L'imagination, médecine intérieure. Santé Hypnose Le Figaro

La visualisation, l'imaginerie mentale et l'hypnose sont désormais utilisées comme des techniques de pointe.



Passé, en 2007, le choc de l'annonce de sa maladie - un lymphome de grade IV -, le psychanalyste Guy Corneau s'est tourné vers ce qu'il connaît le mieux et fréquente depuis longtemps : l'inconscient.

«La médecine traditionnelle et les médicaments sont nécessaires pour déprogrammer la maladie, mais pour nous reprogrammer, il nous faut utiliser toutes nos ressources intérieures. Ce qui nous donne le goût de vivre, ce qui nous apporte la joie est notre meilleur médecin.»

Pendant les longs mois où il a enchaîné traitements à l'hôpital et séjours à la campagne, le psychanalyste a donc travaillé à explorer ce que son imaginaire lui offrait d‘intuitions ou d'images mentales : visualisation, analyse de ses rêves, et même «dialogue virtuel» avec ses organes ! Aujourd'hui, il sillonne la France pour des conférences et anime des ateliers «Vivre en santé» (cf. site www.guycorneau.com) où il initie le grand public à ces techniques qui l'ont tant aidé à «Revivre», titre de son dernier essai.

Ces ressources fournies par l'imaginaire pour nous sentir mieux, nous y avons tous recours de manière naturelle sans même le savoir.

Ainsi, lorsque, coincé dans une réunion de travail rébarbative, vous vous mettez à évoquer intérieurement votre dernier pique-nique au bord de la plage, vous augmentez instinctivement votre sensation de bien-être et vous protégez d'une dose d'ennui inutile.

L'état hypnotique que vous suscitez a d'ailleurs été qualifié d'«état naturel et physiologique» dès 1889, lors du premier congrès d'hypnotisme. Une définition qui est bien loin des images sulfureuses souvent associées depuis à la pratique de l'hypnose.

Cette discipline est maintenant devenue l'ancêtre respectée de toute une série de techniques d'imagerie mentale : visualisation, relaxation, etc. Son principe, c'est de donner à chacun la capacité à obtenir l'état hypnotique de manière délibérée, intensifiée et dirigée vers un objectif : réduction du stress ou de l'insomnie, baisse de l'hypertension ou diminution des effets secondaires d'une chimiothérapie.

Le Dr Patrick Bellet, médecin à Vaison-la-Romaine et fondateur de la Confédération française d'hypnose et thérapies brèves, rédacteur en chef de la revue Hypnose, insiste sur le caractère «pragmatique, dynamique et foncièrement modeste» de l'aide apportée par l'hypnose en cas de maladie somatique, lors de séances qui durent environ une heure.

« Notre propos, c'est le soulagement et le changement, pas la guérison, explique-t-il. Nous entraînons le patient à pouvoir ressentir des sensations agréables de son corps, mais ne cherchons pas à atteindre directement la lésion ou la zone douloureuse. Nous visons l'augmentation de la sensation de bien-être, car si l'on parvient à faire grandir cet état de “quiescence”, on diminue la fréquence des crises douloureuses, et celles-ci perdent de leur intensité.»

Augmenter l'autonomie

Ainsi, dans les cas d'accident vasculaire cérébral (AVC), par exemple, le Dr Bellet pourra aider le malade à récupérer mobilité et sensibilité en le faisant voyager dans son corps. «Il est désormais prouvé que le cerveau peut se régénérer, affirme-t-il. Lorsqu'on observe au PetScanner un cerveau de patient sous hypnose, on constate que les zones habituellement reliées à la douleur ne s'affichent plus sur les écrans.»

Des études ont confirmé ces bienfaits de la visualisation (imaginer une scène agréable, de succès à des examens ou de régénération dans la nature, de la manière la plus réaliste possible) et de l'imaginerie mentale (laisser monter en soi de manière aléatoire des images intérieures surprenantes) pour améliorer le bien-être de patients atteints de maladie grave.

L'évidence, c'est que c'est d'abord leur qualité de vie qui s'en trouve nettement améliorée. Ces techniques ont en effet un avantage majeur par rapport à d'autres thérapies : elles augmentent la sensation d'autonomie, et le sentiment d'être pleinement acteur de sa santé. Une posture rare, qui fait dire au Dr Bellet : «Tout hypnothérapeute regarde le patient comme quelqu'un qui a des ressources. Nous ne faisons que l'aider à les mobiliser, sans rien y ajouter.»

Rédigé le 01/03/2011 modifié le 01/03/2011
Lu 2783 fois



Dans la même rubrique :