Consultation du lundi 1er février 2010
10 h 30 : Mr B. a 60 ans. En juin 2009, il présente brutalement une paralysie faciale « a frigoré » dans un contexte de perturbation psychologique familiale aigu et imprévisible. La perturbation familiale évolue favorablement, la paralysie disparaît en deux semaines, mais apparaît un ensemble de troubles neurologiques subjectifs : fasciculations, réduction de force musculaire, fatigue extrême... Le bilan neurologique est normal. Mais Mr B. devient angoissé, présente des troubles du sommeil. Son médecin lui prescrit alors un « petit » antidépresseur.
11 h 30 : Mme C., 36 ans. Elle est épuisée et craque de partout. Son père est décédé il y a deux mois. Elle a une longue histoire. Il y a douze ans, quelques mois après la naissance de son premier enfant, apparaît une très grande fatigue aggravée par un problème relationnel - non résolu aujourd’hui - avec sa belle-famille. Malgré les antidépresseurs, elle rechute plusieurs fois. Elle est sous traitement continu depuis trois ans, son médecin lui propose aujourd’hui de les augmenter.
J’aurais pu décrire ce monsieur douloureux chronique, ou cette jeune fille qui vient de perdre son amoureux. Rien ne semble relier ces gens et ces histoires sinon une souffrance et l’absence de pathologie organique. La médecine traditionnelle est désemparée face à ces patients qui ont d’abord besoin de temps et d’écoute. Deux dispositifs thérapeutiques tellement difficiles dans notre culture.
10 h 30 : Mr B. a 60 ans. En juin 2009, il présente brutalement une paralysie faciale « a frigoré » dans un contexte de perturbation psychologique familiale aigu et imprévisible. La perturbation familiale évolue favorablement, la paralysie disparaît en deux semaines, mais apparaît un ensemble de troubles neurologiques subjectifs : fasciculations, réduction de force musculaire, fatigue extrême... Le bilan neurologique est normal. Mais Mr B. devient angoissé, présente des troubles du sommeil. Son médecin lui prescrit alors un « petit » antidépresseur.
11 h 30 : Mme C., 36 ans. Elle est épuisée et craque de partout. Son père est décédé il y a deux mois. Elle a une longue histoire. Il y a douze ans, quelques mois après la naissance de son premier enfant, apparaît une très grande fatigue aggravée par un problème relationnel - non résolu aujourd’hui - avec sa belle-famille. Malgré les antidépresseurs, elle rechute plusieurs fois. Elle est sous traitement continu depuis trois ans, son médecin lui propose aujourd’hui de les augmenter.
J’aurais pu décrire ce monsieur douloureux chronique, ou cette jeune fille qui vient de perdre son amoureux. Rien ne semble relier ces gens et ces histoires sinon une souffrance et l’absence de pathologie organique. La médecine traditionnelle est désemparée face à ces patients qui ont d’abord besoin de temps et d’écoute. Deux dispositifs thérapeutiques tellement difficiles dans notre culture.
Progressivement, un diagnostic de maladie mentale grave, la dépression, a rassemblé tous ces patients. Un diagnostic terrifiant à la base mais qui bénéficie depuis les années 1970 d’un atout considérable : il a son propre traitement. En effet, des molécules améliorent certains patients incurables jusqu’alors. D’année en année, ce diagnostic sera étendu et de nouvelles molécules - inoffensives - leur sont administrées. Nous assistons alors à une véritable épidémie de dépressions et à une consommation vertigineuse d’antidépresseurs.
Si l’épidémie n’est pas jugulée par le traitement, les fabricants prouvent que le médicament est plus efficace que le placebo. D’autres études prouvent des perturbations cérébrales chez ces patients. L’ordre est revenu : la dépression est une maladie organique due à une déficience cérébrale momentanée et peut être traitée.
Les médecins retrouvent alors toute leur sécurité et une posture de confiance et de réassurance envers ces patients désemparés. « Vous avez une maladie que nous connaissons et pour laquelle nous avons un traitement performant.»
Pourtant depuis quelques années, les murs se lézardent. Les traitements sont de plus en plus longs à cause des rechutes. La dépression chronique, rare dans les années 1960, devient courante. Les patients deviennent méfiants face à cette terrible simplification (Watzlawick) qui propose le même traitement pour des troubles tellement différents...
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Si l’épidémie n’est pas jugulée par le traitement, les fabricants prouvent que le médicament est plus efficace que le placebo. D’autres études prouvent des perturbations cérébrales chez ces patients. L’ordre est revenu : la dépression est une maladie organique due à une déficience cérébrale momentanée et peut être traitée.
Les médecins retrouvent alors toute leur sécurité et une posture de confiance et de réassurance envers ces patients désemparés. « Vous avez une maladie que nous connaissons et pour laquelle nous avons un traitement performant.»
Pourtant depuis quelques années, les murs se lézardent. Les traitements sont de plus en plus longs à cause des rechutes. La dépression chronique, rare dans les années 1960, devient courante. Les patients deviennent méfiants face à cette terrible simplification (Watzlawick) qui propose le même traitement pour des troubles tellement différents...
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