une souffrance. Mais aussi à notre condition humaine : l’humain qui ne viserait qu’à éviter la souffrance ne vivrait pas : la vie est projets, risques et pertes….
2. « Quand je le fais à sa place, je ne suis pas à la mienne et je l’empêche de prendre la sienne »
Je pourrais remplacer le verbe « faire » par le verbe « vouloir » (ou souhaiter).
Certains patients sont dans ce paradoxe, tels ces parents qui « voudraient tellement » que leur ado comprenne enfin, désire enfin, soit enfin responsable, etc.
Mais nous, thérapeutes, pouvons aussi vivre ce paradoxe :
Quelle que soit la sensibilité du thérapeute à la souffrance du patient, (avec ou sans compassion, commisération, apitoiement, pitié), quel que soit son fantasme de toute puissance et son désir de « sauver », c’est le patient qui vit sa vie et la choisit, vit sa souffrance et décidera - ou non - de changer. A nous thérapeute d’appliquer ici les phrases bien connues d’Epictète :
« Il y a des choses qui dépendent de nous et des choses qui ne dépendent pas de nous : nos problèmes commencent quand nous voulons contrôler ce qui ne dépend pas de nous »
Et de Marc Aurèle :
« Donne moi la force d’accepter ce que je ne peux pas changer, le courage de changer ce qui peut l’être et la sagesse de distinguer l’un de l’autre »
Nous n’aurions donc rien à vouloir à sa place ni à faire à sa place ?
Travaillons nous trop ? Faut il apprendre à travailler moins ?
IMAGINONS UN THERAPEUTE SANS ATTENTE, QUI NE VEUILLE PAS (NE SOUHAITE PAS) QUE LE PATIENT GUERISSE…..
Pouvons nous imaginer un tel thérapeute qui n’aurait ni l’intention de guérir, ni celle de produire un changement favorable dans la vie du patient ?
Je cite Roustang (p45) :
« Le thérapeute doit être indifférent au résultat et s’attendre tout aussi bien à un échec qu’à un succès de la cure. Sinon, il prendrait la place du patient et se livrerait à un forçage irrespectueux et inefficace. Le patient doit toujours pouvoir renoncer à guérir de son mal-être si cela lui chante.
Il y a de nombreux humains qui se laissent mourir et d’autres qui se laissent vivre. Ce qui nous passionne c’est d’amener quelques-uns avec la plus grande lucidité et le plus grand courage possibles à décider de leur vie et de leur mort.
Nous ne voulons pas guérir, nous ne voulons pas que l’interlocuteur se tourne vers la vie, vers le renouvellement de son existence, donc vers le changement favorable. Nous voulons seulement qu’il en décide. Et c’est pourquoi nous ne pourrons jamais nous prévaloir de la bonne issue d’une cure, c’est lui qui l’a opérée. Nous n’aurons pas davantage à nous désoler de nos revers qui ne sont pas notre fait, si du moins notre présence, notre intelligence et notre détermination ont poussé notre visiteur à la croisée des chemins.
Je cite plus loin (p 55): « Le thérapeute doit attendre le moment favorable pour faire jouer son indifférence au succès et donc ne prendre jamais qu’un risque mesuré. Il y aurait ainsi un temps où l’aide serait première, et la prise de risque seconde. Puis un temps où le risque serait porté à un degré maximal. La prudence la plus élémentaire réclame de répondre positivement à cette question : on ne laisse pas un enfant s’aventurer dans des actions qui dépassent ses capacités, et, pas davantage, on ne doit abandonner un patient à une solitude prématurée. Mais cette réponse positive recèle une ambiguïté. Qu’adviendrait-il à un enfant si les parents ne voulaient pas déjà, dès la naissance, qu’il puisse un jour marcher et s’en aller ? Le cas n’est pas chimérique de père ou de mère qui compromettent l’avenir de leur enfant par une surprotection ininterrompue. Il en est de même pour les thérapeutes incapables d’imaginer une fin, c’est-à-dire le commencement de leur inutilité. Or cette inutilité commence dès le début. Toute aide qui ne serait pas sous-tendue, au principe, par ce que je nomme l’indifférence au succès ne ferait en apparence courir aucun risque ; elle ne pourrait cependant, sans risque, qu’assurer l’échec parce qu’elle rendrait l’aide indéfiniment nécessaire.
( P 56) En réalité c’est le thérapeute qui a peur et qui ne supporte pas le vertige de la liberté. « La décision est une folie », disait Kierkegaard. Qui n’en a pas senti le risque ne saurait tenir ferme lorsqu’un autre sous ses yeux l’affronte. » Fin de citation.
ANY est probablement la patiente qui m’a donné l’occasion d’apprendre à dépasser cette peur et ce vertige.
Dépressive majeure, lourdement médiquée et alcoolisée, elle consulte, se plaint, positionnée en victime des autres. Je lui propose X idées de changements et des tâches qu’elle n’effectue pas. Après quelques séances Any me dit : « Vous savez Docteur, je n’ai pas envie de changer, j’ai seulement envie d’être écoutée ». J’accepte en lui mettant une condition : venir tous les mardis à 14h. Any sait que mes RV ne sont pas donnés à un rythme régulier et prédéterminé : ils sont rythmés par les tâches. Elle me demande le pourquoi de cette exigence et je lui répond en bâillant que 14h est une heure postprandiale, que j’ai la digestion un peu lente mais que ma concentration à cette heure est bien suffisante pour écouter… Alors que chercher des solutions, créer des tâches, etc requiert plus d’énergie… J’ajoute que le mardi, cette heure là est libre dans mon agenda…
Le mardi suivant, cela fait 20 minutes qu’elle me parle, que je l’écoute tout en dessinant les plans de travaux que je projette de réaliser dans mon grenier. : elle me dit : « Ce que vous dessinez, ça me concerne ? » et je lui répond « Non, mais je vous écoute, continuez ». En sortant de cette consultation, Any a été voir son psychiatre, demander une cure de sevrage sérieuse, assortie de conditions qui accroissaient ses chances de réussite. Cela fait huit ans qu’elle est sortie de ses problèmes.…
Quand j’ai arrêté de la porter à bout de bras, elle a pu prendre la décision de se prendre en charge elle-même : elle a fait ce qu’il fallait, elle l’a bien et durablement fait. Elle a travaillé « à son compte »….
Vous et moi avons vécu et revécu ce genre d’expériences trop souvent pour qu’il s’agisse d’un hasard…
En 2003, j’ai interrompu mon activité de consultations pendant plus d’un an. A mon retour dans la pratique de la thérapie, j’ai eu l’impression que les résultats obtenus par les patients étaient meilleurs qu’avant. En tentant de comprendre ce qui se passait, j’ai fait l’hypothèse que c’est parce que j’en faisais encore moins….
Cette position de non savoir (je ne sais pas mieux que l’autre ce qui est bon pour lui, votre inconscient sait mieux que moi et que votre conscient ce qui est bon pour vous, etc) est aussi une position de non-pouvoir : ce qui n’est pas sans rappeler la « position basse ». Si je suis l’expert, comment le patient pourrait-il l’être ?
ANY est probablement la patiente qui m’a donné l’occasion d’apprendre à dépasser cette peur et ce vertige.
Dépressive majeure, lourdement médiquée et alcoolisée, elle consulte, se plaint, positionnée en victime des autres. Je lui propose X idées de changements et des tâches qu’elle n’effectue pas. Après quelques séances Any me dit : « Vous savez Docteur, je n’ai pas envie de changer, j’ai seulement envie d’être écoutée ». J’accepte en lui mettant une condition : venir tous les mardis à 14h. Any sait que mes RV ne sont pas donnés à un rythme régulier et prédéterminé : ils sont rythmés par les tâches. Elle me demande le pourquoi de cette exigence et je lui répond en bâillant que 14h est une heure postprandiale, que j’ai la digestion un peu lente mais que ma concentration à cette heure est bien suffisante pour écouter… Alors que chercher des solutions, créer des tâches, etc requiert plus d’énergie… J’ajoute que le mardi, cette heure là est libre dans mon agenda…
Le mardi suivant, cela fait 20 minutes qu’elle me parle, que je l’écoute tout en dessinant les plans de travaux que je projette de réaliser dans mon grenier. : elle me dit : « Ce que vous dessinez, ça me concerne ? » et je lui répond « Non, mais je vous écoute, continuez ». En sortant de cette consultation, Any a été voir son psychiatre, demander une cure de sevrage sérieuse, assortie de conditions qui accroissaient ses chances de réussite. Cela fait huit ans qu’elle est sortie de ses problèmes.…
Quand j’ai arrêté de la porter à bout de bras, elle a pu prendre la décision de se prendre en charge elle-même : elle a fait ce qu’il fallait, elle l’a bien et durablement fait. Elle a travaillé « à son compte »….
Vous et moi avons vécu et revécu ce genre d’expériences trop souvent pour qu’il s’agisse d’un hasard…
En 2003, j’ai interrompu mon activité de consultations pendant plus d’un an. A mon retour dans la pratique de la thérapie, j’ai eu l’impression que les résultats obtenus par les patients étaient meilleurs qu’avant. En tentant de comprendre ce qui se passait, j’ai fait l’hypothèse que c’est parce que j’en faisais encore moins….
Cette position de non savoir (je ne sais pas mieux que l’autre ce qui est bon pour lui, votre inconscient sait mieux que moi et que votre conscient ce qui est bon pour vous, etc) est aussi une position de non-pouvoir : ce qui n’est pas sans rappeler la « position basse ». Si je suis l’expert, comment le patient pourrait-il l’être ?