Hypnose et Thérapies Brèves: Milton H. Erickson et le temps comme espace thérapeutique

Dr Milton H. Erickson: un horloger hors du commun



Milton H. Erickson s’est beaucoup consacré à l’étude du temps comme un des éléments essentiels du vécu humain par l’intermédiaire technique de la « distorsion du temps ». En voici deux exemples...


Comme en psychothérapie la situation clinique n’est pas un lit de Procuste5, l’utilisation des résultats et des concepts expérimentaux dépend nécessairement des besoins et désirs du patient et des circonstances qui les accompagnent. Il ne peut s’agir de servir l’intérêt particulier du thérapeute. Toute utilisation doit donc attendre les occasions offertes par le patient et ne doit en aucun cas être une procédure planifiée, mise au point hors du contexte des besoins que le patient manifeste en thérapie.

De plus, le concept de distorsion du temps ne constitue pas, par lui-même, une forme de thérapie, mais il offre une méthode qui peut donner accès aux expériences vécues du patient. Toute thérapie qui en découle provient d’un processus indépendant de réorganisation des significations et des valeurs associés aux réalités objectives et subjectives vécues par le patient.

Les cas cliniques qui suivent sont ceux de patients qui ont permis d’étudier l’applicabilité de la distorsion du temps aux problèmes psychothérapeutiques. Ces cas sont présentés avec une relative brièveté, en mettant l’accent sur la dynamique de chaque cas, puisque l’objectif est ici de démontrer aussi clairement que possible le problème, la situation et les circonstances qui ont amené à l’utilisation de la distorsion du temps, et les résultats obtenus.

1er Patient

Le premier cas illustre une utilisation spontanée, involontaire et inattendue de la distorsion du temps par un patient, avant la publication originale de Cooper. Il est présenté ici parce qu’il illustre non seulement l’utilisation de la distorsion du temps mais aussi comment, dans le cours habituel d’une psychothérapie, peut surgir une occasion d’utiliser la distorsion du temps. Il va sans dire que, au moment où cette occasion s’est présentée, l’auteur était loin de comprendre ce qui se passait, mais ce cas est à l’origine du vif intérêt que l’auteur porta à la première publication de Cooper, quatre ans plus tard.

Le patient, un artiste peintre d’une trentaine d’années, vint demander une thérapie avant tout pour des problèmes conjugaux, mais aussi pour des difficultés personnelles. Il connaissait une certaine réussite avec les portraits, les paysages et les natures mortes mais, au cours de sa thérapie, il exprima sa frustration de n’avoir jamais pu peindre une scène de cirque. Depuis plus de dix ans, et même avant son mariage, il souhaitait désespérément peindre un tel tableau, mais il n’avait jamais réussi à produire ne serait-ce qu’une esquisse préliminaire. Il n’arrivait même pas à réfléchir suffisamment à cette question pour imaginer quels personnages ou quelles situations il pourrait souhaiter représenter. Le projet, dans son ensemble, restait pour lui une vague « scène de cirque », sans autre précision.

Alors que ses autres problèmes s’éclaircissaient au fil des mois de thérapie, rien ne fut accompli dans ce domaine. Même des transes somnambuliques profondes, avec différentes techniques, n’apportèrent rien de plus que l’explication : « Je suis complètement bloqué mentalement. Ma réflexion ne peut aller au-delà de “Scène de cirque”. » Il ne pouvait même pas imaginer une possible composition de lignes verticales et horizontales, ce qui était sa manière habituelle d’élaborer ses esquisses préliminaires.

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Rédigé le 01/05/2010 modifié le 30/04/2010
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