Hypnose et pensée juive: chapitre 2. Dr Philippe AÏM. Forum Hypnose et Thérapies Brèves Biarritz 2011

Hypnose, Thérapie, Judaïsme, Bible, Talmud, Kabbale, Spiritualité, Roustang, Constructivisme, Parole, Hypnose Ericksonienne



Lors du dernier forum, nous avions évoqué des ponts qui pouvaient se faire entre hypnose et pensée juive.

Dans un voyage hypnotique, nous avons traversé le désert avec les hébreux. Nous sommes entrés en transe avec Hannah au temps des prophètes. Nous avons confronté Hillel l'ancien, héros du talmud, avec François Roustang. Nous avons parlé de Maïmonide, rabbin, médecin et philosophe du moyen-âge, aussi peu déterministe que nos thérapies brèves.

Enfin, nous avons regardé comme des Kabbalistes, à la loupe, la première lettre de la bible pour y trouver un sens plus profond qui nous renvoie, l'air de rien, à la relation humaine dans ce qu'elle a d'épanouissant et, pourquoi pas, thérapeutique.

Le voyage se poursuit. Le patient si bien décrit par Roustang est celui centré sur sa plainte et son monde intérieur. L'hypnose lui permet une ouverture vers ses perceptions et de sortir de lui-même. Mais ce n'est pas une problématique moderne. Citons deux grands personnages bibliques, Jacob et Moïse, qui s'y trouvent, chacun à leur époque, confrontés. Et tout comme le patient en hypnose se remet en accord avec lui-même, équilibre son monde intérieur, intellectuel, émotionnel, avec son monde extérieur, son comportement, sa vie relationnelle; de même ces maîtres et patriarches accordent leur dimension spirituelle interne avec les réalités du monde qui les entoure au travers d'expériences, métaphores agies ou transcendances, qui les transforment.

D'ailleurs par la même occasion, Jacob guérit de sa phobie sociale et Moïse de son bégaiement. Les lois juives concernant le langage semblent draconiennes, extrêmement sévères: il faut s'abstenir de tout propos, même confidentiel, qui pourrait dégrader l'image d'autrui, même sous forme d'allusion, même si tout ce qu'on dit est vrai et qu'on a des bonnes raisons pour le dire!

N'est ce pas contraire aux dispositions naturelles de l'homme qui veut "vider son sac" et dire ce qu'il pense? N'est-ce pas aussi le meilleur moyen de garder en soi des tensions alors que nous, thérapeutes, invitons généralement plutôt à la catharsis, à l’apaisement par l’expression verbale des affects négatifs? Rencontrons de nouveau les explications de Maïmonide, et plus récemment celles du Rabbi de Loubavitch, qui nous éclaireront sur une vision du monde un peu paradoxale qui cherche à connaître le divin mais laisse une place fondamentale à l'action de l'homme.

Une vision qu'on pourrait qualifier de constructiviste comme mode de pensée et de vie, dans laquelle il faut être attentif à la parole car elle crée la réalité.


Rédigé le 09/02/2011 modifié le 23/04/2013
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Ancien Responsable pédagogique au Collège d'Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris membre de… En savoir plus sur cet auteur


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