Un conte d’Antoine
Le premier soir, je me suis donc endormi sur le sable à mille miles de toute terre habitée. J'étais bien plus isolé qu'un naufragé sur un radeau au milieu de l'océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m'a réveillé.
Elle disait:
« S'il vous plaît... dessine-moi un mouton ! »
« Hein! »
« Dessine-moi un mouton... »
J'ai sauté sur mes pieds comme si j'avais été frappé par la foudre. J'ai bien frotté mes yeux. J'ai bien regardé. Et j'ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement […] Quand je réussis enfin à parler, je lui dis :
« Mais... qu'est-ce que tu fais là ? »
Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse:
« S'il vous plaît... dessine-moi un mouton... »
Quand le mystère est trop impressionnant, on n'ose pas désobéir […] je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe. Mais je me rappelai alors que j'avais surtout étudié la géographie, l'histoire, le calcul et la grammaire et je dis au petit bonhomme (avec un peu de mauvaise humeur) que je ne savais pas dessiner. Il me répondit :
« Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton ! »
Le premier soir, je me suis donc endormi sur le sable à mille miles de toute terre habitée. J'étais bien plus isolé qu'un naufragé sur un radeau au milieu de l'océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m'a réveillé.
Elle disait:
« S'il vous plaît... dessine-moi un mouton ! »
« Hein! »
« Dessine-moi un mouton... »
J'ai sauté sur mes pieds comme si j'avais été frappé par la foudre. J'ai bien frotté mes yeux. J'ai bien regardé. Et j'ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement […] Quand je réussis enfin à parler, je lui dis :
« Mais... qu'est-ce que tu fais là ? »
Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse:
« S'il vous plaît... dessine-moi un mouton... »
Quand le mystère est trop impressionnant, on n'ose pas désobéir […] je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe. Mais je me rappelai alors que j'avais surtout étudié la géographie, l'histoire, le calcul et la grammaire et je dis au petit bonhomme (avec un peu de mauvaise humeur) que je ne savais pas dessiner. Il me répondit :
« Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton ! »
Comme je n'avais jamais dessiné un mouton, je refis, pour lui, l'un des deux seuls dessins dont j'étais capable. Celui du boa fermé.
Et je fus stupéfait d'entendre le petit bonhomme me répondre:
« Non! Non! Je ne veux pas d'un éléphant dans un boa. Un boa, c'est très dangereux, et un éléphant, c'est très encombrant. Chez moi, c'est tout petit. J'ai besoin d'un mouton. Dessine-moi un mouton. »
Alors j'ai dessiné.
Il regarda attentivement, puis :
« Non! Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre. »
Je dessinai:
Mon ami sourit gentiment, avec indulgence:
« Tu vois bien... ce n'est pas un mouton, c'est un bélier. Il a des cornes... »
Je refis donc encore mon dessin
Mais il fut refusé, comme les précédents :
« Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps… »
Mais laissons, pour l’instant, le petit prince…
Et je fus stupéfait d'entendre le petit bonhomme me répondre:
« Non! Non! Je ne veux pas d'un éléphant dans un boa. Un boa, c'est très dangereux, et un éléphant, c'est très encombrant. Chez moi, c'est tout petit. J'ai besoin d'un mouton. Dessine-moi un mouton. »
Alors j'ai dessiné.
Il regarda attentivement, puis :
« Non! Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre. »
Je dessinai:
Mon ami sourit gentiment, avec indulgence:
« Tu vois bien... ce n'est pas un mouton, c'est un bélier. Il a des cornes... »
Je refis donc encore mon dessin
Mais il fut refusé, comme les précédents :
« Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps… »
Mais laissons, pour l’instant, le petit prince…