« Parfois certains couchent ensemble dans les toilettes… surtout quand on fait la soirée de Noël. “X” a créé cette entreprise pour gagner de l’argent et se faire une stagiaire de temps à autres : on a gardé cette culture d’entreprise ! »
Charmant accueil pour une première expérience professionnelle, surprenant sûrement pour beaucoup ! Et pourtant ces quelques mots – prononcés par une femme, qui plus est – sont monnaie courante dans nos entreprises ; et s’ils ne sont pas prononcés, tout du moins se conçoivent-ils, tel un paradigme organisationnel intégré, tant par les employés que par les employées.
Mais quoi de plus naturel en effet ? Les êtres humains semblent biologiquement condamnés à s’attirer mutuellement et la coexistence en un même lieu, au même moment, de personnes sexuées a généré ces dernières décennies un impact sociologique et sociétal réel, en particulier avec l’entrée massive des femmes sur le marché du travail dans les années 1970.
Il faut croire que le cadre artificiel de nos sociétés n’a pas su les exempter de leur sexualité malgré des tentatives de normalisation des rapports humains qui demeurent encore aujourd’hui profondément émotionnels. Il est donc tout naturel de retrouver encore dans nos bureaux les mots « sexe », « amour », « relations », « obsession »…
Nos cultures d’entreprise et expériences professionnelles regorgent d’anecdotes en tous genres et le sexe se retrouve présent dans nos organisations tant symboliquement que concrètement, s’insinuant toujours plus avant – de manière heureuse ou non – et brouillant chaque fois un peu plus la frontière qui peut exister entre l’acceptable et l’accepté, le professionnel et le privé. Dans ce sens, la femme a joué – et joue toujours – un rôle de catalyseur fantasmatique, sinon unique au moins central, qui tend à prendre aujourd’hui un nouveau visage…
IL ETAIT UNE FOIS…
Il était une fois une gentille femme qui attendait son courageux mari, bien sage, à la maison. Le foyer libre de toute souillure, les petits plats dans les grands, le sourire aux lèvres, elle accueillait les bras ouverts celui qu’on appelait – et qu’on appelle encore parfois par tradition – le chef de famille…
En ce temps, le travail était une affaire d’hommes, et l’endroit où l’on effectuait cette activité était libre, au moins en théorie, de toute connotation sexuelle. Les femmes et les rapports qu’elles pouvaient entretenir avec leur partenaire masculin étaient cantonnés à l’enceinte de leur domicile.
L’acte de séduction était socialement encadré et l’on n’y prenait part que lors d’événements spécifiques, à vocation séductrice. Les Pouvoirs en place étaient parvenus à définir, délimiter et encadrer l’exercice de la sexualité.
Contenue dans un carcan, elle s’était laissée dompter, enfermer dans une cage de civilisation – car elle était finalement perçue comme antagoniste de ce qui constituait l’humain du « Contrat social ». Il est loin ce temps-là où l’homme était roi et la femme sa servile servante.
Aujourd’hui la femme travaille et est reconnue pour cela. Elle a passé les portes de nos entreprises provoquant une réaction en chaîne que l’on a essayé, et que certains essaient toujours, de contrôler avec plus ou moins de succès.
Loin de moi l’idée de planter ici les graines d’un débat sur le travail féminin. Il est aujourd’hui admis que les femmes ont de tout temps cumulé une série de rôles qui, bien que n’étant pas reconnus comme du travail au sens professionnel du terme, les rendaient tout aussi admirables, sinon plus, que les hommes.
Et l’on sait sans l’ombre d’un doute que les femmes d’aujourd’hui sont potentiellement les égales des hommes – je dis « potentiellement » car la réalité cherche toujours à les écarter de cette égalité.
Ce conte – de fées ? – se poursuit aujourd’hui… Le chemin parcouru a été long depuis la guerre de 39-45 quand les femmes, pour la première fois, ont pris les rênes des entreprises de leurs maris partis à la guerre de manière officielle. La mixité s’est imposée comme une norme dans les sociétés occidentales, désacralisant les temples capitalistes, remplaçant les artefacts propres au masculin par des symboles nouveaux.
Gage d’équilibre, d’évolution et de réussite, le mélange des genres fait se côtoyer au quotidien « mâles et femelles » dans un ballet qui s’apparentera tantôt à une parade nuptiale, tantôt à un jeu du chat et de la souris.
Charmant accueil pour une première expérience professionnelle, surprenant sûrement pour beaucoup ! Et pourtant ces quelques mots – prononcés par une femme, qui plus est – sont monnaie courante dans nos entreprises ; et s’ils ne sont pas prononcés, tout du moins se conçoivent-ils, tel un paradigme organisationnel intégré, tant par les employés que par les employées.
Mais quoi de plus naturel en effet ? Les êtres humains semblent biologiquement condamnés à s’attirer mutuellement et la coexistence en un même lieu, au même moment, de personnes sexuées a généré ces dernières décennies un impact sociologique et sociétal réel, en particulier avec l’entrée massive des femmes sur le marché du travail dans les années 1970.
Il faut croire que le cadre artificiel de nos sociétés n’a pas su les exempter de leur sexualité malgré des tentatives de normalisation des rapports humains qui demeurent encore aujourd’hui profondément émotionnels. Il est donc tout naturel de retrouver encore dans nos bureaux les mots « sexe », « amour », « relations », « obsession »…
Nos cultures d’entreprise et expériences professionnelles regorgent d’anecdotes en tous genres et le sexe se retrouve présent dans nos organisations tant symboliquement que concrètement, s’insinuant toujours plus avant – de manière heureuse ou non – et brouillant chaque fois un peu plus la frontière qui peut exister entre l’acceptable et l’accepté, le professionnel et le privé. Dans ce sens, la femme a joué – et joue toujours – un rôle de catalyseur fantasmatique, sinon unique au moins central, qui tend à prendre aujourd’hui un nouveau visage…
IL ETAIT UNE FOIS…
Il était une fois une gentille femme qui attendait son courageux mari, bien sage, à la maison. Le foyer libre de toute souillure, les petits plats dans les grands, le sourire aux lèvres, elle accueillait les bras ouverts celui qu’on appelait – et qu’on appelle encore parfois par tradition – le chef de famille…
En ce temps, le travail était une affaire d’hommes, et l’endroit où l’on effectuait cette activité était libre, au moins en théorie, de toute connotation sexuelle. Les femmes et les rapports qu’elles pouvaient entretenir avec leur partenaire masculin étaient cantonnés à l’enceinte de leur domicile.
L’acte de séduction était socialement encadré et l’on n’y prenait part que lors d’événements spécifiques, à vocation séductrice. Les Pouvoirs en place étaient parvenus à définir, délimiter et encadrer l’exercice de la sexualité.
Contenue dans un carcan, elle s’était laissée dompter, enfermer dans une cage de civilisation – car elle était finalement perçue comme antagoniste de ce qui constituait l’humain du « Contrat social ». Il est loin ce temps-là où l’homme était roi et la femme sa servile servante.
Aujourd’hui la femme travaille et est reconnue pour cela. Elle a passé les portes de nos entreprises provoquant une réaction en chaîne que l’on a essayé, et que certains essaient toujours, de contrôler avec plus ou moins de succès.
Loin de moi l’idée de planter ici les graines d’un débat sur le travail féminin. Il est aujourd’hui admis que les femmes ont de tout temps cumulé une série de rôles qui, bien que n’étant pas reconnus comme du travail au sens professionnel du terme, les rendaient tout aussi admirables, sinon plus, que les hommes.
Et l’on sait sans l’ombre d’un doute que les femmes d’aujourd’hui sont potentiellement les égales des hommes – je dis « potentiellement » car la réalité cherche toujours à les écarter de cette égalité.
Ce conte – de fées ? – se poursuit aujourd’hui… Le chemin parcouru a été long depuis la guerre de 39-45 quand les femmes, pour la première fois, ont pris les rênes des entreprises de leurs maris partis à la guerre de manière officielle. La mixité s’est imposée comme une norme dans les sociétés occidentales, désacralisant les temples capitalistes, remplaçant les artefacts propres au masculin par des symboles nouveaux.
Gage d’équilibre, d’évolution et de réussite, le mélange des genres fait se côtoyer au quotidien « mâles et femelles » dans un ballet qui s’apparentera tantôt à une parade nuptiale, tantôt à un jeu du chat et de la souris.
SEXUALISATION DU LIEU DE TRAVAIL
« Le travail n’est pas que du travail, c'est aussi des gens qui vivent. » L’une des plus importantes composantes du travail demeure l’être humain, un être qui ne cesse pas d’être humain lorsqu’il quitte pour quelques heures sa vie privée et intègre son emploi, et tout cuirassé qu’il soit dans son costume/tailleur, il traîne avec lui le poids de sa condition.
Les artefacts qui constituent la culture des entreprises sont nombreux et semblent se multiplier, contribuant à rendre chaque fois plus floue la limite entre professionnel et personnel. La volonté d’intégrer le plus possible l’humain, de le faire se sentir bien pour lui donner envie de donner plus, a conduit à la mise en place d’événements conviviaux au sein même des édifices de labeur : les divers pots, fêtes de Noël et autres réunions informelles (baby showers, départs en retraites, etc.) plantent chaque fois le décor du rapprochement, de la sympathie… de la séduction, adjuvant éthylique fourni si besoin !
Et quand la direction pousse le « vice » jusqu’à organiser des séjours, séminaires, voyages entre collègues, les chambres d’hôtels font souvent naître des fantasmes qui réconcilient le sexe et le travail.
Mais l’exigence qui va de pair avec ces cadeaux que certains qualifient d’empoisonnés également participe à la sexualisation : comment refuser une réunion tardive appelée à s’éterniser lorsqu’on nous offre un cadre de travail agréable ? Et quoi de plus sensuel que de partager sa nuit avec quelques collègues ? Car cette barrière symbolique du jour et de la nuit est franchie !
En inculquant peut-être démagogiquement la culture du plaisir à ses salariés, l’entreprise ne fait donc que conforter une tendance contemporaine hédoniste qui tend à nous laisser répondre favorablement à nos instincts de plaisir.
La technologie aussi porte sa culpabilité. L’informatique et Internet sont aujourd’hui de grandes baies vitrées ouvertes sur le monde extérieur rendu ainsi plus accessible à tout moment. Les fonds d’écran et écrans de veille érotiques, voire pornographiques, se répandent, choquant certains, amusant d’autres. L’accès à des sites de charme également a connu une vague que les entreprises ont jugulée grâce au contrôle des connexions…
Mais comment peut-on encore croire à ce contrôle lorsqu’équipés de « smartphones », nous sommes capables en tout lieu et à tout moment de consulter de manière privée, dans un lieu public, toutes sortes de sites ?
La nature humaine se rattrape elle-même ! Les femmes interrogées dans le cadre de mes recherches sur cet article, si elles considèrent souvent que le sexe n’est pas une nécessité sur le lieu de travail, s’accordent à penser que l’endroit reste propice aux rencontres, à l’amour et au sexe, comme cette avocate qui a entretenu un rapport de séduction durant quelques mois avec son patron sans jamais passer à l’acte…
La société ne sait si intégrer ces nouveaux comportements en acceptant enfin notre caractère sexué/sexuel ou si les rejeter en légiférant toujours plus. De fait, l’évolution que nous connaissons aujourd’hui semble confirmer que l’« amour, le travail et la connaissance [étant] les sources de notre vie, ils doivent la gouverner ».
SEXE AU TRAVAIL
Le sexe au travail peut donc s’exercer à trois niveaux : au niveau symbolique d’abord, comme nous venons de le voir ; au niveau des fantasmes que chacun est libre d’entretenir ; au niveau physique enfin. Les fantasmes en entreprises ne manquent pas !
Il est difficile de déterminer s’ils ne servent qu’à égayer des journées difficiles, à nous sortir d’un quotidien que nous fuyons ou s’ils procèdent de désirs réels…
Mais les « légendes urbaines professionnelles » regorgent de ces histoires. Les relations de subordination hommes/femmes ont traditionnellement constitué les racines de fantasmes typiquement masculins dans lesquels la secrétaire entretient des relations avec son patron, l’ouvrière avec son contremaître.
Repris par les femmes, ces fantasmes sont ceux que hommes et femmes imaginent aujourd’hui dès que l’on aborde le thème de la sexualisation du lieu de travail. En se modernisant, ces fantasmes ont pris bien des formes : on peut citer la promotion canapé, l’obtention d’un poste en se montrant facile face à un recruteur…
Ces jeux de rôles intégrés comme des possibles de l’entreprise n’ont cependant qu’un impact relatif sur la sexualité des employés car ils ne se réalisent au fond que rarement, et contribuent plutôt à alimenter toujours les jeux de séduction au bureau même si les normes en place nous poussent à chaque fois à les recaler dans notre esprit, tant nous avons intégré que ce jeu est avant tout celui de l’interdit.
Le sexe au travail est pourtant une réalité également qui peut parfois alimenter la rumeur. Je me rappelle ce patron dont toute l’entreprise disait qu’il devait se masturber sept fois par jour et qui se soulageait dans les toilettes. Cette rumeur était en fait bien réelle et le principal intéressé ne s’en cachait pas !
Je ne peux qu’extrapoler sur la teneur des fantasmes qui le poussait à passer à l’acte sur son lieu de travail – une forme d’exhibitionnisme ? Une excitation démesurée face à ses collaboratrices ? Un besoin physiologique réel ? Un tel passage à l’acte reste une demi-mesure n’impliquant qu’une personne directement, et plaçant les autres dans le rôle de voyeurs passifs, obligés de subir à distance la sexualité d’un autre, mais la relation sexuelle entre deux personnes existe également.
Et quand la résultante est la grossesse non désirée d’une employée, c'est toute l’entreprise qui sursaute d’abord, puis vibre au rythme de l’excitation engendrée chez chacun de savoir que quelqu’un a osé franchir la barrière : interroger ses coéquipiers au milieu d’une réunion de travail afin de saisir tous les tenants et aboutissants d’une telle rumeur contribue aussi à cette sexualisation fantasmée qui trouve alors à se structurer sur des faits, du concret qui nous dit qu’une femme a cédé aux avances d’un homme, et se retrouve prise pour une victime.
Il est indéniable cependant que le statut des femmes a énormément évolué. Après avoir pris position dans le monde capitaliste, la femme en a monté les échelons, développant chaque fois plus son indépendance – financière notamment – en même temps que son émancipation tant à l’égard de ces hommes qui auraient aimé la garder en cage que des modèles mentaux qui la voulaient soumise à l’autorité d’autrui, et dépourvue de libre-arbitre.
« Le travail n’est pas que du travail, c'est aussi des gens qui vivent. » L’une des plus importantes composantes du travail demeure l’être humain, un être qui ne cesse pas d’être humain lorsqu’il quitte pour quelques heures sa vie privée et intègre son emploi, et tout cuirassé qu’il soit dans son costume/tailleur, il traîne avec lui le poids de sa condition.
Les artefacts qui constituent la culture des entreprises sont nombreux et semblent se multiplier, contribuant à rendre chaque fois plus floue la limite entre professionnel et personnel. La volonté d’intégrer le plus possible l’humain, de le faire se sentir bien pour lui donner envie de donner plus, a conduit à la mise en place d’événements conviviaux au sein même des édifices de labeur : les divers pots, fêtes de Noël et autres réunions informelles (baby showers, départs en retraites, etc.) plantent chaque fois le décor du rapprochement, de la sympathie… de la séduction, adjuvant éthylique fourni si besoin !
Et quand la direction pousse le « vice » jusqu’à organiser des séjours, séminaires, voyages entre collègues, les chambres d’hôtels font souvent naître des fantasmes qui réconcilient le sexe et le travail.
Mais l’exigence qui va de pair avec ces cadeaux que certains qualifient d’empoisonnés également participe à la sexualisation : comment refuser une réunion tardive appelée à s’éterniser lorsqu’on nous offre un cadre de travail agréable ? Et quoi de plus sensuel que de partager sa nuit avec quelques collègues ? Car cette barrière symbolique du jour et de la nuit est franchie !
En inculquant peut-être démagogiquement la culture du plaisir à ses salariés, l’entreprise ne fait donc que conforter une tendance contemporaine hédoniste qui tend à nous laisser répondre favorablement à nos instincts de plaisir.
La technologie aussi porte sa culpabilité. L’informatique et Internet sont aujourd’hui de grandes baies vitrées ouvertes sur le monde extérieur rendu ainsi plus accessible à tout moment. Les fonds d’écran et écrans de veille érotiques, voire pornographiques, se répandent, choquant certains, amusant d’autres. L’accès à des sites de charme également a connu une vague que les entreprises ont jugulée grâce au contrôle des connexions…
Mais comment peut-on encore croire à ce contrôle lorsqu’équipés de « smartphones », nous sommes capables en tout lieu et à tout moment de consulter de manière privée, dans un lieu public, toutes sortes de sites ?
La nature humaine se rattrape elle-même ! Les femmes interrogées dans le cadre de mes recherches sur cet article, si elles considèrent souvent que le sexe n’est pas une nécessité sur le lieu de travail, s’accordent à penser que l’endroit reste propice aux rencontres, à l’amour et au sexe, comme cette avocate qui a entretenu un rapport de séduction durant quelques mois avec son patron sans jamais passer à l’acte…
La société ne sait si intégrer ces nouveaux comportements en acceptant enfin notre caractère sexué/sexuel ou si les rejeter en légiférant toujours plus. De fait, l’évolution que nous connaissons aujourd’hui semble confirmer que l’« amour, le travail et la connaissance [étant] les sources de notre vie, ils doivent la gouverner ».
SEXE AU TRAVAIL
Le sexe au travail peut donc s’exercer à trois niveaux : au niveau symbolique d’abord, comme nous venons de le voir ; au niveau des fantasmes que chacun est libre d’entretenir ; au niveau physique enfin. Les fantasmes en entreprises ne manquent pas !
Il est difficile de déterminer s’ils ne servent qu’à égayer des journées difficiles, à nous sortir d’un quotidien que nous fuyons ou s’ils procèdent de désirs réels…
Mais les « légendes urbaines professionnelles » regorgent de ces histoires. Les relations de subordination hommes/femmes ont traditionnellement constitué les racines de fantasmes typiquement masculins dans lesquels la secrétaire entretient des relations avec son patron, l’ouvrière avec son contremaître.
Repris par les femmes, ces fantasmes sont ceux que hommes et femmes imaginent aujourd’hui dès que l’on aborde le thème de la sexualisation du lieu de travail. En se modernisant, ces fantasmes ont pris bien des formes : on peut citer la promotion canapé, l’obtention d’un poste en se montrant facile face à un recruteur…
Ces jeux de rôles intégrés comme des possibles de l’entreprise n’ont cependant qu’un impact relatif sur la sexualité des employés car ils ne se réalisent au fond que rarement, et contribuent plutôt à alimenter toujours les jeux de séduction au bureau même si les normes en place nous poussent à chaque fois à les recaler dans notre esprit, tant nous avons intégré que ce jeu est avant tout celui de l’interdit.
Le sexe au travail est pourtant une réalité également qui peut parfois alimenter la rumeur. Je me rappelle ce patron dont toute l’entreprise disait qu’il devait se masturber sept fois par jour et qui se soulageait dans les toilettes. Cette rumeur était en fait bien réelle et le principal intéressé ne s’en cachait pas !
Je ne peux qu’extrapoler sur la teneur des fantasmes qui le poussait à passer à l’acte sur son lieu de travail – une forme d’exhibitionnisme ? Une excitation démesurée face à ses collaboratrices ? Un besoin physiologique réel ? Un tel passage à l’acte reste une demi-mesure n’impliquant qu’une personne directement, et plaçant les autres dans le rôle de voyeurs passifs, obligés de subir à distance la sexualité d’un autre, mais la relation sexuelle entre deux personnes existe également.
Et quand la résultante est la grossesse non désirée d’une employée, c'est toute l’entreprise qui sursaute d’abord, puis vibre au rythme de l’excitation engendrée chez chacun de savoir que quelqu’un a osé franchir la barrière : interroger ses coéquipiers au milieu d’une réunion de travail afin de saisir tous les tenants et aboutissants d’une telle rumeur contribue aussi à cette sexualisation fantasmée qui trouve alors à se structurer sur des faits, du concret qui nous dit qu’une femme a cédé aux avances d’un homme, et se retrouve prise pour une victime.
Il est indéniable cependant que le statut des femmes a énormément évolué. Après avoir pris position dans le monde capitaliste, la femme en a monté les échelons, développant chaque fois plus son indépendance – financière notamment – en même temps que son émancipation tant à l’égard de ces hommes qui auraient aimé la garder en cage que des modèles mentaux qui la voulaient soumise à l’autorité d’autrui, et dépourvue de libre-arbitre.
FEMMES AU TRAVAIL
Si « femmes au travail » peut être synonyme de « sexualisation du lieu de travail », c’est aussi l’origine de ricochets sur la société civile.
Car le pouvoir acquis des femmes a provoqué l’apparition de nouveaux archétypes féminins que les femmes et/ou les hommes utilisent volontiers : la super maman qui cumule son activité professionnelle, sa famille, les tâches ménagères, etc. ; la carriériste dont la priorité est son travail et qui est prête à sacrifier tout le reste ; la mangeuse d’hommes que les hommes fantasment et redoutent… peut-être avec raison !
Car finalement la femme mangeuse d’hommes n’est pas celle que l’on imagine sexuelle et vénale, mais bien celle qui les vainc – les hommes – sur leur propre terrain : le travail !
Les femmes savent jouer des préjugés que de nombreux hommes entretiennent encore à leur égard. Je me rappelle avoir été frappé en entendant la dirigeante d’une société qui rentrait d’un rendez-vous, claironner : « J’ai fait la pute, cette bande de mecs me prenait pour une conne, et j’ai eu le contrat ! »
La sexualité économique serait donc une sexualité qui place la lutte de pouvoir au centre et dans laquelle la femme cherche à affirmer sa nouvelle position face aux hommes qui imaginent avec une facilité déconcertante que cette dernière tente de devenir « homme ».
Tout naturellement ce glissement imaginaire génère un déplacement des fantasmes et il ne faut qu’un pas pour que le « mythe du patron qui séduit sa secrétaire » devienne le « mythe de la boss » qui entretient des relations sexuelles avec ses assistants et subordonnés masculins.
Assez curieusement cependant, et malgré le pouvoir dont la femme est détentrice dans cette position, elle demeure l’objet du fantasme, et n’en est pas la propriétaire ; le « fantasme de la boss » est avant tout un fantasme d’homme qui replace cette femme puissante dans une position qui le rassure.
En ce sens, les quelques films qui traitent de ce nouveau fantasme se concluent systématiquement par la naissance de sentiments chez cette femme qui a abusé de sa position temporairement, et qui finalement cède à ses sentiments, sa « faiblesse ».
L’entrée des femmes dans le milieu du travail a provoqué un réarrangement des éléments structurants de nos sociétés.
Elle a d’abord bousculé le monde des entreprises, se répercutant plus tard sur le monde du privé. Chaque fois la femme a dû gagner sa place et imposer avec plus ou moins de difficultés ses nouvelles prétentions et prérogatives.
Ces changements nécessaires génèrent aujourd’hui une nouvelle construction identitaire tant au niveau personnel qu’au niveau de la société dans son intégralité, pour les femmes et les hommes qui doivent réapprendre à se connaître, réapprendre à se reconnaître dans des costumes et des lieux qui les font se comporter les uns vis-à-vis des autres de manière aseptisée sans que leur psyché n’accepte une telle stérilité. Ils trouvent à s’échapper par les fantasmes, parfois réalisés, qui laissent la nature reprendre ses droits sur l’artificiel et le superficiel.
Mais si cette petite révolution implique tant les hommes que les femmes, elle place ces dernières au centre de l’événement. Il ne s’agit pourtant pas de féminisme mais d’humanisme, de la réaffirmation d’un statut d’humain qui ne devrait pas mettre entre nous nos différences mais qui devrait plutôt les reconnaître comme sources de créativité.
Oui, la femme qui travaille, cette « nouvelle » femme est sexuée, sexuelle et consciente d’un pouvoir que les hommes parfois lui jalousent. Mais elle est avant tout porteuse de valeurs nouvelles, à même d’impacter profondément la relation qu’a l’homme avec elle et, par voie de conséquence, les sociétés humaines par un apport inédit et complémentaire.
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Si « femmes au travail » peut être synonyme de « sexualisation du lieu de travail », c’est aussi l’origine de ricochets sur la société civile.
Car le pouvoir acquis des femmes a provoqué l’apparition de nouveaux archétypes féminins que les femmes et/ou les hommes utilisent volontiers : la super maman qui cumule son activité professionnelle, sa famille, les tâches ménagères, etc. ; la carriériste dont la priorité est son travail et qui est prête à sacrifier tout le reste ; la mangeuse d’hommes que les hommes fantasment et redoutent… peut-être avec raison !
Car finalement la femme mangeuse d’hommes n’est pas celle que l’on imagine sexuelle et vénale, mais bien celle qui les vainc – les hommes – sur leur propre terrain : le travail !
Les femmes savent jouer des préjugés que de nombreux hommes entretiennent encore à leur égard. Je me rappelle avoir été frappé en entendant la dirigeante d’une société qui rentrait d’un rendez-vous, claironner : « J’ai fait la pute, cette bande de mecs me prenait pour une conne, et j’ai eu le contrat ! »
La sexualité économique serait donc une sexualité qui place la lutte de pouvoir au centre et dans laquelle la femme cherche à affirmer sa nouvelle position face aux hommes qui imaginent avec une facilité déconcertante que cette dernière tente de devenir « homme ».
Tout naturellement ce glissement imaginaire génère un déplacement des fantasmes et il ne faut qu’un pas pour que le « mythe du patron qui séduit sa secrétaire » devienne le « mythe de la boss » qui entretient des relations sexuelles avec ses assistants et subordonnés masculins.
Assez curieusement cependant, et malgré le pouvoir dont la femme est détentrice dans cette position, elle demeure l’objet du fantasme, et n’en est pas la propriétaire ; le « fantasme de la boss » est avant tout un fantasme d’homme qui replace cette femme puissante dans une position qui le rassure.
En ce sens, les quelques films qui traitent de ce nouveau fantasme se concluent systématiquement par la naissance de sentiments chez cette femme qui a abusé de sa position temporairement, et qui finalement cède à ses sentiments, sa « faiblesse ».
L’entrée des femmes dans le milieu du travail a provoqué un réarrangement des éléments structurants de nos sociétés.
Elle a d’abord bousculé le monde des entreprises, se répercutant plus tard sur le monde du privé. Chaque fois la femme a dû gagner sa place et imposer avec plus ou moins de difficultés ses nouvelles prétentions et prérogatives.
Ces changements nécessaires génèrent aujourd’hui une nouvelle construction identitaire tant au niveau personnel qu’au niveau de la société dans son intégralité, pour les femmes et les hommes qui doivent réapprendre à se connaître, réapprendre à se reconnaître dans des costumes et des lieux qui les font se comporter les uns vis-à-vis des autres de manière aseptisée sans que leur psyché n’accepte une telle stérilité. Ils trouvent à s’échapper par les fantasmes, parfois réalisés, qui laissent la nature reprendre ses droits sur l’artificiel et le superficiel.
Mais si cette petite révolution implique tant les hommes que les femmes, elle place ces dernières au centre de l’événement. Il ne s’agit pourtant pas de féminisme mais d’humanisme, de la réaffirmation d’un statut d’humain qui ne devrait pas mettre entre nous nos différences mais qui devrait plutôt les reconnaître comme sources de créativité.
Oui, la femme qui travaille, cette « nouvelle » femme est sexuée, sexuelle et consciente d’un pouvoir que les hommes parfois lui jalousent. Mais elle est avant tout porteuse de valeurs nouvelles, à même d’impacter profondément la relation qu’a l’homme avec elle et, par voie de conséquence, les sociétés humaines par un apport inédit et complémentaire.
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